George Abbot , archevêque et universitaire anglais (né en 1562)
George Abbot, né le 29 octobre 1562 et décédé le 4 août 1633, fut une figure ecclésiastique majeure de l'Angleterre jacobéenne et carolinaise. Théologien éminent et pasteur dévoué, son parcours l'a mené aux plus hautes sphères du clergé anglican, notamment en tant qu'Archevêque de Cantorbéry, primat de toute l'Angleterre, de 1611 jusqu'à sa mort en 1633. Son ère fut marquée par des tensions religieuses et politiques intenses, où les doctrines calvinistes et arminiennes s'affrontaient pour définir l'âme de l'Église d'Angleterre.
Son influence dépassait les frontières anglaises, puisqu'il exerça également la fonction de quatrième Chancelier du Trinity College de Dublin de 1612 à 1633, un rôle clé dans le développement intellectuel et religieux de l'Irlande protestante. Le Chambers Biographical Dictionary, tout en reconnaissant son intégrité, le décrit comme un « calviniste sincère mais étroit d'esprit », une caractérisation qui résume bien les défis et les controverses de sa carrière.
Les Premières Années et l'Ascension Académique
Né à Guildford, dans le Surrey, George Abbot était issu d'une famille d'une certaine notoriété intellectuelle et civique, bien que d'origines modestes. Il fit ses études à la Royal Grammar School de Guildford avant d'intégrer le Balliol College d'Oxford en 1579. Son intelligence et sa diligence le conduisirent à une brillante carrière universitaire. Il devint membre du Collège, puis Maître du University College en 1597, et enfin Vice-chancelier de l'Université d'Oxford en 1600. Son talent pour l'enseignement et son orthodoxie calviniste lui valurent rapidement une reconnaissance significative dans les cercles académiques.
L'Archevêque de Cantorbéry : Un Calviniste à la Tête de l'Église
La carrière ecclésiastique d'Abbot fut fulgurante. Après avoir été Doyen de Winchester en 1600, puis Évêque de Lichfield et Coventry en 1609, il fut rapidement transféré au siège épiscopal de Londres la même année. Sa loyauté envers le roi Jacques Ier, qu'il accompagna en Écosse, et son engagement calviniste, alors aligné avec la politique royale de l'époque, firent de lui un choix évident pour le poste le plus prestigieux de l'Église d'Angleterre. En 1611, il fut nommé Archevêque de Cantorbéry, une position qu'il occuperait pendant plus de deux décennies.
En tant qu'Archevêque, George Abbot fut un défenseur intransigeant de l'orthodoxie calviniste face aux courants arminiens montants, qui prônaient une théologie plus proche du catholicisme sur des points comme le libre arbitre et la grâce divine. Cette fermeté, perçue comme un "esprit étroit" par certains, reflétait une profonde conviction religieuse et une méfiance envers ce qu'il considérait comme des dérives papistes. Il défendit les droits des protestants et fut un participant actif, bien que par correspondance, au Synode de Dordrecht (Dort) en 1618-1619, qui condamna officiellement l'arminianisme. Ses relations avec la Couronne, particulièrement sous Charles Ier, devinrent plus tendues à mesure que les sympathies arminiennes prenaient de l'ampleur au sein de la cour et de l'épiscopat, notamment avec l'ascension de William Laud.
Une Contribution Durable : La Traduction de la Bible du Roi Jacques
L'une des contributions les plus significatives et durables de George Abbot fut son rôle de traducteur dans le projet monumental de la version King James (la Bible du Roi Jacques). Il fut membre du comité d'Oxford, responsable de la traduction des livres des Évangiles, des Actes des Apôtres et de l'Apocalypse. Ce travail, achevé en 1611, a non seulement façonné la langue anglaise mais a également eu un impact profond sur la spiritualité et la culture anglophones pendant des siècles. Son engagement dans cette entreprise témoigne de son érudition et de son profond respect pour les Écritures.
