Un sous-marin italien torpille et coule le croiseur grec Elli dans le port de Tinos en temps de paix, marquant la provocation italienne la plus grave avant le déclenchement de la guerre gréco-italienne en octobre.

Le Royaume d'Italie (en italien : Regno d'Italia) fut une entité étatique majeure de l'histoire européenne, dont l'existence s'étendit de 1861 à 1946. Sa fondation, issue du mouvement d'unification connu sous le nom de Risorgimento, marqua une étape décisive pour la péninsule italienne. C'est en mars 1861 que le roi Victor-Emmanuel II de Sardaigne, figure emblématique de la Maison de Savoie et dont le royaume peut être considéré comme le prédécesseur légal de l'Italie unifiée, fut proclamé Roi d'Italie, concrétisant ainsi des décennies d'efforts politiques et militaires pour l'unification. Cet État monarchique prit fin en 1946, à la suite d'un profond mécontentement civil et d'un référendum institutionnel historique qui vit les Italiens choisir d'abandonner la monarchie au profit d'une république, donnant ainsi naissance à la République italienne moderne que nous connaissons aujourd'hui.

Les premières décennies du Royaume d'Italie furent marquées par l'achèvement de son unité territoriale. En 1866, l'Italie, s'alliant à la Prusse lors de la guerre austro-prussienne, déclara la guerre à l'Autriche. Leur victoire commune permit à l'Italie de récupérer la région de la Vénétie, un territoire historiquement italien. Quatre ans plus tard, en 1870, les troupes italiennes franchirent les portes de Rome, annexant la ville et mettant fin à plus de mille ans de pouvoir temporel papal. Cet événement, connu sous le nom de "Prise de Rome", fit de la ville éternelle la capitale du jeune royaume et acheva l'unification territoriale de l'Italie.

Sur le plan international, l'Italie chercha à s'affirmer. En 1882, elle conclut la Triple Alliance avec l'Empire allemand et l'Empire austro-hongrois. Cette alliance stratégique résultait en grande partie de vifs désaccords avec la France concernant leurs ambitions coloniales respectives en Afrique. Toutefois, si les relations avec Berlin devinrent rapidement très cordiales, l'alliance avec Vienne demeura purement formelle et teintée de tensions. La raison principale résidait dans le désir ardent des Italiens d'acquérir le Trentin et Trieste, des territoires alors sous contrôle austro-hongrois mais fortement peuplés d'Italiens, connus sous le nom de "terres irrédentes".

Ces aspirations territoriales jouèrent un rôle crucial au début de la Première Guerre mondiale. Malgré son appartenance à la Triple Alliance, l'Italie se déclara initialement neutre. Cependant, elle fut courtisée par les deux camps. En 1915, l'Italie accepta finalement l'invitation britannique à rejoindre les puissances alliées (France, Royaume-Uni, Russie). La promesse de compensations territoriales substantielles aux dépens de l'Autriche-Hongrie, bien plus généreuse que l'offre de Vienne en échange de sa neutralité, fut un facteur déterminant. La victoire des Alliés dans le conflit permit à l'Italie d'obtenir un siège permanent au Conseil de la Société des Nations, marquant son entrée parmi les grandes puissances mondiales.

L'Italie Fasciste et la Seconde Guerre Mondiale

L'entre-deux-guerres fut une période de bouleversements politiques et sociaux en Italie, conduisant à l'émergence d'un régime autoritaire. L'ère de l'Italie fasciste désigne la période de gouvernement du Parti national fasciste, s'étendant de 1922 à 1943, avec Benito Mussolini à la tête du gouvernement en tant que Duce. Les fascistes mirent en place un régime totalitaire, écrasant toute opposition politique et intellectuelle par la force. Paradoxalement, ils promurent également une certaine modernisation économique, tout en insistant sur les valeurs sociales traditionnelles et en cherchant un rapprochement, réussi, avec l'Église catholique romaine avec les Accords du Latran en 1929.

