Les « journées de préparation aux catastrophes » jalonnent l’année pour rappeler, s’entraîner et s’équiper avant qu’un aléa ne survienne. De Tokyo à Mexico, en passant par l’ONU, ces dates offrent des repères simples pour ancrer des gestes qui sauvent.
Objectif : passer de la sensibilisation à l’action. Avec des rappels calendaires et des checklists, chacun peut transformer ces journées en routines de sécurité efficaces, à la maison comme au travail.
Qu’est-ce que l’on entend par « préparation aux catastrophes » sur le calendrier ?
Il s’agit d’un ensemble d’observances officielles (journées, semaines ou mois) consacrées à la préparation et à la réduction des risques : exercices, ateliers, tests d’alerte, vérification d’équipements, mise à jour de plans familiaux ou d’entreprise.
- Pourquoi c’est utile : ces repères réguliers abaissent la barrière à l’action et créent l’habitude.
- Qui participe : gouvernements, collectivités, écoles, entreprises, associations et citoyens.
- Ce que l’on y fait : drills sismiques, simulations d’évacuation, révision de kits d’urgence, campagnes d’information.
Le besoin est réel : selon le rapport GAR 2022 de l’ONU (UNDRR), le monde pourrait passer d’environ 350–500 désastres par an aujourd’hui à près de 560 d’ici 2030. Entre 2000 et 2019, plus de 7 000 catastrophes majeures ont été recensées, affectant plusieurs milliards de personnes.
Les grandes journées de préparation dans le monde
Japon — 1er septembre : Journée de prévention des désastres
Chaque 1er septembre, le Japon observe la Journée de prévention des désastres, ouverture d’une semaine nationale de préparation. La date commémore le séisme du Kantō de 1923, l’un des plus meurtriers du pays. Écoles, administrations et entreprises réalisent des exercices d’évacuation, testent J-Alert et vérifient les stocks de secours.
- Pourquoi cette date : le souvenir du 1er septembre 1923 ancre la mémoire des risques sismiques et incendies.
- Bon à copier : un « audit logement » annuel contre les chutes d’objets et la sécurisation des meubles.
ONU — 13 octobre : Journée internationale pour la réduction des risques de catastrophe (IDDRR)
Proclamée par l’Assemblée générale des Nations Unies, la Journée internationale pour la réduction des risques de catastrophe se tient chaque 13 octobre. Elle met l’accent sur la prévention et la résilience, avec un thème annuel (gouvernance, données, financement, inclusion, etc.).
- Évolution : anciennement le « Jour pour la prévention des catastrophes naturelles » (2e mercredi d’octobre), elle est désormais fixée au 13 octobre.
- Idée d’action : atelier familial « qui fait quoi, quand, comment » et mise à jour des contacts ICE.
Monde — ShakeOut : 3e jeudi d’octobre
Le Great ShakeOut est le plus grand exercice sismique mondial. Le jour J, à une heure convenue, chacun pratique « Se baisser, s’abriter, s’agripper » (Drop, Cover, Hold On) pendant 60 secondes. Né en Californie en 2008, l’événement s’est étendu à des dizaines de pays.
- Pourquoi en octobre : calendrier scolaire propice et proximité de l’IDDRR pour amplifier la sensibilisation.
- À prévoir : chrono, scénarios réalistes (objets qui tombent, coupure de courant), point de rassemblement.
ONU — 5 novembre : Journée mondiale de sensibilisation aux tsunamis
Adoptée en 2015 par l’ONU à l’initiative du Japon, cette journée rappelle l’histoire d’Inamura-no-Hi (« les gerbes de riz en feu »), geste d’alerte héroïque de 1854. Elle souligne l’importance des itinéraires d’évacuation, de la signalétique et des systèmes d’alerte.
- À faire : repérer les zones d’inondation, tracer une « route haute » à pied, entraîner les enfants.
Mexique — 19 septembre : Simulacro Nacional
Le Mexique organise un exercice national chaque 19 septembre, en mémoire du séisme de 1985 (et du séisme de 2017, survenu la même date). Sirènes, évacuations, retours d’expérience : l’envergure en fait un modèle de mobilisation urbaine.
- Leçon clé : un rendez-vous fixe annuel améliore la coordination entre habitants, autorités et entreprises.
Philippines — Juillet : Mois national de résilience aux catastrophes
Juillet est le Mois national de la résilience, piloté par le Conseil de gestion des risques de catastrophe. Au programme : exercices trimestriels de séisme (NSED), préparation aux typhons, sensibilisation aux glissements de terrain.
- À retenir : un rythme mensuel + trimestriel alterne pédagogie et entraînement.
