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Vendredi 13 et au-delà : dates malchanceuses et jours fastes

Au-delà du fameux vendredi 13, chaque culture possède ses propres dates jugées porte-malheur ou porte-bonheur. Ces croyances calendaires influencent des décisions très concrètes : choix d’une date de mariage, planification d’un voyage, lancement d’un produit ou organisation d’une cérémonie officielle. Voici un guide clair et comparatif des dates malchanceuses et des jours fastes à travers le monde, et comment les intégrer dans vos plans.

Pourquoi associe-t-on des dates à la chance ou à la malchance ?

Les superstitions calendaires naissent de plusieurs sources qui se superposent :

  • Symbolique des nombres (numérologie, traditions locales) : le 13, le 4, le 8, le 17, etc.
  • Phonétique et homophonies : en mandarin et en cantonais, le chiffre 4 (四, sì/sei) sonne comme « mort » (死), ce qui alimente la tétraphobie.
  • Histoire et religion : récits, calendriers liturgiques, jours de jeûne ou de deuil.
  • Expérience collective : accidents célèbres, événements marquants, traditions familiales.

Résultat : un même jour peut être vu comme propice ici et néfaste ailleurs. Comprendre ce contexte est essentiel pour éviter les faux pas culturels — et, parfois, pour optimiser la participation à un événement.

Tour du monde des dates « à éviter »… et de celles à privilégier

Occident francophone et anglo-saxon : le vendredi 13

En Europe et en Amérique du Nord, le vendredi 13 concentre l’essentiel des croyances malchanceuses. Ses racines sont multiples : association du vendredi à la Passion du Christ, table des 13 commensaux de la Cène, et divers récits populaires. Concrètement, des hôtels et compagnies aériennes contournent parfois le numéro 13 (chambres, rangées, vols), et des voyageurs préfèrent se déplacer un autre jour.

Espagne, Amérique latine et Grèce : mardi 13

Dans le monde hispanophone et en Grèce, c’est le mardi 13 qui porte malheur. Le mardi est traditionnellement associé au dieu de la guerre (Marte), donc aux malheurs et aux revers. En Espagne et en Amérique latine, on entend souvent « En martes, ni te cases ni te embarques » — ni mariage, ni embarquement. Attendez-vous à une demande plus faible pour des mariages ou des voyages ce jour-là dans ces régions.

Italie : vendredi 17

En Italie, la date honnie est souvent le vendredi 17. Pourquoi 17 ? En chiffres romains, XVII peut former l’anagramme de VIXI (« j’ai vécu »), expression associée à la mort. Certaines compagnies (y compris européennes) ont déjà évité le numéro 17 pour des rangées ou des vols. Le vendredi, déjà perçu comme peu favorable dans certaines traditions chrétiennes, renforce l’aura négative.

Asie de l’Est : 4/4 et la tétraphobie, 8/8 et l’euphorie

Dans le monde sinophone, japonais et coréen, le chiffre 4 est largement évité. Ainsi, le 4/4 (4 avril) peut être perçu comme particulièrement infortuné, et l’on contourne le 4 dans les numéros d’appartements, d’étages, ou de rangées en avion. À l’inverse, le 8 est synonyme de prospérité (sa prononciation évoque « richesse »), d’où l’engouement pour les mariages, ouvertures et lancements en 8/8. Le coup d’envoi des Jeux olympiques de Pékin a ainsi été donné le 08/08/08 à 20h08 — un clin d’œil assumé à la chance.

Japon : le calendrier rokuyō

Au Japon, au-delà du 4, beaucoup consultent le rokuyō, cycle traditionnel de six jours indiquant auspices et inauspices. Taian est le jour le plus favorable — très prisé pour les mariages — alors que Butsumetsu est évité. Cela a des effets concrets sur les prix : les salles de réception pratiquent souvent des tarifs plus élevés les jours de Taian et des remises les jours défavorables.

Inde et Asie du Sud : muhurat et périodes à éviter

Dans le sous-continent indien, le choix de la date repose souvent sur un muhurat (créneau propice) déterminé par l’astrologie védique. Les familles évitent certaines périodes, comme Rahu Kalam dans la journée, ou des cycles de deuil tels que Pitru Paksha pour les mariages. Des jours perçus comme particulièrement fastes — Akshaya Tritiya pour les achats, par exemple — entraînent des pics d’activité dans le commerce et la joaillerie.