L'historien R.J.B. Payne (1996) a analysé l'évolution de ce régime, distinguant plusieurs phases relativement distinctes :

L'Italie fasciste fut un membre dirigeant des puissances de l'Axe pendant la Seconde Guerre mondiale. Cependant, les revers militaires s'accumulèrent. En 1943, les défaites germano-italiennes sur plusieurs fronts, notamment en Afrique du Nord, et les débarquements alliés subséquents en Sicile, entraînèrent la chute du régime fasciste. Mussolini fut arrêté sur ordre du roi Victor-Emmanuel III. Le nouveau gouvernement italien signa un armistice avec les Alliés en septembre 1943, tentant de se désengager du conflit. En réaction, les forces allemandes occupèrent le nord et le centre de l'Italie, créant la République sociale italienne, un État fantoche collaborationniste toujours dirigé par Mussolini et ses loyalistes fascistes. Le pays sombra alors dans une guerre civile sanglante, opposant l'Armée italienne co-belligérante et le mouvement de résistance (la Resistenza) aux forces de la République sociale et à leurs alliés allemands. Peu de temps après la fin de la guerre et la libération du pays, le mécontentement populaire, exacerbé par des décennies de monarchie autoritaire puis de régime fasciste, mena au référendum institutionnel de 1946. Les Italiens décidèrent majoritairement d'abandonner la monarchie et de fonder la République italienne, l'État italien actuel.

La Guerre Italo-Grecque (1940-1941)

La guerre gréco-italienne, également connue sous les noms de guerre italo-grecque, campagne d'Italie en Grèce, ou simplement « guerre de '40 » en Grèce, fut un conflit local majeur qui se déroula entre les royaumes d'Italie et de Grèce du 28 octobre 1940 au 23 avril 1941. Elle marqua le début de la campagne des Balkans de la Seconde Guerre mondiale entre les puissances de l'Axe et les Alliés, s'élargissant par la suite en une véritable bataille de Grèce avec la participation britannique et allemande.

Le 10 juin 1940, l'Italie avait déclaré la guerre à la France et au Royaume-Uni. En septembre de la même année, les forces italiennes avaient déjà envahi des territoires tels que la France, le Somaliland britannique et l'Égypte. En parallèle, une campagne de presse hostile se développa en Italie contre la Grèce, l'accusant d'être un allié secret des Britanniques. Plusieurs provocations italiennes précédèrent le conflit ouvert, la plus notable étant le torpillage du croiseur léger grec Elli par un sous-marin italien le 15 août. Le 28 octobre 1940, Mussolini lança un ultimatum à la Grèce, exigeant la cession de territoire grec, ce que le Premier ministre grec d'alors, Ioannis Metaxas, rejeta fermement par un "Ohi!" (Non!).

L'Invasion Italienne et la Contre-Offensive Grecque

L'invasion de la Grèce par l'Italie, lancée avec les divisions de l'Armée royale italienne depuis l'Albanie sous contrôle italien, fut un fiasco retentissant. Elle fut caractérisée par un moral des troupes italiennes très bas et une planification déplorable. Les Italiens rencontrèrent une résistance étonnamment tenace de la part de l'Armée hellénique et durent faire face à un terrain montagneux et boueux particulièrement difficile à la frontière gréco-albanaise. Dès la mi-novembre, les Grecs avaient non seulement stoppé l'invasion italienne juste à l'intérieur de leur territoire, mais avaient aussi commencé à consolider leurs positions. Tandis que les bombardiers et avions de chasse britanniques frappaient les forces et bases italiennes, les Grecs achevèrent leur mobilisation et lancèrent une contre-attaque audacieuse avec le gros de leur armée. Ils réussirent à repousser les Italiens en Albanie, une avancée qui aboutit à la prise stratégique du col de Klisura en janvier 1941, quelques dizaines de kilomètres à l'intérieur de la frontière albanaise. Mark Mazower a décrit cette défaite de l'invasion italienne et la contre-offensive grecque de 1940 comme le « premier revers de l'Axe de toute la guerre », soulignant que les Grecs avaient « surpris tout le monde par la ténacité de leur résistance ».

Le front se stabilisa en février 1941. À ce stade, les Italiens avaient considérablement renforcé leurs effectifs sur le front albanais, alignant 28 divisions contre 14 divisions grecques (bien que les divisions grecques fussent généralement plus importantes en hommes). En mars, les Italiens tentèrent une nouvelle offensive, connue sous le nom d'« offensive de printemps », mais celle-ci se révéla également infructueuse. Les pertes étaient mutuellement coûteuses pour les deux camps, mais les Grecs, malgré leur bravoure, disposaient de capacités bien moindres que les Italiens pour reconstituer leurs pertes en hommes et en matériel. Ils manquaient dangereusement de munitions et d'autres fournitures essentielles et n'avaient pas la capacité de faire pivoter leurs troupes et leur équipement, contrairement aux Italiens. Les demandes d'aide matérielle des Grecs aux Britanniques n'atténuèrent que partiellement la situation précaire. En avril 1941, l'armée grecque ne possédait plus qu'un mois de munitions d'artillerie lourde et était incapable d'équiper et de mobiliser correctement la majeure partie de ses 200 000 à 300 000 hommes en forte réserve.

