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Jours ouvrés vs jours calendaires : règles cachées des délais

Résumé rapide — Les « jours ouvrés » ne sont pas les « jours calendaires » et leur définition varie selon les pays, les secteurs et parfois les villes. Comprendre qui compte quoi (week-ends, jours fériés, observances) évite des retards, des pénalités et des litiges. Ce guide pratique vous apprend à compter correctement, à intégrer des calendriers de jours fériés et à configurer des compteurs qui respectent les règles locales.

Pourquoi « jours ouvrés » vs « jours calendaires » change tout

Quand un contrat, un formulaire, une administration ou une billetterie annonce « réponse sous 5 jours ouvrés » ou « livraison en 3 jours ouvrés », la date d’échéance n’est pas la même que si l’on comptait en jours calendaires. Et la règle n’est pas uniforme dans le monde.

Définitions utiles

  • Jours calendaires : tous les jours du calendrier, week-ends et jours fériés inclus.
  • Jours ouvrés (sens courant en France) : jours où l’entreprise travaille habituellement, souvent du lundi au vendredi, hors jours fériés.
  • Jours ouvrables (spécificité francophone) : jours où l’on peut travailler par usage, souvent du lundi au samedi, hors jours fériés. Le samedi est donc ouvrable mais pas toujours ouvré.
  • Jours bancaires : jours où le système bancaire est ouvert et règle les paiements (peut diverger des jours ouvrés).
  • Jours de bourse / de marché : jours où les marchés financiers sont ouverts (calendriers et fermetures spécifiques).

La confusion la plus fréquente en France est de prendre « ouvrés » pour « ouvrables ». Dans de nombreux autres pays, on parle seulement de « business days » (jours ouvrés) sans distinguer le samedi.

Week-ends et variantes internationales

La plupart des pays observent un week-end samedi–dimanche, mais pas tous :

  • Vendredi–samedi : courant dans plusieurs pays du Moyen-Orient (ex. Arabie saoudite, Israël a un schéma de repos vendredi–samedi dans de nombreux secteurs).
  • Transitions récentes : certains pays ont basculé vers samedi–dimanche pour s’aligner sur les marchés mondiaux (ex. Émirats arabes unis avec une semaine de travail raccourcie le vendredi).
  • Pratiques sectorielles : la distribution peut ouvrir le samedi, les administrations non.

Résultat : un « délai de 5 jours ouvrés » n’aboutit pas à la même date selon que le week-end local inclut le vendredi ou le dimanche, ni selon la liste des jours fériés et des fêtes religieuses observées.

Règles de comptage des délais les plus courantes

1) Le point de départ est-il inclus ?

  • Exclusion du jour de départ (règle fréquente) : « sous 5 jours ouvrés à compter du mardi » mène au jour ouvré numéro 5 après mardi.
  • Inclusion du jour de départ : parfois utilisé en logistique (« expédié J+1 ouvré » inclut le jour d’expédition si réalisé avant l’heure limite).

2) Que faire si l’échéance tombe un jour non ouvré ?

  • Following (jour ouvré suivant) : on reporte à la prochaine journée ouvrée.
  • Preceding (jour ouvré précédent) : on anticipe à la journée ouvrée précédente.
  • Modified following : on reporte au jour ouvré suivant, sauf s’il change de mois (alors on revient au précédent). Très utilisé en finance.

3) Heures limites et fuseaux horaires

  • Une demande après 17:00 locale est souvent comptée comme reçue le jour ouvré suivant.
  • Pour les opérations internationales, la référence est généralement le fuseau de l’organisme qui reçoit (banque, tribunal, administration).

4) Jours fériés, observances et fermetures anticipées

  • Jours fériés nationaux et régionaux (États, provinces, Länder, cantons).
  • Observances lorsque un férié tombant le week-end est décalé au lundi (ou parfois au vendredi).
  • Fermetures partielles (ex. veille de fête, demi-journée). À clarifier selon le secteur.

