La figure du roi Injo (이종, Hanja: 仁祖), né Yi Jong, demeure l'une des plus emblématiques et tragiques de l'histoire de la dynastie Joseon en Corée. Son règne, qui s'étendit du 7 décembre 1595 au 17 juin 1649, marqua une période de profondes turbulences externes et de bouleversements internes. Seizième souverain de Joseon, Injo hérita d'un royaume déjà fragilisé par les invasions japonaises et une politique intérieure complexe, pour ensuite faire face aux défis monumentaux posés par l'émergence des puissances mandchoues.
L'accession au pouvoir : le Coup d'État d'Injo
L'accession d'Injo au trône fut loin d'être conventionnelle. Petit-fils du roi Seonjo et fils du prince Jeongwon, il ne fut pas le successeur direct désigné. Il accéda au pouvoir en 1623 à la suite d'un coup d'État, connu sous le nom de "Coup d'État d'Injo" (인조반정, Injo Banjeong), qui destitua son prédécesseur, le roi Gwanghaegun. Gwanghaegun avait été critiqué par une faction influente de la cour, principalement la faction des Occidentaux (Seoin), pour sa politique étrangère perçue comme trop neutre envers la dynastie Ming et les Jurchens (Mandchous), ainsi que pour ses purges politiques internes. Injo, alors Prince Neungyang, fut placé sur le trône par ces factions qui espéraient un retour à une politique pro-Ming plus affirmée et une gouvernance plus conforme à leurs idéaux confucéens.
Un règne sous la menace mandchoue : les Invasions
Le règne d'Injo fut indissociable des menaces grandissantes venant du nord, où les Jurchens, bientôt connus sous le nom de Mandchous, consolidèrent leur pouvoir et formèrent d'abord la dynastie des Jin postérieurs (Hou Jin), puis la dynastie Qing. Joseon, profondément fidèle à la dynastie Ming de Chine qui l'avait aidée lors des invasions japonaises de la fin du XVIe siècle, se retrouva piégée dans la rivalité croissante entre ces deux géants.
La première invasion mandchoue (Jeongmyo Horan, 1627)
En 1627, Joseon fut confrontée à la première des grandes invasions mandchoues, menée par les Jin postérieurs. Connue sous le nom de "Jeongmyo Horan" (정묘호란), cette invasion fut déclenchée en partie par la politique pro-Ming d'Injo et par le soutien de Joseon aux rebelles anti-Jin dirigés par Mao Wenlong, basé sur une île proche de la Corée. Les armées Jin, dirigées par Amin, envahirent rapidement le nord de la Corée. Face à la puissance militaire mandchoue, le roi Injo et sa cour durent fuir la capitale vers Kanghwa. Après une brève mais intense campagne, les Jin postérieurs se retirèrent lorsque leurs demandes furent satisfaites. Celles-ci incluaient la rupture de l'alliance de Joseon avec Ming, l'établissement de relations "fraternelles" avec les Jin (Joseon comme frère cadet), et des paiements de tributs. Bien que la paix fût temporairement rétablie, l'humiliation de cette défaite sema les graines d'un conflit futur.
La seconde invasion mandchoue (Byeongja Horan, 1636) et la soumission
La paix fut de courte durée. En 1636, la dynastie des Jin postérieurs s'était proclamée dynastie Qing et avait continué à renforcer sa puissance, voyant Joseon comme un obstacle à sa conquête de la Chine et un allié potentiel de la Ming affaiblie. Une seconde invasion, bien plus dévastatrice, éclata en décembre 1636, connue sous le nom de "Byeongja Horan" (병자호란). Cette fois, l'empereur Qing Hong Taiji lui-même dirigea l'invasion. L'avance Qing fut fulgurante, et le roi Injo fut contraint de se réfugier dans la forteresse de Namhansanseong, au sud-est de Hanyang (l'actuelle Séoul). Après un siège exténuant et sans espoir d'aide de la part des Ming, le roi Injo fut contraint de se rendre en janvier 1637. Cet événement marqua un tournant douloureux et humiliant pour Joseon.