France — 13 octobre : Journée nationale de la résilience
La Journée nationale de la résilience face aux risques s’aligne sur l’IDDRR. Sous la bannière « Tous résilients face aux risques », écoles, communes et associations organisent ateliers, visites de PCS, et tests du dispositif FR-Alert (cell broadcast).
- Astuce : afficher à domicile les pictogrammes de risques locaux et le point d’évacuation du quartier.
Canada — Semaine de la préparation aux urgences (mai)
La Semaine de la préparation se tient la première moitié de mai, avec un focus sur les inondations printanières et les feux de forêt. Certaines provinces participent aussi aux exercices ShakeOut en octobre.
- À faire en mai : vérifier les pompes de puisard, préparer des sacs de sable, scanner les documents importants.
Nouvelle-Zélande et Australie — Get Ready + ShakeOut
La Nouvelle-Zélande tient Get Ready Week à l’automne austral (souvent octobre) et participe à ShakeOut NZ. En Australie, services d’urgence et écoles organisent des drills avant la saison des feux, complétés par le Great Australian ShakeOut.
- Rituels utiles : nettoyage des gouttières, zone de sécurité autour de la maison, plan d’évacuation pour incendies.
Indonésie — 26 avril : Hari Kesiapsiagaan Bencana
Le Hari Kesiapsiagaan Bencana (Journée de préparation aux catastrophes) coordonné par le BNPB encourage des exercices simultanés à l’échelle nationale (écoles, bureaux, quartiers). Les organisations utilisent cette date pour tester alarmes et itinéraires d’évacuation.
- Clé de réussite : drill court, scénarios clairs, évaluation à chaud.
Népal — mi-janvier : Journée nationale de la sécurité sismique
Le Népal commémore le grand séisme de 1934 avec une journée dédiée en janvier (calendrier népalais). Écoles et administrations y effectuent des exercices et rappellent les normes de construction parasismique.
Région Caraïbe — Mars : Exercice CARIBE WAVE
Sous l’égide de l’UNESCO-COI, CARIBE WAVE simule chaque année un tsunami pour tester l’alerte, la coordination entre îles et les évacuations de zones côtières.
Pourquoi ces dates ont été choisies
- Mémoire d’un désastre fondateur : Japon (1923), Mexique (1985), Népal (1934) — la date porte le souvenir et motive la prévention.
- Synchronisation internationale : 13 octobre (IDDRR) et 5 novembre (tsunamis) facilitent campagnes et partenariats.
- Fenêtres pédagogiques : octobre favorise les exercices scolaires (ShakeOut), mai anticipe les crues au Canada.
- Pré-saison des risques : Australie/Nouvelle-Zélande avant les feux, Philippines avant les typhons intenses.
Transformer ces dates en routines concrètes
1) Mettre en place des comptes à rebours et rappels
- Agenda numérique (Google/Apple/Outlook) : créez un événement récurrent (IDDRR le 13/10, ShakeOut le 3e jeudi d’octobre, 1/09 Japon, 5/11 tsunamis). Ajoutez trois notifications : J-30, J-7, J-1. Indiquez la checklist dans la description.
- Listes partagées : dans Notion/Trello/Asana, créez une carte « Préparation annuelle » avec sous-tâches et échéances liées aux dates.
- Widgets & compteurs : utilisez un widget « jours restants » sur smartphone/ordinateur; paramétrez une automatisation IFTTT/Shortcut pour rappeler d’acheter piles/eau.
- Équipe & famille : envoyez une invitation d’événement à vos proches/collègues. Prévoyez 30 minutes au minimum pour un mini-drill.
2) Checklists prêtes à l’emploi
Adaptez selon votre contexte (appartement, maison, enfants, animaux, personnes âgées).
- Kit 72 heures (par personne) : 9 litres d’eau (3 l/jour), aliments non périssables, ouvre-boîte manuel, trousse de secours, lampes + piles, radio à piles/à manivelle, chargeurs/power banks, médicaments, couverture de survie, sifflet, gants, masques, gel hydroalcoolique, sacs poubelle, petite somme en espèces.
- Documents importants : copies d’identité, assurances, ordonnances, contacts, sauvegarde USB/chiffrée et cloud.
- Plan familial : deux points de rencontre (quartier et hors quartier), contact hors zone, itinéraires d’évacuation alternatifs, plan pour animaux.
- Sécurité habitation : fixations anti-chute des meubles, arrêt d’urgence gaz/eau/électricité, détecteurs de fumée, extincteur, clés et outils accessibles.