Traditions juives : entre deuils et réjouissances

Dans le judaïsme, certains jours de deuil comme Tish’a BeAv (9 Av) sont inappropriés pour des mariages. À l’inverse, des périodes de joie ou de délivrance (par exemple autour de Lag BaOmer) voient fleurir les unions. Le calendrier hébraïque, luni-solaire, impose donc une vérification au cas par cas.

Monde musulman : nuances culturelles

Si l’islam orthodoxe décourage la superstition, des usages culturels persistent localement : certaines communautés évitent les mariages durant le mois de Mouharram (associé au recueillement), d’autres privilégient des jours jugés bénis. La préférence dépend souvent plus de coutumes régionales que d’un « chiffre » unique.

Effets concrets sur mariages, voyages, événements publics

Mariages et réservations

  • Japon : demande en forte hausse les jours de Taian, avec des tarifs plus élevés et des listes d’attente.
  • Grand Chine : affluence pour les dates à 8 (8/8, 18/8, 28/8), et réticence devant le 4/4. Des couples planifient l’enregistrement civil, la cérémonie et même la réception selon la numérologie.
  • Espagne/Grèce/AmLat : le mardi 13 est impopulaire pour les unions et fiançailles. Les prestataires proposent volontiers des remises pour remplir ce jour.
  • Italie : évitement du vendredi 17 pour les mariages ; des couples préfèrent le samedi ou une date perçue comme « neutre ».
  • Inde : les muhurat concentrent les mariages sur certaines journées, provoquant des pénuries de lieux, de traiteurs et de maquilleurs — mieux vaut réserver très tôt.

Conseil : si vous organisez un mariage interculturel, proposez 2–3 dates alternatives, vérifiez les calendriers religieux/locaux et anticipez les hausses de prix liées aux jours très demandés.

Voyages et tourisme

  • Aérien : plusieurs compagnies suppriment la rangée 13 dans leurs avions, et certaines asiatiques contournent aussi la rangée 4. Des voyageurs évitent de voler un vendredi 13 ou un mardi 13 selon la région.
  • Hôtellerie : nombreux hôtels sautent l’« étage 13 » (passant du 12 au 14). Dans les métropoles d’Asie de l’Est, on évite les chambres comprenant le chiffre 4 ; à l’inverse, les 8 sont prisées.
  • Itinéraires et excursions : les opérateurs très exposés aux marchés locaux ajustent parfois leur programmation (moins de départs un jour mal perçu, plus d’offres sur les dates « porte-bonheur »).

Anecdote connue : un vol finlandais numéroté AY666 à destination de HEL a longtemps fait sourire lorsqu’il décollait un vendredi 13 ; preuve que nombre d’acteurs jouent aussi avec ces codes pour communiquer.

Événements publics, campagnes et lancements

  • Cérémonies officielles : date choisie pour sa symbolique (par ex. 08/08/08 à Pékin) afin de maximiser l’adhésion populaire et l’impact médiatique.
  • Retail et e-commerce : certaines opérations s’appuient sur des dates « parlantes » (11/11 en Chine, 12/12 en Asie du Sud-Est), non pour la chance en soi mais pour la mémorisation et l’adhésion communautaire.
  • Ouvertures et inaugurations : coupes de ruban en dates à 8 dans le monde sinophone ; en Europe du Sud, évitement des « vendredis » pour des annonces sensibles.

Les jours fastes stimulent la participation et peuvent justifier un budget marketing renforcé ; les dates malchanceuses offrent à l’inverse une opportunité de négocier des tarifs ou d’obtenir plus de disponibilité — à condition d’assumer le signal culturel envoyé.

Comprendre les mécanismes : risque perçu vs risque réel

Les données d’accidents ou de pannes ne confirment pas de flambée systématique les jours « maudits ». La puissance des dates malchanceuses tient surtout à la perception et à la comportance qu’elles induisent : annulations, sous-réservation, nervosité, ou au contraire engouement lors des dates jugées fastes. Ce décalage crée des effets économiques tangibles (prix, disponibilité, taux de remplissage) que les organisateurs et les marques doivent anticiper.

