Le Jeûne de Guédalia, connu en hébreu sous le nom de Tzom Gedaliah, est un jour de jeûne mineur observé par l'ensemble du peuple juif chaque année. Il se déroule le troisième jour du mois hébraïque de Tishrei, immédiatement après les festivités de Roch Hachana et juste avant le solennel Yom Kippour. Ce jeûne, contrairement à d'autres comme Yom Kippour ou Tisha Be'Av, est un "jeûne du lever au coucher du soleil" (tzom kal ou jeûne léger), ce qui signifie qu'il commence à l'aube naissante et se termine avec l'apparition des étoiles au crépuscule déclinant. Pendant cette période, l'alimentation et la boisson sont interdites, invitant à la réflexion et à l'introspection.
Pourquoi observons-nous le Jeûne de Guédalia ? L'histoire derrière la perte de souveraineté
Ce jeûne est profondément enraciné dans l'histoire tumultueuse du peuple juif, marquant l'une des périodes les plus sombres de son exil. Il commémore l'assassinat tragique de Gedaliah ben Ahikam, une figure clé qui représentait la dernière lueur d'espoir pour une autonomie juive en Terre d'Israël après la destruction du Premier Temple. Pour pleinement comprendre la portée de cet événement, il est essentiel de se replonger dans le contexte de l'époque :
- La Chute de Jérusalem et la Destruction du Premier Temple : En l'an 586 avant notre ère (ou 423 avant notre ère selon la chronologie traditionnelle juive), l'Empire babylonien, sous le règne de Nebuchadnezzar II, conquiert le Royaume de Juda. Jérusalem est rasée et le glorieux Premier Temple de Salomon est détruit, symbolisant la fin d'une ère de souveraineté et de centralisation du culte. La majorité de la population juive est exilée de force à Babylone, inaugurant l'Exil babylonien.
- L'espoir fragile de Gedaliah : Plutôt que de laisser la terre complètement déserte, Nebuchadnezzar nomme Gedaliah ben Ahikam comme gouverneur sur les quelques Juifs restés dans le pays, principalement des paysans et des pauvres. Gedaliah, un homme juste et sage, était le fils d'Ahikam, qui avait protégé le prophète Jérémie par le passé. Il représentait une chance de maintenir une forme d'existence juive sur la terre ancestrale, d'y cultiver la terre et d'y reconstruire une vie, même sous domination étrangère. Il encourageait les survivants à accepter la domination babylonienne et à chercher la paix.
- L'acte de trahison : Malheureusement, cette fragile stabilité fut brisée par un acte de trahison. Ishmael ben Nethaniah, un descendant de la lignée royale davidique, animé par la jalousie, le ressentiment et incité par Baalis, le roi d'Ammon, conspira contre Gedaliah. Malgré les avertissements du fidèle Yohanan ben Kareah, Gedaliah, confiant et magnanime, refusa de croire à la malveillance d'Ishmael. Le troisième jour de Tishrei, Ishmael et ses hommes assassinèrent Gedaliah et nombre de ses partisans, ainsi que des Babyloniens laissés sur place, à Mizpah, qui était le centre administratif de la nouvelle province.
Les Conséquences Dévastatrices de l'Assassinat de Gedaliah
L'assassinat de Gedaliah fut un coup fatal pour la communauté juive restante en Terre d'Israël et eut des répercussions sismiques qui résonnent encore dans l'histoire juive :
- Fin définitive de l'autonomie juive : Cet acte mit un terme définitif à toute velléité de souveraineté juive ou d'autonomie politique dans le pays pendant des décennies. La petite étincelle d'espoir que Gedaliah représentait fut éteinte.
- La fuite en Égypte : Craignant les représailles babyloniennes pour le meurtre de leur gouverneur et des Babyloniens, et ignorant les conseils du prophète Jérémie de rester en Judée, les Juifs restants (y compris Jérémie, contraint de les suivre) s'enfuirent en Égypte. Ce départ marqua la fin quasi-totale de la présence juive organisée en Judée pour une longue période, scellant ainsi l'exil de manière encore plus profonde.
- Un exil complet et irréversible : Si la destruction du Temple avait initié l'exil, l'assassinat de Gedaliah le rendit complet et, pour l'époque, irréversible. C'est pourquoi le jeûne de Guédalia est observé comme un jour de deuil national, symbolisant la perte totale de notre indépendance politique et la dispersion du peuple. Il est mentionné par les prophètes (Zacharie 7:5 et 8:19) comme "le jeûne du septième mois" (Tishrei étant le septième mois du calendrier biblique).
Comment est observé le Jeûne de Guédalia aujourd'hui ?
Le Jeûne de Guédalia est un jeûne "léger", ce qui signifie qu'il est moins strict que Yom Kippour ou Tisha Be'Av. Il est observé du lever du soleil à la tombée de la nuit. Les principales observances incluent :
- L'abstinence de nourriture et de boisson.
- Des prières spéciales sont ajoutées aux services synagogaux, notamment le Selichot (prières de pénitence) et l'Avinu Malkeinu (Notre Père, notre Roi).
- La lecture du passage biblique de Vayechal (Exode 32:11-14 et 34:1-10) et de la Haftarah du prophète Isaïe (55:6 – 56:8) lors de la prière de l'après-midi (Mincha).
Questions Fréquemment Posées (FAQ) sur le Jeûne de Guédalia
- Qu'est-ce que le Jeûne de Guédalia ?
- C'est un jeûne annuel de l'aube au crépuscule, observé par les Juifs le 3 Tishrei, en commémoration de l'assassinat de Gedaliah ben Ahikam, gouverneur de Juda après la destruction du Premier Temple, événement qui marqua la fin de la souveraineté juive.
- Quand le Jeûne de Guédalia est-il observé ?
- Il a lieu le 3ème jour du mois hébraïque de Tishrei. Si le 3 Tishrei tombe un Chabbat, le jeûne est reporté au dimanche suivant, le 4 Tishrei.
- Quelles sont les restrictions pendant ce jeûne ?
- Les principales restrictions sont l'abstinence de nourriture et de boisson du lever au coucher du soleil. D'autres activités interdites pendant Yom Kippour (comme le bain, l'application d'huiles, le port de chaussures en cuir, les relations conjugales) ne s'appliquent pas au Jeûne de Guédalia, qui est considéré comme un jeûne mineur.
- Pourquoi cet événement est-il si important dans l'histoire juive ?
- L'assassinat de Gedaliah a scellé le sort du peuple juif après la destruction du Premier Temple. Il a entraîné la fuite des derniers Juifs restés en Terre d'Israël vers l'Égypte, mettant fin à toute présence juive organisée et à toute forme d'autonomie politique dans le pays pour une longue période, rendant l'exil complet.