- Spécifique risque : tremblement de terre (Drop, Cover, Hold On), inondation (sacs de sable, déplacer en hauteur), feu de forêt (kit voiture, masque P2/P3, débroussaillage), tempête (fermetures, batterie externe), canicule (plan fraîcheur).
- PME/associations : fiche 1 page « Continuité » avec priorités, rôles, contacts clés, sauvegardes, site de repli.
3) Rituels périodiques
- Trimestriel : test détecteurs de fumée, revue de l’app d’alerte locale, mini-exercice évacuation en famille/bureau.
- Semi-annuel (changement d’heure) : rotation eau/nourriture, mise à jour des médicaments et tailles enfants, test de la radio.
- Annuel (IDDRR, ShakeOut) : drill complet + audit domicile/travail + recyclage premiers secours.
Outils pratiques à installer
- Alertes officielles : FR-Alert (France), FEMA app (USA), NINA/WarnWetter (Allemagne), AlertSwiss (Suisse), NZ Emergency Mobile Alert, J-Alert (Japon), etc.
- Cartes et guides : sites de votre préfecture/mairie, portails « InfoRisques », plateformes nationales de gestion des risques, applications Croix-Rouge.
- Communication : groupes familiaux (SMS/WhatsApp/Signal), contact ICE affiché près de la porte et sur le frigo.
Mesurer l’impact de vos journées « préparation »
- Taux de participation : nombre de personnes ayant pris part à l’exercice.
- Temps d’évacuation : chronométrez du départ à la zone sûre.
- Couverture des checklists : pourcentage d’items complétés/mis à jour.
- Points d’amélioration : listez 3 actions correctives après chaque drill, avec un responsable et une date.
Un mini-calendrier indicatif sur 12 mois
- Janvier : Népal – sécurité sismique. Chez vous : bilan annuel des risques locaux.
- Mars : CARIBE WAVE; vérifiez itinéraires d’évacuation côtière.
- Avril : Indonésie HKB; chez vous : mise à jour des documents.
- Mai : Canada – préparation aux urgences; test inondation/orage.
- Septembre : Japon 1/09; Mexique 19/09; rentrée scolaire = check des contacts.
- Octobre : 13/10 IDDRR + France JNR; 3e jeudi : ShakeOut mondial.
- Novembre : 5/11 tsunamis; chez vous : kit voiture pour l’hiver.
En bref
Inscrire la préparation aux catastrophes dans le calendrier, c’est se donner des rendez-vous simples pour apprendre, s’entraîner et vérifier son matériel. Choisissez 2–3 dates « phares », créez des rappels, suivez une checklist, et transformez chaque observance en progrès concret pour votre sécurité et celle des autres.
FAQ
Quelle est la différence entre prévention, préparation et réduction des risques ?
Prévention vise à éviter qu’un aléa ne se transforme en catastrophe (urbanisme, normes). Préparation consiste à s’organiser pour répondre efficacement (plans, entraînements, kits). La réduction des risques (RRC) englobe ces deux dimensions, plus l’atténuation et le relèvement.
Pourquoi tant de dates tombent en octobre ?
Octobre abrite l’IDDRR (13/10) et le ShakeOut (3e jeudi). C’est une période scolaire propice et, dans l’hémisphère nord, un bon moment avant l’hiver ou la saison des tempêtes.
Comment participer au ShakeOut si mon pays n’est pas listé ?
Organisez un mini-exercice à l’heure mondiale : 60 secondes « se baisser, s’abriter, s’agripper », puis 10 minutes de débrief. Invitez famille, voisins ou collègues, et notez 3 améliorations.
Quels rappels calendaires dois-je programmer ?
Trois niveaux suffisent : J-30 pour achats/organisation, J-7 pour confirmer participants et lieux, J-1 pour préparer le matériel. Ajoutez un rappel « changement d’heure » pour la rotation du kit.
Que mettre dans un kit d’urgence minimal ?
Par personne : 9 l d’eau (3 jours), nourriture prête à consommer, trousse de secours, lampes + piles, radio, chargeur/power bank, médicaments, documents essentiels, petite monnaie, couverture de survie.
Comment adapter ces routines à une PME ?
Nommer un référent, établir un plan 1 page (priorités, rôles, contacts, sauvegardes), programmer deux drills/an (incendie + évacuation), sécuriser rayonnages/serveurs, et vérifier l’accès aux extincteurs et issues.
Et si je vis en zone sans risque sismique ?
Concentrez-vous sur vos principaux aléas (inondation, tempête, canicule, feu de forêt). Les dates mondiales restent des points d’appui pour tester alerte, communication et autonomie de 72 heures.