Sir Anthony Babington , conspirateur catholique anglais (né en 1561)
Anthony Babington (1561-1586), un gentleman anglais dont le nom est indissociablement lié à l'une des conspirations les plus audacieuses et tragiques de l'Angleterre élisabéthaine, fut une figure centrale dont les convictions profondes le menèrent à une fin prématurée et brutale. Reconnu coupable d'avoir comploté l'assassinat de la reine Élisabeth Ire d'Angleterre et d'avoir conspiré avec l'emprisonnée Marie Stuart, reine d'Écosse, son action déclencha une chaîne d'événements qui allait sceller le destin de la reine écossaise.
Qui était Anthony Babington ?
Né le 24 octobre 1561, Anthony Babington était issu d'une lignée respectable de l'aristocratie terrienne anglaise, les Babington de Dethick, dans le Derbyshire. Éduqué dans la foi catholique, une religion dont la pratique était de plus en plus réprimée sous le règne protestant d'Élisabeth Ire, il grandit dans un milieu où la loyauté envers la Couronne était souvent en conflit avec les allégeances religieuses. Jeune homme charismatique et érudit, il fut page de la comtesse de Shrewsbury, Bess de Hardwick, une position qui lui permit un accès indirect à Marie Stuart, alors prisonnière sous la garde du mari de la comtesse, George Talbot, 6e comte de Shrewsbury. C'est durant cette période que Babington développa une admiration, voire une dévotion, pour la reine d'Écosse, perçue par beaucoup de catholiques comme la légitime héritière du trône d'Angleterre.
Le Contexte Politique et Religieux de l'Angleterre Élisabéthaine
L'Angleterre de la fin du XVIe siècle était un pays profondément divisé par les tensions religieuses et les intrigues politiques. Élisabeth Ire, une reine protestante, faisait face à des menaces constantes tant de l'intérieur de son royaume, avec une forte minorité catholique, que de l'extérieur, notamment de l'Espagne catholique de Philippe II. Marie Stuart, cousine d'Élisabeth et catholique fervente, était non seulement l'héritière présomptive du trône anglais selon la loi catholique, mais aussi le symbole vivant et l'espoir de tous ceux qui aspiraient à restaurer le catholicisme en Angleterre. Son emprisonnement prolongé – elle était captive depuis 1568 – n'avait pas éteint les flammes de la conspiration ; au contraire, il en avait fait un point focal pour de multiples tentatives de renversement.
Le Cœur de la Conspiration : Le Complot de Babington
Le complot qui porte son nom fut conçu avec un objectif audacieux : l'assassinat d'Élisabeth Ire, la libération de Marie Stuart de sa captivité, et l'établissement de Marie sur le trône d'Angleterre, ouvrant la voie à une restauration catholique. Babington n'était pas le cerveau initial de l'opération, mais plutôt un catalyseur crucial, recruté par des agents jésauites et des émigrés catholiques en Europe continentale. Il forma un groupe de six gentilshommes chargés d'exécuter l'assassinat de la reine. Cependant, à leur insu, l'ombre du maître espion d'Élisabeth, Sir Francis Walsingham, planait sur leurs machinations. Walsingham et son secrétaire, Thomas Phelippes, avaient mis en place un réseau d'espionnage sophistiqué qui interceptait et déchiffrait la correspondance secrète entre Marie Stuart et ses sympathisants, y compris Babington. Un système ingénieux utilisant des lettres cachées dans des barils de bière, introduits et sortis du château où Marie était détenue, était au cœur de cette communication clandestine, mais il était entièrement sous le contrôle de Walsingham.
L'Implication Fatale de Marie Stuart
Le point culminant de la stratégie de Walsingham fut d'inciter Marie Stuart à approuver directement l'assassinat d'Élisabeth. Babington, croyant communiquer en toute sécurité via le système de messagerie, envoya à Marie des détails sur le complot, y compris la proposition d'assassinat. La réponse de Marie, datée du 17 juillet 1586, et qui lui fut présentée par les services de Walsingham, contenait une approbation explicite de l'intégralité du plan, y compris le régicide. Bien que des doutes aient persisté sur l'étendue de sa connaissance de l'assassinat, ou si elle avait été piégée, cette lettre, habilement altérée par Phelippes pour s'assurer qu'elle incriminerait Marie sans équivoque, devint la preuve irréfutable et accablante utilisée contre elle.
