Virgil Thomson, compositeur et critique américain (né en 1896)

Virgil Thomson, né le 25 novembre 1896 à Kansas City, Missouri, et décédé le 30 septembre 1989 à New York, fut une figure majeure et complexe de la scène musicale américaine du XXe siècle. Il s'est distingué à la fois comme un compositeur novateur et un critique musical influent, jouant un rôle déterminant dans la définition et la promotion d'une esthétique musicale spécifiquement américaine.

Un Pionnier du « Son Américain »

Thomson est largement reconnu pour sa contribution essentielle au développement de ce que l'on a appelé le « son américain » dans la musique classique. Loin des extravagances romantiques ou des complexités atonales européennes, il a cultivé une approche caractérisée par sa clarté, son économie de moyens et son ancrage dans des idiomes musicaux vernaculaires. Son inspiration puisait souvent dans les mélodies populaires, les hymnes protestants, le plain-chant et les rythmes du quotidien, créant une musique à la fois sophistiquée et accessible, directe et sans fioritures. Cette esthétique, parfois influencée par l'approche minimaliste et ironique d'Erik Satie, visait à démocratiser la musique classique en l'infusant d'éléments familiers et authentiquement américains. Ses collaborations marquantes avec l'écrivaine moderniste Gertrude Stein ont donné naissance à des opéras emblématiques tels que Four Saints in Three Acts (1934) et The Mother of Us All (1947), des œuvres où le texte est mis en valeur par une musique dépouillée et pleine d'esprit, incarnant parfaitement sa vision d'un idiome musical national.

Le Critique Musical Influential

Parallèlement à sa carrière de compositeur, Virgil Thomson s'est imposé comme l'un des critiques musicaux les plus respectés et les plus influents de son temps. De 1940 à 1954, il a occupé le poste de critique musical en chef au prestigieux New York Herald Tribune. Cette tribune lui a permis d'exercer une influence considérable sur le goût musical américain, défendant ardemment la musique contemporaine, encourageant les jeunes talents et, parfois, remettant en question les orthodoxies établies. Sa prose était réputée pour son intelligence, son humour acéré et sa capacité à articuler des jugements clairs et équilibrés, mais toujours empreints d'une forte personnalité. Il a contribué à forger un public plus éclairé et plus ouvert aux nouvelles expressions musicales.

Style Compositionnel et Évolution Émotionnelle

Le style de composition de Thomson a souvent défié toute classification simple, ce qui lui a valu d'être décrit de multiples façons : un moderniste pour son approche novatrice et sa volonté d'expérimentation, un néoclassique pour sa recherche de clarté formelle et de structure, et un néoromantique pour les touches de lyrisme et de mélodie qui ponctuaient son œuvre. Il fut notamment caractérisé comme un compositeur « d'un mélange olympien d'humanité et de détachement », une expression qui capture bien la distance émotionnelle et la réserve qui prévalaient dans une grande partie de sa musique. Sa « voix expressive a toujours été soigneusement assourdie », préférant une forme de neutralité affective, voire une ironie subtile, à une démonstration émotionnelle exubérante. Cette tendance à la retenue a été une constante tout au long de sa carrière, à une exception notable près : son opéra tardif, Lord Byron (créé en 1972). Contrairement à toutes ses œuvres précédentes, cet opéra a surpris par l'exhibition d'un contenu émotionnel d'une intensité inaccoutumée pour Thomson, s'élevant à des « moments de véritable passion ». Cette œuvre tardive a souvent été interprétée comme une exploration plus profonde et plus vulnérable de l'expression lyrique à un stade avancé de sa vie, offrant une perspective différente sur la palette émotionnelle de ce compositeur.

FAQ

Qu'est-ce que le « son américain » pour Virgil Thomson ?
Pour Thomson, le « son américain » était une esthétique musicale caractérisée par la clarté, la simplicité, l'économie de moyens, et l'intégration d'éléments tirés des musiques populaires, des hymnes religieux et des mélodies vernaculaires des États-Unis. Il visait une musique authentique, directe et accessible, en contraste avec les complexités européennes.
Quels sont les opéras les plus célèbres de Virgil Thomson ?
Ses opéras les plus célèbres sont Four Saints in Three Acts (1934) et The Mother of Us All (1947), tous deux basés sur des livrets de Gertrude Stein. Ces œuvres sont emblématiques de sa quête d'un idiome musical américain et de son approche novatrice de l'opéra.
Quel a été le rôle de Virgil Thomson en tant que critique musical ?
Virgil Thomson a été le critique musical en chef du New York Herald Tribune de 1940 à 1954. Son rôle était de façonner le goût musical américain, de défendre la musique contemporaine, de soutenir les jeunes compositeurs et de critiquer les conventions établies avec une prose incisive et spirituelle.
Pourquoi l'opéra Lord Byron est-il considéré comme unique dans l'œuvre de Thomson ?
Lord Byron (1972) est unique car il se distingue de la majeure partie de l'œuvre de Thomson par son contenu émotionnel particulièrement intense et passionné. Contrairement à sa tendance habituelle à la retenue affective et au détachement, cet opéra a révélé une facette plus lyrique et vulnérable du compositeur.
Quelle a été l'influence principale de Virgil Thomson ?
Son influence principale réside dans sa capacité à cristalliser un style musical distinctement américain, à démocratiser la musique classique en l'ancrant dans le quotidien et les traditions locales, et à ouvrir la voie à de nouvelles formes d'expression dans la musique du XXe siècle, tant par ses compositions que par sa critique.