Le conclave papal de 1846 élit le pape Pie IX, commençant le plus long règne de l'histoire de la papauté.

À l'aube de l'été 1846, le décès du pape Grégoire XVI, survenu le 1er juin, plongea l'Église catholique et l'Europe dans une période de transition et d'incertitude. Cet événement, aussi inéluctable que solennel, déclencha immédiatement le mécanisme ancestral du conclave papal, une assemblée extraordinaire et cruciale dont la mission était de désigner le successeur de Saint Pierre et, par extension, le chef d'un État millénaire.

Le Rassemblement du Sacré Collège

Le 14 juin 1846, soit treize jours après la disparition de Grégoire XVI, cinquante des soixante-deux membres alors vivants du Collège des cardinaux convergèrent vers la Ville Éternelle. Ces "princes de l'Église", venant parfois de lointaines contrées, se réunirent au sein du majestueux Palais du Quirinal. Perchée sur l'une des sept célèbres collines de Rome, cette résidence papale historique n'était pas un choix anodin ; elle avait déjà été le théâtre de nombreuses élections pontificales et allait accueillir deux des conclaves les plus significatifs du XIXe siècle, témoignant de son importance dans les affaires de la Papauté. Son cadre imposant soulignait la gravité de la tâche qui attendait ces électeurs : élire un guide spirituel pour des millions de fidèles, mais aussi un dirigeant politique.

La Double Casquette du Pape : Spirituelle et Temporelle

Le processus de sélection d'un nouveau pontife en 1846 revêtissait une importance considérable, car l'élu ne serait pas seulement le chef spirituel de l'Église catholique romaine, le vicaire du Christ sur Terre, responsable de la guidance morale et doctrinale d'une communauté mondiale. Il devrait également assumer un rôle temporel prépondérant, celui de chef d'État et de gouvernement des vastes États pontificaux. Ces territoires, qui s'étendaient autour de Rome et englobaient une partie significative du centre et du nord de l'Italie (comme la Romagne, les Marches, l'Ombrie), constituaient une entité politique souveraine gouvernée directement par l'Église catholique depuis des siècles. Le choix d'un nouveau pape était donc une affaire d'une portée immense, à la fois pour la foi universelle et pour la géopolitique complexe de l'époque, d'autant plus que le XIXe siècle était marqué par des aspirations nationalistes et libérales croissantes à travers l'Europe, notamment en Italie.

FAQ

Qu'est-ce qu'un conclave papal ?
Un conclave papal est l'assemblée des cardinaux de l'Église catholique romaine, réunis à huis clos, pour élire un nouveau pape après le décès ou la démission du souverain pontife précédent. Le terme "conclave" vient du latin "cum clave", signifiant "avec une clé", symbolisant le secret et l'isolement du processus.
Qui était le pape Grégoire XVI ?
Grégoire XVI, né Bartolomeo Alberto Cappellari, a été pape de 1831 à 1846. Son pontificat fut marqué par une forte opposition aux idées libérales et révolutionnaires de son temps, et par des efforts pour consolider l'autorité de l'Église face aux défis modernes, tout en faisant face à des troubles politiques au sein des États pontificaux.
Où s'est déroulé le conclave de 1846 ?
Le conclave de 1846 s'est tenu au Palais du Quirinal à Rome. Ce palais était, à l'époque, l'une des résidences papales les plus importantes et servait fréquemment de lieu pour les conclaves, notamment au XIXe siècle, avant que le Vatican ne devienne le siège exclusif des conclaves à partir de 1878.
Qu'étaient les États pontificaux ?
Les États pontificaux étaient des territoires en Italie centrale gouvernés directement par le pape en tant que souverain temporel. Ils ont existé du VIIIe siècle jusqu'en 1870, lorsque la plupart de leurs terres furent annexées par le nouveau Royaume d'Italie. Le pape y exerçait un pouvoir à la fois spirituel et politique.
Pourquoi le choix du pape en 1846 était-il si important ?
Le choix du pape en 1846 était crucial car il devait non seulement diriger l'Église catholique mondiale en tant que chef spirituel, mais aussi gouverner les États pontificaux en tant que chef d'État et de gouvernement. À une époque de grands changements politiques et de montée des nationalismes en Europe, le nouveau pontife devait être capable de naviguer entre les exigences de la foi et les défis de la souveraineté temporelle.