Exemples concrets de calcul

Exemple A — France, 5 jours ouvrés, départ un lundi

Contexte : vous déposez un dossier le lundi avant 17:00, délai annoncé « sous 5 jours ouvrés », règle « following » en cas de non-ouvré, week-end samedi–dimanche, jours fériés exclus.

  • On exclut le lundi (jour de départ).
  • On compte mardi (1), mercredi (2), jeudi (3), vendredi (4), lundi suivant (5).
  • Si un jour férié tombe durant cette période (ex. jeudi), on le saute et on ajoute un jour ouvré supplémentaire.

Exemple B — Moyen-Orient, 3 jours ouvrés, week-end vendredi–samedi

Contexte : demande remise un mercredi, délai « 3 jours ouvrés », week-end vendredi–samedi.

  • On exclut le mercredi.
  • Jeudi (1), dimanche (2), lundi (3).
  • Si le jeudi est un férié observé, le comptage reprend le dimanche.

Exemple C — Règle « modified following »

Contexte : échéance de paiement le 31, mais c’est un dimanche. En « modified following » :

  • On essaie le jour ouvré suivant (lundi 1er),
  • mais s’il change de mois, on ramène au jour ouvré précédent (vendredi 29).

Où trouver des jours fériés fiables

Pour ne pas rater une observance, servez-vous de sources maintenues et automatisables :

  • Portails Open Data gouvernementaux : nombreux pays publient les jours fériés par année, parfois en ICS/CSV/JSON.
  • Calendriers publics (Google Calendar, Outlook, Apple Calendar) : abonnements « Jours fériés – [pays] » via un flux ICS.
  • Organismes sectoriels : banques centrales, autorités de marchés, tribunaux, postes, qui publient leurs propres calendriers.

Vérifiez toujours l’année et la région (certains fériés sont locaux), et si les fériés tombant le week-end sont observés le vendredi ou le lundi.

Utiliser des fichiers ICS et flux iCal

Les fichiers ICS (iCalendar) décrivent des événements datés, récurrences (RRULE), exceptions (EXDATE) et fuseaux horaires. Parfaits pour alimenter un calculateur de délais.

S’abonner dans un agenda

  • Google Calendar : Paramètres > Ajouter un agenda > Parmi les agendas intéressants > Jours fériés > Choisir le pays. Ou « À partir de l’URL » pour un lien ICS public.
  • Outlook : Fichier > Paramètres du compte > Abonnements Internet > Coller l’URL ICS.
  • Apple Calendar : Fichier > Nouvel abonnement à un calendrier > Coller l’URL ICS.

Pour les équipes produit et les développeurs

  • Parsez l’ICS : lisez DTSTART/DTEND, RRULE, EXDATE et le TZID.
  • Normalisez en dates locales (les jours fériés s’interprètent au fuseau local, pas en UTC).
  • Dédupliquez les événements (ex. un férié national et régional le même jour).
  • Cachez les données et planifiez des mises à jour (les calendriers peuvent être ajustés en cours d’année).

Construire un calculateur de jours ouvrés fiable

Étapes essentielles

  1. Définir la semaine de travail locale : samedi–dimanche, vendredi–samedi, ou personnalisé (ex. lun–sam).
  2. Charger les jours fériés : via ICS/API pour l’année en cours et la suivante.
  3. Fixer la règle de comptage : inclure/exclure le jour de départ, following/preceding/modified following, fin de mois.
  4. Appliquer l’heure limite et le fuseau : demandes tardives passent au jour suivant.
  5. Calculer : avancer d’un jour en sautant week-ends et fériés, jusqu’à atteindre N jours ouvrés.
  6. Régler l’échéance finale : si elle tombe non ouvrée, appliquer la règle de report choisie.

Pseudo-algorithme (en clair)

  • Entrées : date_heure_depart, N, semaine_travail, liste_feries, inclure_depart, regle_report, heure_limite, fuseau.
  • Si heure(depart) > heure_limite, date_depart := prochain jour ouvré.
  • Si inclure_depart = non, commencez à compter le prochain jour ouvré.
  • Tant que compteur < N : avancez d’un jour; si jour ∈ semaine_travail ET jour ∉ fériés, compteur++.
  • Si date_finale non ouvrée : appliquer regle_report (following/preceding/modified).

