Michael Gielen, chef d'orchestre et compositeur autrichien
Michael Andreas Gielen, dont la vie s'est étendue du 20 juillet 1927 au 8 mars 2019, fut une figure emblématique du paysage musical du XXe siècle, reconnu comme un chef d'orchestre et compositeur autrichien dont la contribution majeure résida dans la promotion et l'interprétation de la musique contemporaine, tant à l'opéra qu'au concert. Son approche se distinguait par une rare combinaison de précision chirurgicale et d'une vivacité entraînante, qualités essentielles qui lui permirent de naviguer avec brio dans les partitions souvent denses et exigeantes de la musique nouvelle, un domaine dans lequel il excella tout particulièrement.
Une Jeunesse Argentine et des Racines Viennoises
Élevé en Argentine, une partie de sa jeunesse qui lui conféra une perspective unique, Michael Gielen était issu d'un milieu familial profondément ancré dans les arts. Son père, Josef Gielen, était un metteur en scène renommé, et son oncle, Eduard Steuermann, fut un pianiste et compositeur étroitement lié à Arnold Schoenberg et à la Seconde École de Vienne. Cette immersion précoce dans un environnement stimulant, où la modernité artistique était explorée et débattue, forgea sans doute son goût pour l'innovation. De retour en Europe, c'est à Vienne qu'il fit ses premières armes professionnelles, une ville chargée d'histoire musicale où il commença à se bâtir une réputation. Il occupa ensuite le poste de Generalmusikdirektor (GMD) de l'Opéra royal de Suède, marquant le début d'une carrière internationale prolifique.
Un Maître de l'Avant-Garde et des Premières Mondiales
La marque de fabrique de Gielen fut son engagement inébranlable envers les œuvres de son temps. Il ne se contentait pas de les diriger ; il les défendait, les éclairait, les rendant intelligibles et passionnantes pour le public. Il fut ainsi le maître d'œuvre de premières mondiales d'une importance capitale, des événements qui ont marqué l'histoire de la musique. Parmi celles-ci, on compte le fascinant Requièm de György Ligeti, une œuvre chorale et orchestrale qui a redéfini le genre, le révolutionnaire Carré de Karlheinz Stockhausen, une composition spatiale pour quatre orchestres et quatre chœurs, ainsi que les opéras complexes et exigeants de Bernd Alois Zimmermann, notamment Die Soldaten, un chef-d'œuvre de l'opéra du XXe siècle, et son poétique Requiem für einen jungen Dichter. Sa capacité à démêler la complexité de ces partitions, à en faire ressortir la structure et l'émotion, le positionna comme un interprète incontournable de la musique moderne.
L'Ère de Francfort : Une Révolution Opératique
De 1977 à 1987, Michael Gielen a dirigé l'Opéra de Francfort, une période souvent décrite comme un âge d'or pour l'institution. Sous sa direction visionnaire, la compagnie est devenue l'un des principaux opéras d'Europe, non seulement par la qualité de ses productions, mais aussi par son audace programmatique. Gielen y a délibérément intégré un répertoire plus contemporain, bousculant les habitudes et attirant des metteurs en scène alors avant-gardistes tels que Hans Neuenfels et Ruth Berghaus, dont les approches théâtrales étaient aussi novatrices que les œuvres musicales. En parallèle, il a également eu le génie de faire revivre des opéras injustement oubliés, comme Die Gezeichneten de Franz Schreker, prouvant que sa passion pour la nouveauté ne l'empêchait pas de reconnaître la valeur d'œuvres négligées du passé.
Un Chef d'Orchestre sur les Scènes Internationales
Au-delà de son rôle transformateur à Francfort, Gielen a également occupé des postes de chef principal auprès de plusieurs orchestres de renommée internationale, consolidant sa réputation de musicien polyvalent et engagé. Il fut ainsi à la tête de l'Orchestre national de Belgique de 1969 à 1973, apportant son expertise à cette formation distinguée. Par la suite, il traversa l'Atlantique pour diriger l'Orchestre symphonique de Cincinnati de 1980 à 1986, introduisant un répertoire souvent audacieux auprès du public américain. Enfin, il marqua de son empreinte l'Orchestre symphonique de la radio du sud-ouest de l'Allemagne (SWR Sinfonieorchester Baden-Baden und Freiburg) de 1986 à 1999, un orchestre réputé pour son engagement en faveur de la musique contemporaine, où il put pleinement exprimer sa vision artistique.
Le Compositeur : Un Héritier de la Seconde École de Vienne
Moins connu du grand public mais tout aussi essentiel à sa carrière, Michael Gielen était également un compositeur. Son travail s'inscrivait dans la riche tradition de la Seconde École de Vienne, un courant musical associé à Arnold Schoenberg, Alban Berg et Anton Webern, qui prônait l'atonalité et le sérialisme comme voies d'expression. Gielen y a apporté sa propre voix, souvent en mettant en musique la littérature moderne, explorant ainsi des synergies entre texte et son. Ses œuvres ont été créées et interprétées par des musiciens de premier plan, tels que la chanteuse Joan Carroll, le violoncelliste Siegfried Palm, le pianiste Aloys Kontarsky et le célèbre Quatuor LaSalle, témoignant de leur pertinence et de leur qualité artistique.
Questions Fréquemment Posées (FAQs)
- Quelle était la principale contribution de Michael Gielen au monde de la musique ?
- Michael Gielen est principalement reconnu pour son rôle de fervent promoteur et interprète de la musique contemporaine, tant à l'opéra qu'au concert, grâce à sa capacité unique à en diriger les partitions complexes avec précision et vivacité, les rendant accessibles et captivantes pour le public.
- Quels opéras célèbres a-t-il créés en première mondiale ?
- Il a dirigé les premières mondiales d'œuvres majeures telles que le Requièm de György Ligeti, Carré de Karlheinz Stockhausen, et les opéras de Bernd Alois Zimmermann, notamment Die Soldaten et Requiem für einen jungen Dichter.
- Quel a été son impact sur l'Opéra de Francfort ?
- Sous sa direction de 1977 à 1987, l'Opéra de Francfort est devenu l'une des scènes lyriques les plus importantes d'Europe. Il y a introduit un répertoire résolument contemporain, invité des metteurs en scène novateurs et fait revivre des œuvres oubliées, transformant l'institution en un foyer d'expérimentation et d'excellence.
- Dirigeait-il uniquement la musique contemporaine ?
- Bien qu'il soit un ardent défenseur de la musique contemporaine, Michael Gielen n'a pas limité son répertoire à celle-ci. Son travail à Francfort, par exemple, a inclus la redécouverte d'opéras du passé, tels que Die Gezeichneten de Schreker, démontrant une appréciation pour un large éventail d'œuvres musicales.
- Comment peut-on décrire son style de compositeur ?
- En tant que compositeur, Michael Gielen travaillait dans la tradition de la Seconde École de Vienne (Schoenberg, Berg, Webern), explorant l'atonalité et le sérialisme. Il mettait fréquemment en musique des textes issus de la littérature moderne, fusionnant ainsi la parole et le son dans ses compositions.
- Où a-t-il passé son enfance ?
- Michael Gielen a passé son enfance en Argentine, un environnement familial riche en influences artistiques qui a grandement contribué à forger sa sensibilité et son ouverture à la musique avant-gardiste.