Maurice Duplessis , avocat et homme politique canadien, 16e premier ministre du Québec (né en 1890)

Maurice Le Noblet Duplessis (prononciation française : [dyplɛsi] ; 20 avril 1890 - 7 septembre 1959) était un avocat et homme politique canadien-français qui a été le 16e premier ministre du Québec. Conservateur, nationaliste, anticommuniste, antisyndicaliste et fervent catholique, lui et son parti, l'Union nationale, ont dominé la politique provinciale des années 1930 aux années 1950.

Fils de Nérée Duplessis, avocate alors députée conservatrice à l'Assemblée législative (MLA), Maurice étudie le droit à Montréal et devient membre du Barreau du Québec en 1913. Il retourne ensuite dans sa ville natale pour pratique le droit, où il a fondé un cabinet de conseil prospère. Duplessis se présenta comme candidat conservateur aux élections de 1923 mais ne réussit à obtenir le siège de Trois-Rivières que quatre ans plus tard, qu'il conserva jusqu'à sa mort. Ses talents de rhétorique l'ont aidé à devenir le chef de l'opposition officielle à l'Assemblée législative en 1933 à la place de Camillien Houde.

En tant que chef de l'opposition, il a accepté de former une coalition avec l'Action libérale nationale (ALN) de Paul Gouin, une faction dissidente d'anciens députés libéraux, dont il est rapidement devenu le membre le plus en vue. La première tentative, en 1935, pour évincer Louis-Alexandre Taschereau, alors solidement au pouvoir depuis 15 ans, échoue. Duplessis, cependant, l'emporte de façon écrasante l'année suivante, lorsque l'ALN fusionne avec les conservateurs pour former l'Union nationale, que Duplessis dirigera jusqu'à sa mort. L'élection de 1936 a brisé la domination du Parti libéral du Québec qu'il a détenue sans interruption pendant près de 40 ans.

Le premier gouvernement de Maurice Duplessis a duré un peu plus de trois ans. C'est alors que Duplessis devient président du Barreau du Québec (bâtonnier), devenant la seule personne au Québec à être à la fois procureur général, premier ministre et président du Barreau. Il a été battu par le libéral Adélard Godbout aux élections de 1939, lorsque sa tentative de souligner l'opposition du Québec à la Seconde Guerre mondiale a échoué, mais la même opposition, telle qu'exprimée dans le plébiscite de conscription canadien de 1942 et la crise de la conscription qui a suivi, l'a ramené au pouvoir après l'élection de 1944. Son deuxième mandat en tant que premier ministre a duré quinze ans et s'est étendu sur quatre législatures. Il est le plus ancien premier ministre du Québec depuis la Confédération et le dernier à avoir servi consécutivement plus de dix ans. Son leadership ne fut interrompu que par sa mort en septembre 1959 en raison d'une hémorragie intracrânienne.

Duplessis était un partisan du libéralisme économique, entravant les efforts du gouvernement fédéral pour mener des politiques keynésiennes. Alors que son premier mandat a vu l'introduction de plusieurs politiques sociales clés (telles que le salaire minimum universel et les pensions de vieillesse), Duplessis a vu l'État-providence d'un œil défavorable, notamment en résistant aux appels à l'expansion des programmes sociaux dans la période d'après-guerre. Dans son deuxième mandat de premier ministre, il a présidé à une période de forte croissance économique, notamment en raison du développement de la Côte-Nord et des régions rurales. Duplessis a mis en place des politiques favorables aux entreprises, qui, selon ses opposants, ont conduit à un capitalisme sauvage et à une relation clientéliste avec les intérêts commerciaux. Le leader de l'Union nationale s'oppose également aux syndicats de plus en plus puissants et lutte contre le communisme en adoptant des lois telles que la loi sur le cadenas. Duplessis, sans être un souverainiste, revendique à plusieurs reprises l'autonomie provinciale. Il a également fortement protégé le rôle traditionnel de l'Église catholique dans la société québécoise, notamment dans les soins de santé et l'éducation, s'est engagé dans la persécution des Témoins de Jéhovah et a résisté aux tendances non conservatrices de la société. Ceci, combiné à son emprise autoritaire sur la province et à ce qui était largement considéré comme un modèle de société anachronique que Duplessis promouvait, a conduit ses détracteurs à qualifier cette période de Grande Noirceur. Si cette opinion est toujours présente, certains récits en bousculent la perception, apportant plus de nuances au portrait du duplessisme, dont l'héritage social et économique a été largement défait dans les années 1960 avec la Révolution tranquille.