Le Mouvement du 30 Mai, connu en chinois sous les noms de 五卅运动 (Wǔsà Yùndòng en pinyin), était un événement d'une portée historique considérable, marquant un tournant majeur dans l'histoire de la République de Chine. Au cœur de la période républicaine, ce soulèvement fut un puissant catalyseur du sentiment nationaliste, combinant des revendications ouvrières profondes avec une ferme opposition à l'impérialisme étranger qui pesait sur le pays. Il s'est déployé à un moment où la Chine cherchait son chemin entre tradition et modernité, sous l'influence croissante des idées révolutionnaires et des aspirations à la souveraineté nationale.

Le Déclencheur : Le Massacre de Shanghai de 1925

L'étincelle qui embrasa ce mouvement fut tragiquement allumée le 30 mai 1925, dans la vibrante mais complexe Concession Internationale de Shanghai. Ce jour-là, la Police Municipale de Shanghai (PMS) ouvrit le feu sur une foule de manifestants chinois, majoritairement des étudiants et des ouvriers qui protestaient contre les conditions de travail dans les usines étrangères et l'impérialisme. Cet acte brutal, rapidement désigné sous le nom de Massacre de Shanghai de 1925, ne fut pas un incident isolé, mais la culmination de tensions latentes.

Les fusillades choquèrent la nation entière et provoquèrent une condamnation internationale véhémente. En Chine, elles déclenchèrent une vague sans précédent de protestations et d'émeutes anti-étrangères qui se propagèrent rapidement à travers le pays. Cet événement mit en lumière la fragilité de la souveraineté chinoise et galvanisa un large éventail de la population, des intellectuels aux ouvriers, dans une cause commune.

La Police Municipale de Shanghai (PMS) : Gardienne d'un Ordre Étranger

Pour comprendre les événements du 30 mai, il est essentiel de se pencher sur la nature et le rôle de la Police Municipale de Shanghai (PMS). Cette force de l'ordre était l'appareil exécutif du Conseil Municipal de Shanghai, l'autorité administrative qui régissait la Concession Internationale de Shanghai. Établie en 1854, la PMS a maintenu l'ordre dans cette enclave unique jusqu'en 1943, date à laquelle la Concession fut finalement rétrocédée au contrôle chinois, symbolisant la fin d'une ère de domination étrangère.

Le statut de la Concession Internationale, sorte d'État dans l'État, donnait à la PMS une autorité quasi souveraine sur ses habitants, y compris les Chinois. Sa présence et ses actions étaient donc souvent perçues comme un symbole flagrant de l'ingérence étrangère dans les affaires intérieures de la Chine.

Une Force Multinationale : La Composition de la PMS

L'histoire de la PMS est aussi celle d'une force policière étonnamment diverse, reflétant le caractère international de Shanghai. À ses débuts, elle était principalement composée d'Européens, avec une prédominance britannique, reflétant l'influence dominante du Royaume-Uni dans la Concession. Cependant, la nécessité de gérer une population chinoise grandissante et la complexité des relations intercommunautaires entraînèrent une diversification progressive de ses effectifs.

• Dès 1864, des Chinois furent intégrés à la force, marquant un premier pas vers une composition plus représentative des populations sous sa juridiction.
• En 1884, une branche sikhe fut créée, les Sikhs étant réputés pour leur loyauté et leur discipline, et leur présence était courante dans les forces coloniales britanniques en Asie.
• Un contingent japonais fut ajouté à partir de 1916, soulignant l'influence croissante du Japon dans la région.
• À partir de 1918, une police spéciale volontaire à temps partiel fut également mise sur pied, permettant à des civils, souvent des résidents étrangers, de contribuer à la sécurité.
• Plus tard, en 1941, un détachement auxiliaire russe fut intégré, composé d'anciens membres du régiment russe du Corps des Volontaires de Shanghai, offrant un refuge et un rôle à cette communauté d'émigrés.

Cette mosaïque d'origines et de cultures au sein de la PMS illustre la complexité du régime de la Concession Internationale, où différentes puissances étrangères coexistaient et exerçaient leur influence, mais où les tensions entre les intérêts étrangers et les aspirations nationales chinoises étaient constamment palpables.

Foire Aux Questions (FAQ)

Qu'est-ce que le Mouvement du 30 Mai ?

Il s'agit d'un mouvement ouvrier et anti-impérialiste majeur qui a eu lieu en Chine durant l'ère républicaine, déclenché par le massacre de manifestants chinois par la police étrangère à Shanghai en 1925.

Quand et où le Mouvement du 30 Mai a-t-il commencé ?

Il a débuté le 30 mai 1925, lorsque la Police Municipale de Shanghai a ouvert le feu sur des manifestants chinois dans la Concession Internationale de Shanghai, un territoire sous administration étrangère.

Quelles ont été les principales conséquences de cet événement ?

Les fusillades ont suscité une indignation internationale et ont provoqué des manifestations massives et des émeutes anti-étrangères à l'échelle nationale en Chine, renforçant le sentiment nationaliste et anti-impérialiste.

Qui était la Police Municipale de Shanghai (PMS) ?

La PMS était la force de police du Conseil Municipal de Shanghai, chargée de maintenir l'ordre et d'appliquer la loi au sein de la Concession Internationale de Shanghai, un territoire administré par les puissances étrangères de 1854 à 1943.

Quelle était la composition de la PMS ?

Initialement composée principalement d'Européens (majoritairement britanniques), la force s'est diversifiée au fil du temps pour inclure des policiers chinois (à partir de 1864), une branche sikhe (à partir de 1884), un contingent japonais (à partir de 1916), des volontaires à temps partiel (à partir de 1918), et même un détachement auxiliaire russe (à partir de 1941).