La Chute et l'Exécution
La découverte de cette correspondance compromettante scella le destin non seulement de Babington et de ses co-conspirateurs, mais aussi celui de Marie Stuart. Babington fut arrêté en août 1586 après une tentative infructueuse de fuite. Son procès, ainsi que celui des autres comploteurs, fut rapide et sans appel. Reconnu coupable de haute trahison pour avoir comploté l'assassinat de la reine et conspiré avec son ennemie emprisonnée, il fut condamné à la mort. Le 20 septembre 1586, à l'âge de 24 ans, Anthony Babington fut exécuté à Londres, avec six de ses complices, selon la méthode barbare de l'époque pour les traîtres : pendu, traîné sur une claie et écartelé (hanged, drawn and quartered). Quelques jours plus tard, sept autres conspirateurs subirent le même sort, mettant un terme sanglant à la conspiration.
L'Héritage Tragique du Complot
Le complot de Babington n'est pas seulement l'histoire d'une conspiration déjouée ; il fut l'instrument politique direct qui permit à Élisabeth Ire et à son conseil d'accuser officiellement Marie Stuart de trahison. La preuve de son implication, la fameuse lettre, fut le pilier de l'acte d'accusation qui mena à son procès et, en fin de compte, à son exécution à Fotheringhay le 8 février 1587. Ainsi, la détermination de Babington à restaurer le catholicisme et à placer Marie sur le trône eut, paradoxalement, l'effet inverse, scellant le sort de la reine écossaise et consolidant le règne protestant d'Élisabeth pour les décennies à venir. Son nom reste un rappel sombre des périls et des passions qui ont marqué une époque tumultueuse de l'histoire anglaise, un exemple poignant des conséquences extrêmes des convictions politiques et religieuses.
Foire aux Questions (FAQ)
- Qui était Anthony Babington ?
- Anthony Babington (1561-1586) était un jeune gentleman catholique anglais issu d'une famille noble. Convaincu de la légitimité de Marie Stuart au trône d'Angleterre et fervent défenseur de la cause catholique, il fut le principal conspirateur d'un complot visant à assassiner la reine Élisabeth Ire et à libérer Marie.
- Quel était l'objectif du Complot de Babington ?
- L'objectif principal du complot était triple : assassiner la reine protestante Élisabeth Ire, libérer Marie Stuart de sa captivité et la placer sur le trône d'Angleterre pour restaurer le catholicisme dans le royaume.
- Qui était Marie Stuart (Mary, Queen of Scots) ?
- Marie Stuart (1542-1587) était la reine d'Écosse de 1542 à 1567, et brièvement reine consort de France. Cousine d'Élisabeth Ire, elle était catholique et, selon la lignée catholique, la légitime héritière du trône anglais. Son emprisonnement de près de vingt ans en Angleterre en fit le symbole et le point de ralliement de toutes les conspirations catholiques contre Élisabeth.
- Comment le complot a-t-il été découvert ?
- Le complot a été découvert grâce au réseau d'espionnage sophistiqué de Sir Francis Walsingham, le maître espion d'Élisabeth Ire. Toutes les communications entre Babington et Marie Stuart étaient interceptées, déchiffrées par Thomas Phelippes, et recopiées. Walsingham a habilement manipulé la correspondance pour inciter Marie à approuver explicitement l'assassinat d'Élisabeth, fournissant ainsi la preuve irréfutable de sa trahison.
- Quelles ont été les conséquences du complot pour Anthony Babington et Marie Stuart ?
- Anthony Babington et plusieurs de ses co-conspirateurs furent arrêtés, jugés pour haute trahison, et exécutés de manière brutale en septembre 1586. Pour Marie Stuart, son approbation de l'assassinat d'Élisabeth fut la preuve décisive qui permit à la Couronne de l'accuser de trahison. Elle fut jugée, condamnée à mort et exécutée le 8 février 1587, mettant fin à près de vingt ans de captivité et à la menace qu'elle représentait pour le règne d'Élisabeth.