Bonnes pratiques pour choisir une date inclusive et efficace

  • Cartographiez vos publics : nationalités, langues, religions et marchés visés.
  • Vérifiez les calendriers : jours fériés locaux, deuils religieux, cycles comme le rokuyō (Japon) ou les muhurat (Inde).
  • Évitez les « drapeaux rouges » évidents : vendredi 13 (Occident), mardi 13 (Espagne/Grèce/AmLat), vendredi 17 (Italie), 4/4 et dates à 4 (Asie de l’Est).
  • Proposez des alternatives : offrir 2–3 créneaux couvre la plupart des sensibilités sans allonger indéfiniment la décision.
  • Expliquez votre logique : en B2B comme en événementiel, une note simple (« Nous privilégions les dates respectueuses des marchés X et Y ») renforce la confiance.
  • Optimisez le budget : négociez les jours impopulaires si votre audience n’y est pas sensible ; investissez davantage en communication sur les jours très demandés.

Comparaisons rapides : que retenir selon la région ?

  • Europe/Amérique du Nord : éviter le vendredi 13 pour les sensibilités superstitieuses ; peu d’impact si vos publics sont rationnels ou internationaux.
  • Espagne/Grèce/AmLat : mardi 13 à proscrire pour les mariages et lancements sensibles.
  • Italie : attention au vendredi 17 dans la communication et le naming des offres.
  • Asie de l’Est : 4 à éviter (salles, étages, codes produits), 8 et dates répétées (8/8) à valoriser.
  • Japon : intégrer le rokuyō pour mariages et signatures importantes.
  • Inde : planifier tôt sur les créneaux de muhurat pour sécuriser les prestataires.

Conclusion

Les croyances autour des dates malchanceuses et des jours fastes ne sont pas des curiosités folkloriques sans effets. Elles façonnent des décisions collectives mesurables — de l’occupation hôtelière au remplissage des salles en passant par les tarifs et l’affluence. En intégrant ces paramètres dès la planification, vous réduisez les risques culturels, optimisez vos budgets et augmentez vos chances de succès, qu’il s’agisse d’un mariage, d’un lancement de produit ou d’un événement institutionnel.

FAQ

Le vendredi 13 est-il universellement considéré comme malchanceux ?

Non. Le vendredi 13 est surtout craint en Europe et en Amérique du Nord. En Espagne, en Amérique latine et en Grèce, c’est plutôt le mardi 13 ; en Italie, le vendredi 17 ; et en Asie de l’Est, le chiffre 4 et des dates comme le 4/4.

Pourquoi le 4 est-il évité en Chine et au Japon ?

À cause d’une homophonie : « quatre » se prononce de façon proche de « mort ». Cette tétraphobie explique l’absence du 4 dans des numéros de chambres, d’étages ou de sièges, et la prudence autour de dates comme le 4/4.

Les superstitions influencent-elles les prix des mariages ?

Oui. Au Japon, les jours Taian (très fastes) sont plus chers et réservés longtemps à l’avance. En Inde, les muhurat concentrent la demande, ce qui tend à faire grimper les tarifs et à raréfier les prestataires.

Dois-je éviter un voyage un vendredi 13 ?

Pas nécessairement. Le risque réel n’est pas plus élevé ce jour-là. Toutefois, si vos compagnons ou votre clientèle y sont sensibles, choisir une autre date peut éviter du stress et faciliter l’adhésion.

Quelles dates sont perçues comme porte-bonheur ?

En Asie de l’Est, les dates à 8 (8/8, 18/8) sont prisées. Au Japon, les jours Taian du rokuyō sont favorables. En Inde, certaines fêtes ou périodes comme Akshaya Tritiya sont recherchées pour les achats et parfois les événements.

Comment choisir une date inclusive pour un événement international ?

Identifiez les marchés clés, évitez les « drapeaux rouges » (vendredi 13, mardi 13, vendredi 17, 4/4), consultez les calendriers religieux, proposez plusieurs options et expliquez votre démarche. Cette méthode réduit les risques et fluidifie la décision.

Les entreprises utilisent-elles ces dates en marketing ?

Oui. Elles évitent des dates mal perçues pour des annonces sensibles, et capitalisent sur des jours mémorables ou jugés fastes (8/8, 11/11) pour maximiser l’attention, les ventes et la couverture médiatique.