Jacques Le Goff, né le 1er janvier 1924 et décédé le 1er avril 2014, fut une figure emblématique de l'historiographie française du XXe siècle. Historien de renom et auteur prolifique, il a consacré l'essentiel de ses recherches au Moyen Âge, avec une prédilection particulière pour les XIIe et XIIIe siècles, des périodes charnières qui ont façonné l'Occident médiéval. Son œuvre a profondément renouvelé notre compréhension de cette époque, allant bien au-delà des récits traditionnels centrés sur les rois et les batailles.
Un Pionnier de l'Historiographie Médiévale
Le Goff n'était pas un médiéviste comme les autres. Il a cherché à explorer les profondeurs du passé, s'intéressant aux mentalités, aux structures sociales, à la vie quotidienne et à l'imaginaire collectif des hommes et des femmes du Moyen Âge. Sa curiosité insatiable et sa capacité à interroger des sources variées lui ont permis de brosser un tableau riche et nuancé de cette période souvent caricaturée. Par son travail, il a contribué à démystifier le concept de « siècles obscurs », révélant la vitalité et la complexité d'une civilisation en pleine effervescence.
L'École des Annales et la Révolution Historiographique
Le parcours intellectuel de Jacques Le Goff est indissociable du mouvement de l'École des Annales, dont il fut un ardent défenseur et l'un des plus illustres représentants de la « troisième génération ». Cette école, fondée par Marc Bloch et Lucien Febvre, a révolutionné la recherche historique en s'opposant à l'histoire événementielle du XIXe siècle, trop focalisée sur la politique, la diplomatie et les guerres. Les Annales ont promu une histoire de la « longue durée », analysant les structures économiques, sociales et culturelles profondes, ainsi que les mentalités collectives qui sous-tendent les civilisations sur de vastes périodes. Le Goff a pleinement embrassé cette approche, l'appliquant avec brio à l'étude du Moyen Âge, et en démontrant la pertinence pour comprendre les évolutions séculaires. Son engagement fut également institutionnel : de 1972 à 1977, il a dirigé l'École des hautes études en sciences sociales (EHESS), un haut lieu de l'innovation historiographique et de la formation des chercheurs, consolidant ainsi l'influence de l'École des Annales.
La Nouvelle Histoire et l'Histoire Culturelle
Au-delà des Annales, Jacques Le Goff fut une figure de proue de la Nouvelle Histoire, un courant historiographique qui, à partir des années 1970, a cherché à élargir le champ de l'investigation historique à de nouveaux objets et à de nouvelles méthodes. C'est dans ce cadre qu'il s'est particulièrement illustré dans le domaine de l'histoire culturelle. Pour Le Goff, l'histoire ne devait pas se limiter aux élites ou aux grandes dates, mais devait englober l'ensemble des pratiques, des croyances, des symboles et des représentations qui animent une société. Il s'est intéressé à la culture populaire, aux rêves, aux rites, à l'humour, aux images et aux mythes, cherchant à saisir la « fabrique du sacré » et du profane au Moyen Âge. Son approche a ainsi ouvert de nouvelles voies pour comprendre comment les sociétés médiévales donnaient sens à leur monde.
Une Vision Renouvelée du Moyen Âge : Une Civilisation à Part Entière
L'une des contributions majeures de Jacques Le Goff réside dans sa ferme conviction et sa démonstration éloquente que le Moyen Âge constitue une civilisation à part entière. Loin d'être une simple transition entre l'Antiquité classique et la Renaissance, ou une période d'obscurantisme, Le Goff a insisté sur son identité propre, ses spécificités, ses dynamiques internes et ses innovations culturelles, sociales et intellectuelles. Il a montré comment cette époque a construit ses propres systèmes de pensée, ses institutions, son art, sa spiritualité, sa conception du temps et de l'espace. En la présentant comme une entité autonome, il l'a distinguée avec force de l'héritage gréco-romain et des prémices du monde moderne, invitant à la considérer pour elle-même et non comme un simple entre-deux. Ce plaidoyer pour un Moyen Âge riche et complexe a marqué durablement les études médiévales et la perception du grand public.
Foire Aux Questions (FAQ)
- Qui était Jacques Le Goff ?
- Jacques Le Goff (1924-2014) était un historien français majeur, spécialisé dans le Moyen Âge, connu pour son rôle dans l'École des Annales et la Nouvelle Histoire.
- Quelle était sa principale période d'étude ?
- Il était un spécialiste du Moyen Âge, avec un accent particulier sur les XIIe et XIIIe siècles, explorant les mentalités, la vie quotidienne et la culture de cette époque.
- Quel a été son lien avec l'École des Annales ?
- Le Goff a été un ardent défenseur et une figure de proue de la « troisième génération » de l'École des Annales, promouvant une histoire des structures et des mentalités sur la « longue durée », par opposition à l'histoire événementielle.
- Qu'est-ce que la « Nouvelle Histoire » et comment Le Goff y a-t-il contribué ?
- La Nouvelle Histoire est un courant historiographique qui a élargi le champ d'étude de l'histoire. Le Goff y a contribué en se spécialisant dans l'histoire culturelle, examinant les pratiques, les croyances et l'imaginaire des sociétés médiévales.
- Quelle était la thèse clé de Le Goff concernant le Moyen Âge ?
- Sa thèse majeure était que le Moyen Âge constitue une civilisation à part entière, avec ses propres caractéristiques et dynamiques, distincte de l'Antiquité classique et du monde moderne, et non une simple période de transition.
- Quelle institution a-t-il dirigée ?
- Jacques Le Goff a été le directeur de l'École des hautes études en sciences sociales (EHESS) de 1972 à 1977.

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