Le Tribunal militaire international pour l'Extrême-Orient commence à Tokyo avec vingt-huit responsables militaires et gouvernementaux japonais accusés de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité.

Le Tribunal militaire international pour l'Extrême-Orient (IMTFE), plus communément appelé le procès de Tokyo ou le tribunal des crimes de guerre de Tokyo, représente un jalon crucial dans l'histoire du droit international après la Seconde Guerre mondiale. Convoqué le 29 avril 1946, son objectif principal était de juger les principaux dirigeants de l'Empire du Japon pour des actes odieux commis avant et pendant le conflit mondial, des accusations allant des crimes contre la paix aux crimes de guerre conventionnels et aux crimes contre l'humanité.

Ce tribunal s'est inspiré de son homologue européen, le Tribunal militaire international (TMI) de Nuremberg, établi quelques mois plus tôt en Allemagne pour juger les hauts responsables du régime nazi. Sa mise en place dans la capitale japonaise faisait suite à la défaite et à l'occupation du Japon par les Alliés, sous l'autorité du général américain Douglas MacArthur, alors Commandant suprême des puissances alliées (SCAP). C'est lui qui a émis la proclamation spéciale instaurant l'IMTFE et une charte a été minutieusement élaborée pour définir sa composition, sa compétence et ses procédures, s'appuyant largement sur les définitions de crimes établies par la Charte de Nuremberg.

Une Justice Internationale aux Multiples Facettes

Le Tribunal des crimes de guerre de Tokyo incarnait une véritable entreprise internationale. Il réunissait des juges, des procureurs et du personnel issus de onze nations ayant activement combattu le Japon. Parmi ces pays figuraient l'Australie, le Canada, la Chine, la France, l'Inde, les Pays-Bas, la Nouvelle-Zélande, les Philippines, l'Union soviétique, le Royaume-Uni et les États-Unis. Cette diversité géographique et culturelle soulignait la volonté des Alliés de présenter un front uni contre les atrocités commises. La défense, quant à elle, était assurée par un mélange d'avocats japonais et américains, garantissant une représentation légale aux accusés dans un cadre juridique complexe.

Un Mandat Étendu et des Accusations Graves

Contrairement au procès de Nuremberg, qui se concentraient principalement sur la période du conflit armé, le procès de Tokyo a exercé une compétence temporelle plus large. Il a examiné les événements à partir de l'invasion japonaise de la Mandchourie en 1931, reconnaissant que les racines de la guerre et des crimes qui en ont découlé remontaient à cette période expansionniste. Au total, vingt-huit hauts dirigeants militaires et politiques japonais ont été déférés devant ce tribunal. Parmi eux figuraient d'anciens et actuels Premiers ministres, des ministres des Affaires étrangères et des commandants militaires de premier plan.

Ils ont été inculpés de cinquante-cinq chefs d'accusation distincts, englobant une gamme étendue de crimes. Ces accusations comprenaient notamment la planification et la conduite d'une guerre d'agression (crimes contre la paix), des meurtres, ainsi que divers crimes de guerre et crimes contre l'humanité. Ces derniers incluaient des actes de torture et de travail forcé infligés à des prisonniers de guerre, des internés civils et les populations des territoires occupés. Cependant, à l'issue de l'instruction, quarante-cinq de ces chefs d'accusation, y compris toutes les accusations de meurtre direct, ont été jugés redondants ou considérés comme non autorisés en vertu de la Charte spécifique de l'IMTFE, pour rationaliser le processus.

Déroulement, Verdicts et Héritage

Le procès de Tokyo s'est avéré être une entreprise longue et complexe, s'étendant sur plus de deux ans et demi. Lorsqu'il fut ajourné le 12 novembre 1948, son parcours avait été marqué par des rebondissements. Deux des accusés étaient décédés de causes naturelles durant le procès, et un autre fut jugé inapte à comparaître en raison de son état de santé. Parmi les accusés restants, tous furent reconnus coupables d'au moins un chef d'accusation. Les peines prononcées furent sévères : sept d'entre eux furent condamnés à mort et exécutés, tandis que seize autres écopèrent de peines de réclusion à perpétuité.

Il est important de noter que l'IMTFE ne fut pas le seul instrument de justice. Des milliers d'autres criminels de guerre "de rang inférieur" furent jugés par des tribunaux nationaux convoqués par les nations alliées à travers l'Asie et le Pacifique, la plupart de ces procès ayant pris fin en 1949. Ces multiples procédures, bien que moins médiatisées, complétèrent l'effort du Tribunal de Tokyo pour établir les responsabilités individuelles.

Bien que le procès de Tokyo ait duré plus de deux fois plus longtemps que son homologue plus célèbre de Nuremberg, et qu'il ait parfois été éclipsé dans la mémoire collective, son impact sur le développement du droit international fut tout aussi profond. Il a renforcé le principe de la responsabilité pénale individuelle pour les dirigeants politiques et militaires, indépendamment de leur position hiérarchique, et a contribué à la codification des crimes de guerre et des crimes contre l'humanité. Il faudra attendre les années 1990, avec la création des tribunaux pour l'ex-Yougoslavie et le Rwanda, pour voir l'établissement de tribunaux internationaux similaires pour les crimes de guerre, témoignant de l'héritage durable de Tokyo et Nuremberg.

Foire Aux Questions (FAQ)

Qu'est-ce que le Tribunal militaire international pour l'Extrême-Orient (IMTFE) ?
L'IMTFE, également connu sous le nom de procès de Tokyo, était un tribunal militaire international créé après la Seconde Guerre mondiale pour juger les principaux dirigeants de l'Empire du Japon pour des crimes de guerre, des crimes contre la paix et des crimes contre l'humanité commis avant et pendant le conflit.
Quand et par qui a-t-il été établi ?
Le tribunal a été convoqué le 29 avril 1946. Il a été établi par une proclamation spéciale du général américain Douglas MacArthur, Commandant suprême des puissances alliées (SCAP), après la défaite et l'occupation du Japon.
Quels types de crimes ont été jugés ?
Les crimes jugés étaient catégorisés comme des crimes contre la paix (comme la planification et la conduite d'une guerre d'agression), des crimes de guerre conventionnels (violations des lois et coutumes de la guerre) et des crimes contre l'humanité (tels que la torture et le travail forcé contre des prisonniers de guerre et des civils).
Combien de personnes ont été jugées et quels ont été les verdicts ?
Vingt-huit hauts dirigeants japonais ont été jugés par le tribunal. Deux sont décédés et un a été jugé inapte à comparaître. Parmi les accusés restants, tous ont été reconnus coupables d'au moins un chef d'accusation : sept ont été condamnés à mort et seize à la réclusion à perpétuité.
En quoi le procès de Tokyo différait-il de celui de Nuremberg ?
Bien qu'il ait été calqué sur le TMI de Nuremberg, le procès de Tokyo avait une compétence temporelle plus large, examinant les événements à partir de l'invasion de la Mandchourie en 1931. Il a également duré plus longtemps et a impliqué des juges et procureurs de onze nations, contre huit pour Nuremberg.
Quel a été l'impact ou l'héritage du procès de Tokyo ?
Le procès de Tokyo a eu un impact significatif sur le développement du droit international, renforçant le principe de la responsabilité pénale individuelle pour les dirigeants et contribuant à la codification des crimes internationaux. Il a établi un précédent important, même si d'autres tribunaux internationaux pour crimes de guerre n'ont été créés qu'à partir des années 1990.