Les émeutes anti-tamouls de juillet noir commencent au Sri Lanka, tuant entre 400 et 3 000 personnes. Juillet noir est généralement considéré comme le début de la guerre civile sri-lankaise.

L'histoire du Sri Lanka est marquée par des tensions profondes et complexes entre ses deux principales communautés ethniques : les Cinghalais, majoritaires et souvent bouddhistes, et les Tamouls, minoritaires et majoritairement hindous. Ces frictions, exacerbées par des politiques post-indépendance perçues comme discriminatoires par la communauté tamoule, ont culminé en un conflit dévastateur. L'un des épisodes les plus sombres de cette histoire est sans conteste le « Juillet noir », un événement qui est non seulement gravé dans la mémoire collective, mais est également considéré comme le catalyseur de la longue et sanglante guerre civile sri-lankaise.

Juillet Noir : Le Point de Bascule de 1983

Le Juillet noir (en tamoul : கறுப்பு யூலை, romanisé : Kaṟuppu Yūlai ; en cinghalais : කළු ජූලිය, Kalu Juliya) désigne un pogrom anti-tamoul d'une violence inouïe qui a frappé le Sri Lanka en juillet 1983. Cet événement tragique est survenu dans un climat déjà tendu, déclenché par une embuscade perpétrée le 23 juillet par les Tigres de Libération de l'Eelam Tamoul (LTTE), un groupe militant tamoul, qui a coûté la vie à 13 soldats de l'armée sri-lankaise.

Bien que les premières orchestrations de cette violence aient été attribuées à des membres du parti au pouvoir, l'UNP, le pogrom a rapidement échappé à tout contrôle, dégénérant en une vague de violences de masse avec une participation publique significative. Dans la nuit du 24 juillet 1983, des émeutes anti-tamoules ont éclaté dans la capitale, Colombo, avant de se propager avec une rapidité effrayante à d'autres régions du pays.

Pendant sept jours, des foules majoritairement cinghalaises se sont livrées à des actes d'agression, d'incendie volontaire, de pillage et de meurtres ciblés contre des civils tamouls. Les scènes de destruction étaient généralisées et dévastatrices. Les estimations du nombre de morts varient tragiquement entre 400 et 3 000 personnes, tandis que pas moins de 150 000 individus se sont retrouvés sans abri. Le bilan matériel fut également colossal, avec la destruction d'environ 8 000 maisons et 5 000 commerces. Le coût économique direct de ces émeutes a été chiffré à environ 300 millions de dollars, un montant considérable pour l'époque.

La gravité de ces événements a été reconnue internationalement. En décembre 1983, l'ONG Commission Internationale de Juristes a même qualifié ce pogrom de génocide dans un rapport accablant. Les répercussions du Juillet noir ont été profondes et durables : des milliers de Tamouls sri-lankais ont fui leur pays natal pour chercher refuge à l'étranger, formant une diaspora importante. Parallèlement, un grand nombre de jeunes Tamouls, désespérés et en quête de justice, ont rejoint divers groupes militants, intensifiant le conflit. Le Juillet noir est ainsi généralement considéré comme le véritable début de la guerre civile sri-lankaise, transformant une série d'émeutes en une insurrection armée de longue haleine. Chaque mois de juillet est depuis devenu une période de commémoration solennelle pour la communauté de la diaspora tamoule sri-lankaise à travers le monde, un moment pour se souvenir des victimes et réaffirmer leur quête de justice et de reconnaissance.

La Guerre Civile Sri-Lankaise (1983-2009)

La guerre civile sri-lankaise (en cinghalais : ශ්‍රී ලංකා සිවිල් යුද්ධය ; en tamoul, romanisé : Ilakai unup pr) fut un conflit interne dévastateur qui a déchiré le pays de 1983 à 2009. Ce conflit, né des cendres du Juillet noir, a opposé le gouvernement sri-lankais et ses forces armées aux Tigres de Libération de l'Eelam Tamoul (LTTE), également connus sous le nom de Tigres Tamouls, dirigés par Velupillai Prabhakaran.

Origines et Causes Profondes du Conflit

Les racines de la guerre civile remontent bien avant 1983. Elles s'ancrent dans une histoire de discrimination continue et de persécution violente subie par les Tamouls sri-lankais de la part du gouvernement dominé par les Cinghalais. Après l'indépendance du Sri Lanka de l'Empire britannique en 1948, des politiques linguistiques et d'accès à l'emploi ont favorisé la majorité cinghalaise. Le cinghalais a été déclaré seule langue officielle peu après l'indépendance, une mesure perçue comme une marginalisation flagrante par la communauté tamoule.

Ces discriminations ont souvent pris la forme de pogroms anti-tamouls, notamment en 1956, 1958, 1977, 1981 et 1983. Un autre acte symbolique et profondément douloureux fut l'incendie de la bibliothèque publique de Jaffna en 1981, un haut lieu de la culture et du savoir tamoul. Ces violences étaient fréquemment perpétrées par des foules majoritairement cinghalaises, souvent avec un soutien tacite, voire explicite, de l'État. C'est dans ce contexte d'oppression et de marginalisation que le LTTE a émergé, luttant pour la création d'un État tamoul indépendant, appelé Tamil Eelam, dans le nord-est de l'île, qu'il considérait comme la patrie historique des Tamouls.

