Alan Greenspan, né le 6 mars 1926, est une figure emblématique de l'économie américaine dont l'influence s'est étendue sur près de deux décennies en tant que 13e président du Conseil des gouverneurs de la Réserve fédérale des États-Unis. Son parcours, depuis le monde du conseil économique jusqu'à la tête de l'institution monétaire la plus puissante du monde, marque une période significative de l'histoire économique contemporaine, façonnant les réponses américaines et mondiales à des défis financiers majeurs.
Une carrière à la tête de la Réserve fédérale
Initialement nommé par le président Ronald Reagan en août 1987, Alan Greenspan a pris les rênes de la Réserve fédérale à un moment crucial, quelques mois seulement avant le « Lundi noir » d'octobre 1987, un événement qui a immédiatement mis en lumière sa capacité à naviguer dans des eaux tumultueuses. Il a été reconduit à son poste à intervalles successifs de quatre ans, servant sous quatre présidents américains (Reagan, Bush père, Clinton et Bush fils), témoignant d'une reconnaissance bipartite de son expertise et de son leadership. Son mandat, qui s'est achevé par sa retraite le 31 janvier 2006, fut le deuxième plus long à ce poste, juste derrière celui de William McChesney Martin, ancrant ainsi sa place parmi les personnalités les plus durables de l'histoire de la Fed. À son départ, c'est Ben Bernanke, nommé par le président George W. Bush, qui lui a succédé.
Du consultant à l'économiste "rock star"
Avant de rejoindre le Federal Reserve Board, Alan Greenspan s'était forgé une solide réputation en tant que consultant économique, ce qui lui a permis d'acquérir une compréhension approfondie des mécanismes du marché et des rouages de l'économie réelle. Une fois à la tête de la Fed, malgré une approche initialement mesurée lors de ses apparitions publiques, une couverture médiatique particulièrement favorable a rapidement élevé son profil à un point tel que plusieurs observateurs l'ont comparé à une « rock star » de l'économie. Cette notoriété sans précédent pour un banquier central lui a conféré une influence considérable, non seulement sur les marchés financiers, mais aussi dans le discours public, où ses propos étaient scrutés avec la plus grande attention.
Controverses et critiques de son mandat
Malgré son aura et la période de croissance économique relative souvent associée à son mandat (surnommée la « Grande Modération »), le passage d'Alan Greenspan à la tête de la Réserve fédérale n'a pas été exempt de critiques. Des dirigeants démocrates du Congrès l'ont notamment réprimandé pour avoir politisé sa fonction, citant son soutien à la privatisation de la sécurité sociale et à certaines réductions d'impôts. Plus fondamentalement, son héritage a été entaché par les allégations selon lesquelles ses politiques, notamment la gestion des taux d'intérêt, auraient contribué à l'émergence de la « bulle Internet » à la fin des années 1990 et, plus tard, à la « crise des prêts hypothécaires à risque » (subprime), cette dernière ayant éclaté moins d'un an après son départ de la Fed. Le Wall Street Journal a même affirmé que ces événements avaient « terni sa réputation », soulignant la complexité et les répercussions lointaines de ses décisions.
La défense de Greenspan et les débats économiques
Face à ces critiques, notamment concernant la bulle immobilière, Alan Greenspan a défendu ses actions et ses analyses avec constance. Il a soutenu que la surchauffe du marché immobilier n'était pas principalement le résultat de faibles taux d'intérêt à court terme fixés par la Fed, mais plutôt un phénomène de portée mondiale. Selon lui, cette bulle était une conséquence directe de la baisse progressive des taux d'intérêt à long terme à l'échelle planétaire, elle-même résultant d'un déséquilibre entre des taux d'épargne élevés dans les pays en développement et une demande d'investissement relativement plus faible dans les pays développés – un concept souvent désigné comme l'« excédent d'épargne mondial » ou « global savings glut ». Cette théorie, bien que débattue, offre une perspective sur les forces macroéconomiques complexes à l'œuvre. L'économiste de Yale, Robert Shiller, a pour sa part observé qu'« une fois que les actions ont chuté, l'immobilier est devenu le principal exutoire de la frénésie spéculative que le marché boursier avait déclenchée », soulignant une dynamique de contagion et de déplacement de la spéculation entre les différents marchés financiers.
Après la Réserve fédérale
Depuis son départ de la Réserve fédérale en 2006, Alan Greenspan n'a pas pour autant quitté le monde de l'économie. Il travaille désormais en tant que conseiller privé et offre ses services de conseil aux entreprises par l'intermédiaire de sa propre société, Greenspan Associates LLC. Cette nouvelle étape de sa carrière lui permet de continuer à partager son expertise et son analyse des marchés mondiaux, contribuant ainsi aux discussions économiques contemporaines et à la compréhension des défis futurs.
Héritage et influence durable
L'héritage d'Alan Greenspan reste un sujet de débat intense et complexe parmi les économistes et les décideurs politiques. D'une part, il est crédité d'avoir présidé une période de croissance économique soutenue et de faible inflation, souvent désignée comme la « Grande Modération », qui a vu l'économie américaine traverser des défis avec une relative stabilité. D'autre part, les critiques pointent du doigt les risques accumulés sous sa surveillance, qui auraient pu jeter les bases des crises financières ultérieures, notamment la crise de 2008. Sa capacité à naviguer les marchés, son influence médiatique sans précédent pour un banquier central, et les controverses qui ont marqué la fin de son mandat garantissent qu'Alan Greenspan restera une figure centrale et incontournable dans l'étude de la politique monétaire et de l'histoire économique moderne.
Foire aux questions (FAQ)
- Quel a été le rôle principal d'Alan Greenspan et pendant combien de temps?
- Alan Greenspan a été le 13e président de la Réserve fédérale des États-Unis pendant cinq mandats consécutifs, de 1987 à 2006, soit près de 18 ans et demi. Il est le deuxième président à avoir occupé ce poste le plus longtemps.
- Qui a initialement nommé Alan Greenspan à la tête de la Réserve fédérale?
- Il a été nommé pour la première fois par le président Ronald Reagan en août 1987.
- Quelles sont les principales critiques formulées à l'encontre du mandat d'Alan Greenspan?
- Les critiques concernent principalement la politisation de son bureau (soutien à la privatisation de la sécurité sociale et aux réductions d'impôts) et son rôle présumé dans la genèse de la bulle Internet et de la crise des prêts hypothécaires à risque.
- Comment Alan Greenspan s'est-il défendu face aux accusations concernant la bulle immobilière?
- Il a soutenu que la bulle immobilière n'était pas le résultat de taux d'intérêt à court terme bas fixés par la Fed, mais plutôt un phénomène mondial causé par la baisse progressive des taux d'intérêt à long terme, liée à un excédent d'épargne dans le monde en développement.
- Que fait Alan Greenspan depuis qu'il a quitté la Réserve fédérale?
- Depuis sa retraite en 2006, il travaille comme conseiller privé et fournit des conseils aux entreprises par l'intermédiaire de sa société, Greenspan Associates LLC.
- Quel est l'héritage général d'Alan Greenspan?
- Son héritage est mitigé : il est crédité d'une période de croissance et de stabilité (la "Grande Modération"), mais est aussi critiqué pour les risques économiques qui se sont accumulés sous sa surveillance et qui auraient pu contribuer à des crises financières ultérieures.

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