Les conditions de soumission imposées par les Qing étaient draconiennes :
- Joseon devait rompre toute relation et alliance avec la dynastie Ming.
- Joseon devenait un État tributaire des Qing.
- Les princes héritiers et d'autres membres de la famille royale devaient être envoyés à Shenyang (la capitale Qing) comme otages.
- Le calendrier Ming devait être abandonné au profit du calendrier Qing.
- Joseon devait fournir des troupes et du matériel pour les campagnes militaires Qing contre la Ming.
La cérémonie de soumission, où Injo dut s'incliner profondément devant Hong Taiji au Triple Génuflexion et Neuf Kowtows (Samjeonggodo), est restée gravée dans la mémoire collective coréenne comme un symbole d'humiliation nationale. Cette capitulation marqua le début d'une période de vassalité de Joseon envers la dynastie Qing qui dura jusqu'à la fin du XIXe siècle.
Héritage et fin de règne
Le reste du règne d'Injo fut marqué par les conséquences de cette soumission. Bien que Joseon ait formellement obéi aux Qing, un fort sentiment anti-Qing persistait au sein de la cour et de la population, menant à des débats sur le "Bukbeol" (Expédition du Nord) pour venger la défaite, bien qu'aucune action concrète n'ait jamais été entreprise. Le règne d'Injo fut une période de profondes cicatrices, tant sur le plan politique que psychologique, laissant un héritage complexe de résilience et de regret. Il mourut en 1649, ayant vu son pays passer d'un statut d'allié de la puissance dominante à celui de vassal de la nouvelle hégémonie régionale.
Foire Aux Questions (FAQs)
- Qui était le roi Injo de Joseon ?
- Le roi Injo (1595-1649) fut le seizième souverain de la dynastie Joseon de Corée. Son règne, de 1623 à 1649, est principalement marqué par de graves conflits avec les puissances mandchoues, menant à la soumission de Joseon à la dynastie Qing.
- Comment Injo est-il monté sur le trône ?
- Injo n'a pas hérité du trône de manière directe. Il est devenu roi en 1623 à la suite d'un coup d'État (le "Coup d'État d'Injo" ou Injo Banjeong) qui a destitué son prédécesseur, le roi Gwanghaegun, avec le soutien de factions de la cour critiquant la politique de Gwanghaegun.
- Quelles ont été les principales menaces externes pendant son règne ?
- Le règne d'Injo fut dominé par deux grandes invasions des puissances mandchoues : la première invasion par les Jin postérieurs en 1627 (Jeongmyo Horan) et la seconde invasion par la dynastie Qing en 1636-1637 (Byeongja Horan).
- Quelle a été l'issue de la première invasion mandchoue (Jeongmyo Horan) ?
- En 1627, les Jin postérieurs ont envahi Joseon et se sont retirés après que le roi Injo ait accepté leurs demandes, notamment la rupture de l'alliance avec la Ming et l'établissement de relations "fraternelles" avec les Jin, ainsi que le paiement de tributs.
- Quelle a été la conséquence majeure de la seconde invasion mandchoue (Byeongja Horan) ?
- La seconde invasion de 1636-1637 a conduit à la défaite et à la capitulation complète de Joseon. Le roi Injo a dû se soumettre publiquement à l'empereur Qing Hong Taiji et accepter des conditions d'assujettissement très dures, transformant Joseon en un État vassal de la dynastie Qing pour les siècles à venir.
- Quelles étaient les conditions de soumission imposées par les Qing ?
- Les conditions incluaient la rupture de l'alliance avec la dynastie Ming, la reconnaissance de Joseon comme État tributaire des Qing, l'envoi de princes royaux comme otages, et l'obligation de fournir un soutien militaire aux campagnes Qing.

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