Le Cours du Conflit et sa Résolution

L'insurrection armée, bien qu'intermittente par moments, a duré plus de deux décennies. Elle a été caractérisée par des affrontements intenses, des tentatives de paix avortées et une militarisation croissante des deux camps. Après 26 ans de combats acharnés, les forces armées sri-lankaises sont parvenues à vaincre militairement les Tigres Tamouls en mai 2009, mettant ainsi un terme définitif à la guerre civile.

Bilan Humain et Conséquences

Le coût humain de ce conflit a été colossal. En 2007, on estimait déjà à 70 000 le nombre de personnes tuées. Immédiatement après la fin de la guerre, le 20 mai 2009, les Nations Unies ont avancé une estimation de 80 000 à 100 000 morts. En 2011, un rapport du Groupe d'experts du Secrétaire général des Nations Unies sur la responsabilité au Sri Lanka, se penchant sur la phase finale du conflit en 2009, a indiqué que « plusieurs sources crédibles ont estimé qu'il aurait pu y avoir jusqu'à 40 000 morts civiles », un chiffre qui a soulevé de vives préoccupations internationales.

Le gouvernement sri-lankais a, à plusieurs reprises, refusé l'ouverture d'une enquête internationale indépendante pour établir le bilan complet de la guerre et faire la lumière sur les allégations de violations. Certains rapports ont même affirmé que les forces gouvernementales auraient eu recours à la violation et à la torture de Tamouls impliqués dans la collecte de données sur les décès et les disparitions, entravant ainsi les efforts pour documenter l'étendue des pertes humaines.

Allégations de Crimes de Guerre et Violations des Droits Humains

La fin de la guerre civile n'a pas mis un terme aux controverses. Depuis 2009, l'État sri-lankais a fait l'objet de nombreuses critiques mondiales pour des violations des droits humains et des allégations de crimes de guerre. Celles-ci incluent le bombardement de cibles civiles, l'utilisation d'armes lourdes dans des zones densément peuplées, des enlèvements, des massacres de Tamouls sri-lankais et des violences sexuelles. Ces accusations ont conduit à des appels répétés de la communauté internationale pour une reddition de comptes.

De son côté, le LTTE s'est également rendu tristement célèbre pour avoir commis de nombreuses atrocités. Le groupe a mené des attaques contre des civils de toutes ethnies, en particulier des Cinghalais et des musulmans sri-lankais, a enrôlé des enfants soldats, assassiné des politiciens et des dissidents, et a eu recours à des attentats-suicides contre des cibles militaires, politiques et civiles. Les deux camps portent ainsi une lourde responsabilité dans les souffrances infligées à la population sri-lankaise.

Foire Aux Questions (FAQ)

Qu'est-ce que le Juillet noir ?
Le Juillet noir est le terme désignant un pogrom anti-tamoul violent qui a eu lieu au Sri Lanka en juillet 1983. Il est caractérisé par sept jours d'émeutes, d'attaques, de pillages et de meurtres ciblés contre des civils tamouls, principalement perpétrés par des foules cinghalaises.
Quel a été le déclencheur du Juillet noir ?
Le déclencheur immédiat a été une embuscade des Tigres de Libération de l'Eelam Tamoul (LTTE) le 23 juillet 1983, qui a entraîné la mort de 13 soldats de l'armée sri-lankaise.
Quel a été l'impact du Juillet noir ?
Le pogrom a causé la mort de centaines, voire de milliers, de Tamouls, a laissé 150 000 personnes sans abri et a entraîné la destruction de milliers de maisons et de commerces. Il est également considéré comme le catalyseur de la guerre civile sri-lankaise et est commémoré par la diaspora tamoule.
Comment le Juillet noir est-il lié à la guerre civile sri-lankaise ?
Le Juillet noir est généralement considéré comme le début de la guerre civile sri-lankaise, transformant les tensions ethniques en un conflit armé ouvert et prolongé entre le gouvernement et le LTTE.
Quelles étaient les principales causes de la guerre civile sri-lankaise ?
Les causes profondes incluent des décennies de discrimination politique, linguistique et économique contre les Tamouls par le gouvernement sri-lankais dominé par les Cinghalais, ainsi que des pogroms anti-tamouls récurrents et des violences étatiques.
Qui étaient les LTTE (Tigres Tamouls) ?
Les Tigres de Libération de l'Eelam Tamoul (LTTE) étaient un groupe militant tamoul dirigé par Velupillai Prabhakaran, qui luttait pour la création d'un État tamoul indépendant appelé Tamil Eelam dans le nord-est du Sri Lanka.
Quand la guerre civile sri-lankaise a-t-elle pris fin ?
La guerre civile s'est conclue en mai 2009, lorsque les forces armées sri-lankaises ont vaincu militairement le LTTE après 26 ans de conflit.
Quel a été le coût humain de la guerre civile ?
Les estimations varient, mais des dizaines de milliers de personnes ont été tuées. Les Nations Unies ont estimé le total entre 80 000 et 100 000 morts, et un rapport d'experts de l'ONU a suggéré jusqu'à 40 000 morts civiles dans la phase finale de la guerre en 2009.
Quelles sont les allégations de crimes de guerre contre le gouvernement sri-lankais et le LTTE ?
Le gouvernement sri-lankais est accusé de bombardements de civils, d'utilisation d'armes lourdes, d'enlèvements, de massacres et de violences sexuelles. Le LTTE est quant à lui accusé d'attaques contre des civils, d'utilisation d'enfants soldats, d'assassinats et d'attentats-suicides.