L'Intervention Allemande et la Chute de la Grèce

Adolf Hitler, inquiet de l'implication britannique croissante dans le conflit grec qui menaçait le flanc sud de l'Allemagne, décida d'intervenir. L'accumulation des forces allemandes dans les Balkans s'accéléra après l'adhésion de la Bulgarie à l'Axe le 1er mars 1941. Les forces terrestres britanniques commencèrent à arriver en Grèce dès le lendemain, renforçant la détermination de Hitler à venir en aide à son allié de l'Axe. Le 6 avril, les Allemands lancèrent leur invasion du nord de la Grèce, une opération connue sous le nom de « Opération Marita ».

Les Grecs avaient déployé la grande majorité de leurs troupes dans une impasse mutuellement coûteuse avec les Italiens sur le front albanais, ne laissant la ligne fortifiée Metaxas, pourtant stratégique, qu'avec un tiers de ses effectifs autorisés. Les forces grecques et britanniques dans le nord de la Grèce furent rapidement submergées par la supériorité numérique et technologique allemande. Les Allemands progressèrent à grande vitesse vers l'ouest et le sud du pays. En Albanie, l'armée grecque, menacée d'être coupée par l'avance allemande, entama une retraite tardive et difficile, suivie lentement par les forces italiennes. La Grèce capitula face aux troupes allemandes le 20 avril 1941, puis officiellement face aux Italiens le 23 avril 1941. Le pays fut ensuite occupé et divisé en zones contrôlées par les troupes bulgares, allemandes et italiennes.

Le coût humain de cette guerre fut considérable pour les deux camps. L'armée italienne subit 102 064 pertes au combat, dont 13 700 tués et 3 900 disparus, auxquels s'ajoutent cinquante mille malades. Les Grecs, quant à eux, déplorèrent plus de 90 000 pertes au combat, dont 14 000 tués et 5 000 disparus, ainsi qu'un nombre inconnu de malades.

Questions Fréquemment Posées (FAQ)

Qu'est-ce que le Risorgimento ?
Le Risorgimento, signifiant "Résurrection" ou "Renaissance" en italien, est le mouvement politique et social du XIXe siècle qui a conduit à l'unification des différents États de la péninsule italienne en un seul Royaume d'Italie.
Pourquoi l'Italie a-t-elle rejoint les Alliés durant la Première Guerre mondiale, malgré la Triple Alliance ?
Bien que membre de la Triple Alliance avec l'Allemagne et l'Autriche-Hongrie, l'Italie avait des revendications territoriales sur des régions autrichiennes peuplées d'Italiens (comme le Trentin et Trieste). Les Alliés ont promis à l'Italie des gains territoriaux bien plus importants en échange de son entrée en guerre à leurs côtés, ce qui a finalement convaincu le gouvernement italien de rompre avec ses anciens alliés et de rejoindre l'Entente en 1915.
Quelle est la différence fondamentale entre le Royaume d'Italie et la République italienne actuelle ?
La différence fondamentale réside dans leur forme de gouvernement. Le Royaume d'Italie était une monarchie constitutionnelle dirigée par la Maison de Savoie, tandis que la République italienne est un État démocratique doté d'un président élu comme chef d'État.
Qui était Benito Mussolini ?
Benito Mussolini fut le fondateur et le chef du Parti national fasciste, et le dictateur de l'Italie de 1922 à 1943. Il a établi un régime totalitaire, l'Italie fasciste, et a mené le pays dans la Seconde Guerre mondiale aux côtés de l'Allemagne nazie.
Pourquoi la guerre italo-grecque est-elle considérée comme un tournant ?
La guerre italo-grecque est souvent qualifiée de "premier revers de l'Axe de toute la guerre" car la résistance inattendue et la contre-offensive victorieuse de la Grèce ont mis en lumière les faiblesses militaires de l'Italie fasciste et ont forcé l'Allemagne à intervenir, retardant ainsi l'invasion de l'Union soviétique et modifiant le cours stratégique du conflit des Balkans.
Qu'est-il arrivé à Mussolini après la chute du régime fasciste en 1943 ?
En juillet 1943, suite aux défaites militaires et au débarquement allié en Sicile, Mussolini fut destitué et arrêté sur ordre du roi Victor-Emmanuel III. Il fut ensuite libéré par un commando allemand en septembre 1943 et placé à la tête de la République sociale italienne, un État fantoche sous contrôle nazi dans le nord de l'Italie, jusqu'à son exécution par des partisans en avril 1945.