Marguerite Bourgeoys , religieuse et sainte canadienne-française, a fondé la Congrégation de Notre-Dame de Montréal (décédée en 1700)
Le 17 avril 1620, naissait à Troyes, en Champagne, une femme qui allait marquer profondément l'histoire de la Nouvelle-France et de l'éducation : Marguerite Bourgeoys. Décédée le 12 janvier 1700, elle est aujourd'hui reconnue comme une figure emblématique, religieuse française et fondatrice de la Congrégation de Notre-Dame de Montréal, une institution dont l'héritage perdure jusqu'à nos jours.
Son parcours est singulier et audacieux pour son époque. Dès sa jeunesse à Troyes, Marguerite ne s'inscrit pas dans la voie monastique traditionnelle des couvents cloîtrés. Elle s'implique activement au sein d'une sodalité, une association de laïcs, où elle consacre son énergie et sa compassion à l'aide des plus démunis et des malades, œuvrant directement dans la communauté, au-delà des murs d'un couvent. Cette expérience formatrice a sans doute forgé sa vision d'une vie religieuse engagée au cœur du monde. Ses tentatives initiales d'intégrer des ordres monastiques échouent, ce qui, rétrospectivement, apparaît comme une providence, la préparant à une mission bien différente.
L'Appel de la Nouvelle-France et le Voyage Pionnier
C'est en 1653 que le destin de Marguerite Bourgeoys prend un tournant décisif. Elle est recrutée par Paul de Chomedey de Maisonneuve, le gouverneur de la jeune colonie de Montréal (alors appelée Fort Ville-Marie), qui cherchait une femme capable d'établir une école et d'éduquer les enfants de cette lointaine terre. La Nouvelle-France, et plus spécifiquement Ville-Marie, était à l'époque une avant-garde de la civilisation européenne, un lieu de grands défis et de vastes opportunités. Marguerite, répondant à cet appel, embarque pour un périlleux voyage transatlantique, arrivant à Fort Ville-Marie la même année.
Une Vision Éducative Révolutionnaire
Dès son arrivée dans la petite colonie, Marguerite Bourgeoys se met à l'œuvre avec une énergie remarquable. Elle n'y fonde pas un couvent traditionnel avec des religieuses cloîtrées, mais une communauté d'un genre nouveau : la Congrégation de Notre-Dame. Cette distinction est fondamentale : ses sœurs ne se retiraient pas du monde dans la contemplation, mais vivaient au milieu de la population, se déplaçant librement pour remplir leur mission éducative. C'était une approche révolutionnaire pour l'Église catholique de l'époque, qui voyait dans les sœurs non-cloîtrées une innovation audacieuse.
Son œuvre éducative était d'une inclusivité rare pour le XVIIe siècle. Elle s'est dédiée à l'enseignement des jeunes filles de la colonie, des enfants des familles modestes, et surtout, des enfants des Premières Nations, reconnaissant l'importance de l'éducation pour tous. Elle a mis en place les premières écoles laïques de la Nouvelle-France, jetant les bases d'un système éducatif qui allait perdurer. Elle a également contribué à la formation des jeunes femmes pour qu'elles puissent, à leur tour, devenir des éducatrices ou des mères de famille exemplaires, contribuant ainsi au développement social et spirituel de la colonie. Marguerite Bourgeoys a poursuivi son œuvre inlassablement, développant sa congrégation et ses écoles, jusqu'à peu de temps avant sa mort au début de 1700.
Héritage et Canonisation
L'importance de Marguerite Bourgeoys réside non seulement dans son rôle pionnier en éducation, mais aussi dans sa contribution à l'évolution de la vie religieuse féminine au sein de l'Église catholique. Elle a ouvert la voie à des formes de vie consacrée plus proches des réalités du monde, anticipant ainsi des développements ultérieurs de l'Église.
Sa sainteté a été officiellement reconnue par l'Église catholique en plusieurs étapes. Déclarée « vénérable » par le pape Pie IX en 1878, elle est ensuite béatifiée par le pape Pie XII en 1950. Enfin, elle est canonisée le 31 octobre 1982 par le pape Jean-Paul II, devenant ainsi la première femme sainte du Canada. Sa vie est un témoignage éclatant de foi, de persévérance et d'un amour inconditionnel pour l'éducation et le service des autres.
FAQ sur Sainte Marguerite Bourgeoys
- Qui était Marguerite Bourgeoys ?
- Marguerite Bourgeoys (1620-1700) était une religieuse française et la fondatrice de la Congrégation de Notre-Dame de Montréal. Elle est reconnue pour son rôle pionnier dans l'éducation en Nouvelle-France et pour avoir établi l'une des premières communautés religieuses non cloîtrées de l'Église catholique.
- Qu'est-ce que la Congrégation de Notre-Dame ?
- Fondée par Marguerite Bourgeoys, la Congrégation de Notre-Dame est une communauté religieuse de sœurs enseignantes, unique pour son temps car ses membres n'étaient pas cloîtrées. Elles vivaient au sein de la population pour mieux servir et éduquer les enfants et les jeunes femmes.
- Pourquoi est-elle considérée comme "non cloîtrée" ?
- Contrairement aux religieuses cloîtrées de l'époque qui vivaient isolées dans des monastères, les sœurs de la Congrégation de Notre-Dame étaient libres de se déplacer et d'œuvrer directement dans la société. Cette approche leur permettait d'atteindre un plus grand nombre d'élèves et de s'engager activement dans la vie de la colonie.
- Quel a été son rôle en Nouvelle-France ?
- Marguerite Bourgeoys a joué un rôle crucial dans le développement de l'éducation en Nouvelle-France. Elle a fondé les premières écoles à Fort Ville-Marie (Montréal) et a éduqué les jeunes filles, les pauvres et les enfants des Premières Nations, jetant les bases du système scolaire québécois.
- Quand a-t-elle été canonisée et par qui ?
- Marguerite Bourgeoys a été canonisée le 31 octobre 1982 par le pape Jean-Paul II, après avoir été déclarée vénérable en 1878 et béatifiée en 1950.
- Quelle est la signification de son titre de "Première femme sainte du Canada" ?
- Ce titre souligne son importance historique et spirituelle. Elle est la première femme née en France à avoir vécu en Nouvelle-France et à avoir été canonisée, symbolisant un jalon majeur pour l'Église catholique au Canada et pour l'identité canadienne.