Ishikawa Goemon, ninja et voleur du Japon (né en 1558)

Ishikawa Goemon (石川 五右衛門, 24 août 1558 – 8 octobre 1594) demeure l'une des figures les plus fascinantes et légendaires de l'histoire populaire japonaise. Ce hors-la-loi, souvent comparé au célèbre Robin des Bois occidental, est célébré pour ses exploits audacieux : il dérobait l'or et d'autres objets de valeur aux riches seigneurs féodaux et marchands opulents pour les redistribuer aux plus démunis, offrant un semblant de justice dans une époque souvent impitoyable. Son récit, teinté de tragédie, trouve son apogée et sa conclusion dramatique lors de la période Sengoku, une ère de guerres civiles incessantes et de profonds bouleversements sociaux.

Les origines et les exploits d'un justicier populaire

Bien que les détails précis de sa vie soient obscurcis par les brumes de la légende, Ishikawa Goemon est généralement dépeint comme un homme du peuple, ayant parfois des liens avec des familles de samouraïs déchus ou des écoles de ninja, bien que ces aspects soient souvent embellis. Ses activités de vol se déroulaient principalement dans la région de Kyoto, alors centre politique et culturel du Japon. Dans un pays déchiré par les conflits, où la richesse était concentrée entre les mains de quelques puissants daimyos et de l'aristocratie, Goemon est devenu un symbole d'espoir pour les paysans et les citadins opprimés. Ses raids nocturnes, toujours couronnés de succès selon la légende, le voyaient s'introduire dans les châteaux et les grandes demeures pour y dérober des trésors, qu'il disséminait ensuite parmi les pauvres, affirmant ainsi sa réputation de héros justicier.

La confrontation avec Toyotomi Hideyoshi et la chute de Goemon

Le destin d'Ishikawa Goemon bascula lorsqu'il osa s'attaquer au régime du puissant Toyotomi Hideyoshi, un des "trois unificateurs du Japon". La légende la plus répandue raconte qu'il tenta d'assassiner Hideyoshi, soit par vengeance pour un grief personnel, soit par conviction politique, cherchant à renverser un tyran perçu comme oppressif. L'une des versions les plus vivantes détaille son infiltration nocturne dans le château de Fushimi. Caché sous le plancher, il fut découvert par une clochette d'encens qui tintait, trahissant sa présence. Cette tentative audacieuse mais infructueuse conduisit à sa capture, marquant le début de sa fin tragique.

Une exécution spectaculaire et macabre : le Goemonburo

Pour dissuader quiconque de défier son autorité, Toyotomi Hideyoshi ordonna une exécution publique d'une cruauté inouïe. Le 8 octobre 1594, Ishikawa Goemon fut condamné à être bouilli vif dans une immense marmite en fer, sur une place publique de Kyoto, devant une foule horrifiée. La tragédie fut d'autant plus poignante que, selon la légende populaire, son jeune fils, Gobei, fut également jeté dans la marmite. Goemon, dans un acte de bravoure et d'amour paternel, réussit à tenir son fils au-dessus de sa tête aussi longtemps qu'il le put, le protégeant de l'eau bouillante jusqu'à son dernier souffle. Ce récit déchirant a cimenté son statut de martyr et de héros populaire. Cette méthode d'exécution est si emblématique qu'elle a donné son nom à un type de bain japonais traditionnel, le "Goemonburo" (Goemon bath), bien qu'aujourd'hui il fasse référence à un bain plus simple avec une plaque de métal au fond, chauffée par en dessous.

L'héritage éternel dans la culture populaire japonaise

Malgré les siècles écoulés, la figure d'Ishikawa Goemon continue de captiver l'imagination collective japonaise. Sa légende est immortalisée à travers diverses formes d'art et de divertissement, souvent embellie et dramatisée bien au-delà des faits historiques. Dans le théâtre Kabuki et les estampes Ukiyo-e, il est souvent représenté comme un personnage héroïque et flamboyant, doté de compétences acrobatiques et d'un sens aigu de la justice. La culture populaire contemporaine, notamment les mangas, les animes et les jeux vidéo, a amplifié ses talents, le transformant fréquemment en un ninja super-agile, maître du déguisement et de l'évasion, capable de prouesses extraordinaires. Ces représentations exagérées, bien que s'éloignant de la sobriété historique, soulignent la permanence de son mythe en tant que justicier rebelle et combattant pour les faibles, un archétype qui résonne toujours profondément.

FAQ sur Ishikawa Goemon

Ishikawa Goemon était-il une personne réelle ou un mythe?
Il est généralement admis qu'Ishikawa Goemon était une figure historique réelle, bien que la plupart des détails de sa vie et de ses exploits soient largement enjolivés par la légende. Il existe des documents historiques attestant de son exécution par Toyotomi Hideyoshi, mais le reste de son récit est principalement folklorique.
Pourquoi a-t-il été bouilli vif?
Goemon a été exécuté de cette manière atroce pour sa tentative d'assassinat ratée contre le puissant seigneur de guerre Toyotomi Hideyoshi. L'exécution publique et particulièrement cruelle était une démonstration de la puissance d'Hideyoshi et visait à dissuader toute future rébellion ou trahison.
Qu'est-ce que le "Goemonburo"?
Le "Goemonburo" (littéralement "bain de Goemon") est un terme qui fait référence à la marmite dans laquelle Goemon a été bouilli. Par extension, il désigne également un type de bain japonais traditionnel chauffé par en dessous, souvent avec un fond métallique qui, une fois immergé dans l'eau chaude, fait penser à l'image du chaudron.
Ses compétences de ninja sont-elles historiques?
Il n'existe aucune preuve historique solide qu'Ishikawa Goemon ait possédé des compétences de ninja telles qu'elles sont dépeintes dans la culture populaire. Sa légende le décrit comme un maître voleur et un expert en infiltration, ce qui peut avoir été interprété comme des compétences ninja au fil du temps. Les représentations contemporaines ont considérablement exagéré cet aspect.
Est-il vraiment un "Robin des Bois" japonais?
Oui, cette comparaison est très courante et pertinente. Comme Robin des Bois, Ishikawa Goemon est célébré pour avoir volé aux riches pour donner aux pauvres. Cette idée d'un justicier hors-la-loi est un thème universel, et Goemon incarne parfaitement cet archétype dans le contexte japonais.