Comptes à rebours et notifications qui respectent les fériés

Un « J- » classique peut être trompeur s’il ignore les jours non ouvrés. Pour un compte à rebours robuste :

  • Affichez l’échéance calculée en jours ouvrés et la date/heure locale.
  • Précisez la règle (ex. « suivant si non ouvré ») et la zone géographique.
  • Proposez une bascule « montrer les jours calendaires » vs « jours ouvrés ».
  • Envoyez des alertes en amont (J-2 ouvrés, J-1 ouvré) selon le fuseau de l’utilisateur.

Pièges fréquents et comment les éviter

  • Confondre ouvrés et ouvrables : clarifiez par écrit ce que signifie « jour ouvré » dans le contrat.
  • Oublier un férié local : chargez des calendriers régionaux (États, provinces, cantons).
  • Ignorer les observances : si un férié tombe le week-end, vérifiez le report officiel.
  • Supprimer le vendredi à tort : dans des pays vendredi–samedi, le dimanche est ouvré.
  • Omettre l’heure limite : une soumission tardive bascule souvent au lendemain ouvré.
  • Transactions transfrontières : utilisez le calendrier du destinataire (banque, tribunal) pour fixer l’échéance.

Mini-checklist avant de communiquer une échéance

  • Quel est le pays/région et la semaine de travail applicable ?
  • Quelle liste de fériés (avec observances) est choisie ?
  • Jour de départ inclus ou exclu ?
  • Règle si non ouvré : following, preceding ou modified following ?
  • Y a-t-il une heure limite et un fuseau horaire explicites ?

FAQ

Quelle est la différence entre jours ouvrés et jours ouvrables ?

En France, les jours ouvrés sont les jours où l’on travaille effectivement (souvent lun–ven) hors fériés. Les jours ouvrables incluent en plus le samedi (lun–sam), hors fériés. Beaucoup de contrats utilisent « ouvrés », mais vérifiez toujours la définition écrite.

Le samedi compte-t-il comme jour ouvré ?

Souvent non en France (bureau, administration). Mais certaines entreprises considèrent le samedi comme ouvré. À l’international, tout dépend des usages locaux. Si ce point n’est pas clair, exigez une définition dans le contrat ou la politique de service.

Comment compter 10 jours ouvrés à partir d’une date donnée ?

Déterminez d’abord la semaine de travail et la liste des fériés. Excluez le jour de départ (sauf mention contraire), puis avancez jour par jour en sautant week-ends et fériés jusqu’à atteindre 10 journées ouvrées. Si la date finale tombe non ouvrée, appliquez la règle de report (souvent « suivant »).

Que se passe-t-il si l’échéance tombe un jour férié ou un week-end ?

Sans précision, on reporte généralement au prochain jour ouvré (règle « following »). En finance, la règle « modified following » peut s’appliquer (éviter de changer de mois). Lisez les CGV/CGU ou le contrat pour connaître la règle exacte.

Où trouver un calendrier fiable des jours fériés ?

Consultez les portails Open Data gouvernementaux et abonnez-vous aux calendriers publics (Google/Outlook/Apple) via un flux ICS pour votre pays et, si nécessaire, votre région. Mettez à jour chaque année et surveillez les annonces officielles de changements.

Les jours bancaires sont-ils différents des jours ouvrés ?

Oui, un « jour bancaire » désigne un jour où le système bancaire est ouvert et traite les paiements. Selon les pays, il peut y avoir des jours ouvrés sans compensation bancaire (et inversement). Pour les virements, fiez-vous au calendrier de la banque.

Comment gérer des délais entre deux pays ?

Utilisez le calendrier du destinataire (administration, banque, tribunal) et son fuseau horaire. Si un contrat implique deux juridictions, définissez clairement la loi applicable, la règle de report et les jours fériés de référence.