Une Famille d'Influence
La famille Abbot se distingua par son ascension sociale et intellectuelle. Parmi les cinq frères de George, deux en particulier laissèrent leur empreinte. Robert Abbot (1560-1617) suivit également une carrière ecclésiastique et devint le distingué Évêque de Salisbury, reconnu pour son érudition théologique. Maurice Abbot (1565-1642) embrassa une carrière politique et commerciale prospère, culminant avec sa nomination en tant que Lord-maire de Londres en 1638, illustrant la diversité des talents et l'influence de cette famille dans la société anglaise de l'époque.
Défis et Héritage
La carrière de George Abbot ne fut pas exempte de controverses. En 1621, un incident malheureux où il tua accidentellement un garde-chasse lors d'une partie de chasse dans le Hampshire, eut des répercussions significatives. Bien qu'il ait été absous et gracié par le roi, cet événement fut utilisé par ses adversaires pour tenter de le discréditer et de remettre en question son autorité spirituelle. Ses dernières années furent marquées par un déclin de son influence, notamment en raison de son opposition aux politiques ecclésiastiques de Charles Ier et de l'arminianisme croissant promu par William Laud, qui lui succéderait à Cantorbéry. Malgré cela, George Abbot reste une figure emblématique de la défense de la tradition réformée au sein de l'Église d'Angleterre, dont la persévérance doctrinale et les contributions culturelles, comme la Bible du Roi Jacques, perdurent encore aujourd'hui.
Questions Fréquemment Posées (FAQs)
- Qui était George Abbot ?
- George Abbot était un théologien et ecclésiastique anglais du XVIIe siècle qui a exercé les fonctions d'Archevêque de Cantorbéry, primat de l'Église d'Angleterre, de 1611 à 1633. Il était connu pour ses convictions calvinistes fermes.
- Quel a été son rôle le plus important ?
- Son rôle le plus important fut sans aucun doute celui d'Archevêque de Cantorbéry. C'était la plus haute fonction ecclésiastique en Angleterre, lui conférant une influence considérable sur la doctrine et la pratique religieuse du pays.
- Qu'est-ce que la description « calviniste sincère mais étroit d'esprit » signifie dans son contexte ?
- Cette description, tirée du Chambers Biographical Dictionary, fait référence à sa dévotion profonde aux principes du calvinisme, qu'il défendait avec conviction. L'aspect "étroit d'esprit" souligne son opposition sans compromis à d'autres courants théologiques, notamment l'arminianisme, qu'il considérait comme une menace pour la pureté de la foi réformée. Il était perçu comme inflexible dans ses positions doctrinales.
- Quelle a été son implication dans la création de la Bible du Roi Jacques ?
- George Abbot a été l'un des érudits choisis pour travailler sur la traduction de la version King James de la Bible. Il a spécifiquement contribué au comité d'Oxford, qui était responsable de la traduction des livres des Évangiles, des Actes des Apôtres et de l'Apocalypse. Sa participation a été essentielle à la réalisation de cette œuvre majeure.
- A-t-il été impliqué dans des controverses ?
- Oui, la controverse la plus notable fut l'accident de chasse en 1621, où il tua involontairement un garde-chasse. Bien qu'il ait été gracié, cet incident fut utilisé par ses adversaires politiques et religieux pour tenter de saper son autorité et sa légitimité en tant qu'archevêque.
- Quel a été son héritage ?
- L'héritage d'Abbot est complexe. Il est surtout rappelé comme un défenseur infatigable de l'orthodoxie calviniste au sein de l'Église d'Angleterre, à une époque où le calvinisme était remis en question par l'arminianisme. Sa contribution à la traduction de la Bible du Roi Jacques est également une part fondamentale de son héritage durable. Bien que son influence ait diminué vers la fin de sa vie, il a laissé une marque indélébile sur la théologie et la politique religieuse anglaise du XVIIe siècle.