Choekyi Gyaltsen, 10e Panchen Lama (décédé en 1989)

Le nom de Lobsang Trinley Lhündrub Chökyi Gyaltsen résonne avec une profonde signification dans l'histoire et la spiritualité tibétaines. Né sous le nom de Gönbo Cêdän le 19 février 1938 dans le comté de Xunhua, dans la province du Qinghai (région historique de l'Amdo au Tibet), il est devenu le dixième Panchen Lama. Il est également connu sous son titre officiel, le 10e Panchen Erdeni, une désignation chinoise (第十世班禅额尔德尼) qui se traduit littéralement par « Érudit le Trésor ». Cette figure éminente de l'école Gelug, l'une des principales lignées du bouddhisme tibétain, a joué un rôle crucial et souvent difficile dans une période de grands bouleversements pour le Tibet. Dans la tradition bouddhiste tibétaine, les Panchen Lamas sont vénérés comme des émanations vivantes du bouddha Amitabha, symbolisant la sagesse infinie et la compassion. Bien que son nom complet soit long et significatif, il était fréquemment désigné par une forme plus courte et familière : Choekyi Gyaltsen.

Le Rôle et la Reconnaissance du Panchen Lama

Le Panchen Lama est la deuxième plus haute autorité spirituelle du bouddhisme tibétain, juste après le Dalaï Lama. Historiquement, ces deux figures jouissent d'une relation unique et symbiotique, se reconnaissant mutuellement lors de leur réincarnation. Le Panchen Lama est traditionnellement le responsable de la reconnaissance du nouveau Dalaï Lama, et vice-versa, soulignant l'importance de leur lignée respective dans la préservation de la foi.

La reconnaissance de Lobsang Trinley Lhündrub Chökyi Gyaltsen en tant que 10e Panchen Lama fut un processus complexe et marqué par les tensions politiques de l'époque. Après la mort du 9e Panchen Lama en 1937, plusieurs candidats furent identifiés. Le jeune Gönbo Cêdän fut reconnu par le monastère de Tashi Lhunpo, le siège traditionnel des Panchen Lamas, ainsi que par le gouvernement nationaliste chinois du Kuomintang. Il fut intronisé à Kumbum en 1949, dans un contexte où la Chine cherchait à affirmer son influence sur le Tibet. Sa reconnaissance par le gouvernement tibétain, bien que plus tardive, fut essentielle pour la légitimité de sa lignée aux yeux de la communauté bouddhiste tibétaine.

Une Vie au Cœur des Turbulences

La vie du 10e Panchen Lama fut intrinsèquement liée aux défis majeurs auxquels le Tibet fut confronté au XXe siècle. Après l'annexion du Tibet par la République populaire de Chine dans les années 1950, il resta au Tibet et devint une figure centrale, naviguant entre la préservation de la culture et de la religion tibétaines et les pressions exercées par le gouvernement chinois. Contrairement au 14e Dalaï Lama, qui s'exila en Inde en 1959, le Panchen Lama choisit de rester, espérant pouvoir servir son peuple de l'intérieur.

Ses efforts pour protéger son peuple et sa culture sont illustrés de manière poignante par son « Rapport des 70 000 caractères » (ou « Pétition des 70 000 caractères »). Rédigé en 1962, ce document audacieux dénonçait la politique chinoise au Tibet, les famines généralisées, la destruction des monastères et la répression culturelle et religieuse. Ce rapport courageux lui valut une longue période d'emprisonnement et de rééducation forcée, de 1964 à 1977, durant la Révolution culturelle, une période particulièrement sombre pour le Tibet et la Chine. Malgré ces épreuves, il continua de plaider pour les droits et la liberté religieuse de son peuple après sa libération.

Héritage et Controverse sur sa Succession

Le 10e Panchen Lama est décédé subitement le 28 janvier 1989, à l'âge de 50 ans, dans le monastère de Tashi Lhunpo à Shigatse, peu de temps après avoir prononcé un discours critiquant la politique chinoise au Tibet mais aussi la direction de la rébellion de 1959. Son décès inattendu a suscité de nombreuses interrogations et a marqué la fin d'une ère pour les Tibérains et la diaspora.

Après sa mort, la question de sa succession est devenue un point de discorde majeur et persistant. En 1995, le 14e Dalaï Lama a reconnu Gedhun Choekyi Nyima comme la réincarnation du 10e Panchen Lama. Cependant, trois jours après cette annonce, l'enfant et sa famille ont disparu et n'ont pas été vus depuis, suscitant l'indignation internationale. Le gouvernement chinois a, pour sa part, désigné et intronisé Gyaincain Norbu comme le 11e Panchen Lama. Cette divergence dans la reconnaissance de la réincarnation a créé deux lignées de Panchen Lamas, l'une reconnue par le gouvernement tibétain en exil et la communauté internationale, et l'autre par les autorités chinoises, reflétant la profonde fracture politique et spirituelle autour du statut du Tibet.

Foire Aux Questions (FAQ)

Qu'est-ce qu'un Panchen Lama ?
Dans le bouddhisme tibétain, le Panchen Lama est la deuxième plus haute figure spirituelle de l'école Gelug, après le Dalaï Lama. Il est considéré comme l'émanation vivante du bouddha Amitabha, symbolisant la sagesse.
Quel était le rôle principal du 10e Panchen Lama ?
Le 10e Panchen Lama a joué un rôle crucial dans la tentative de préserver la culture et la religion tibétaines sous l'occupation chinoise. Il est particulièrement connu pour son audacieux « Rapport des 70 000 caractères » qui dénonçait les politiques chinoises au Tibet.
Quelle est la relation entre le Panchen Lama et le Dalaï Lama ?
Les Panchen Lamas et les Dalaï Lamas ont une relation historique de reconnaissance mutuelle. Traditionnellement, le Panchen Lama est responsable de la découverte et de la reconnaissance de la réincarnation du Dalaï Lama, et vice-versa.
Pourquoi le 10e Panchen Lama a-t-il été emprisonné ?
Il a été emprisonné par les autorités chinoises de 1964 à 1977 en raison de son « Rapport des 70 000 caractères », un document détaillé critiquant sévèrement les politiques chinoises et leurs conséquences désastreuses au Tibet.
Y a-t-il une controverse concernant la succession du 10e Panchen Lama ?
Oui, il existe une controverse majeure. Le 14e Dalaï Lama a reconnu Gedhun Choekyi Nyima en 1995, mais celui-ci a disparu peu après. Le gouvernement chinois a ensuite désigné son propre candidat, Gyaincain Norbu, créant ainsi deux prétendants au titre et une situation politiquement chargée.