Guerre civile chinoise : les forces communistes chinoises occupent Guangzhou.

La guerre civile chinoise fut un conflit fratricide majeur qui déchira la Chine sur plusieurs décennies, opposant principalement le gouvernement nationaliste du Kuomintang (KMT), alors à la tête de la République de Chine (ROC), aux forces émergentes du Parti communiste chinois (PCC). Cet affrontement idéologique et militaire, aux conséquences monumentales, débuta de manière intermittente après 1927, façonnant profondément l'avenir du pays et ayant des répercussions durables sur la scène géopolitique mondiale.

La Guerre Civile Chinoise : Un Conflit en Deux Phases

L'histoire de la guerre civile chinoise est souvent structurée en deux grandes phases de conflit actif, séparées par une période d'union forcée face à un ennemi commun. La première phase, d'août 1927 à 1937, vit l'alliance initiale entre le KMT et le PCC, formée lors de l'Expédition du Nord visant à unifier la Chine, s'effondrer. Les nationalistes, sous la direction du KMT, prirent alors le contrôle de la majeure partie du territoire chinois, tandis que les forces communistes, bien que rudement éprouvées (notamment lors de la Longue Marche), continuaient à consolider leur base et leur influence dans les zones rurales.

L'Intermède de la Résistance Japonaise

De 1937 à 1945, les hostilités internes furent largement suspendues. Face à l'invasion agressive du Japon, qui menaçait l'existence même de la Chine en tant que nation souveraine, le KMT et le PCC formèrent un deuxième front uni. Cette alliance précaire, soutenue par les Alliés de la Seconde Guerre mondiale, permit aux forces chinoises de combattre l'envahisseur japonais. Cette période de coopération forcée permit au PCC de se renforcer discrètement et de gagner le soutien populaire grâce à sa résistance acharnée.

La Phase Finale et la Révolution Communiste

Avec la défaite du Japon en 1945, la guerre civile reprit avec une intensité renouvelée. Cette phase finale, de 1945 à 1949, est communément appelée la Révolution communiste chinoise. Le Parti communiste chinois, fort de son expérience de la guérilla, de son soutien paysan croissant et d'une organisation militaire efficace, prit progressivement le dessus sur les forces nationalistes, affaiblies par la guerre contre le Japon et minées par la corruption et l'inflation.

Les Conséquences Durables du Conflit

En 1949, les communistes avaient consolidé leur contrôle sur la Chine continentale, proclamant la fondation de la République populaire de Chine (RPC) le 1er octobre à Pékin. Les dirigeants de la République de Chine, menés par le généralissime Tchang Kaï-chek, furent contraints de se retirer sur l'île de Taiwan. À partir des années 1950, cette séparation a engendré une impasse politique et militaire durable de part et d'autre du détroit de Taiwan. La ROC à Taiwan et la RPC en Chine continentale ont toutes deux revendiqué officiellement être le gouvernement légitime de toute la Chine, une situation qui perdure encore aujourd'hui. Bien qu'un cessez-le-feu tacite ait été observé après la deuxième crise du détroit de Taiwan en 1979, aucun armistice ni traité de paix formel n'a jamais été signé, laissant un statut ambigu à la relation entre les deux entités.

L'Armée Populaire de Libération (APL)

L'Armée populaire de libération (APL) est la principale force militaire de la République populaire de Chine et, de manière intrinsèque, la branche armée du Parti communiste chinois (PCC). Elle représente non seulement la plus grande force militaire du monde en termes d'effectifs (hors forces paramilitaires ou de réserve), mais aussi une puissance en constante modernisation, dotée du deuxième budget de défense le plus important à l'échelle mondiale. L'APL est souvent qualifiée de superpuissance militaire potentielle, capable d'une défense régionale robuste et d'une projection de puissance mondiale croissante.

Structure et Commandement de l'APL

L'APL est une entité complexe et diversifiée, composée de cinq branches de service distinctes : la Force terrestre, la Marine, l'Armée de l'air, la Force des fusées (responsable des missiles balistiques et nucléaires) et la Force de soutien stratégique (spécialisée dans la guerre spatiale, cybernétique et électronique). L'ensemble de ces forces est placé sous la direction de la puissante Commission militaire centrale (CMC), dont le président assume le rôle de commandant en chef. Sur le plan opérationnel, la majorité des unités militaires du pays sont réparties dans l'un des cinq commandements de théâtre, chacun couvrant une zone géographique spécifique.

Les Racines Historiques de l'APL

Les origines de l'APL remontent à la période républicaine chinoise, plus précisément aux unités de gauche de l'Armée nationale révolutionnaire (ANR) du Kuomintang (KMT). Le 1er août 1927, lors d'un soulèvement armé à Nanchang contre le gouvernement nationaliste, ces unités se séparèrent pour former l'Armée rouge chinoise, marquant ainsi la date fondatrice de ce qui allait devenir l'APL. Paradoxalement, pendant la Seconde guerre sino-japonaise (1937-1945), ces mêmes forces communistes furent réintégrées dans l'ANR en tant qu'unités de la Nouvelle Quatrième Armée et de la Huitième Armée de route pour combattre l'ennemi commun. C'est le 10 octobre 1947 que ces unités communistes de l'ANR furent officiellement reconstituées sous le nom d'Armée populaire de libération, jouant un rôle décisif dans la victoire finale du PCC.

Le Principe Fondamental : "Le Parti Commande l'Arme"

Une caractéristique essentielle et distinctive de l'APL est son allégeance inébranlable au Parti communiste chinois. La loi de la RPC affirme explicitement le leadership du PCC sur les forces armées chinoises, désignant la CMC comme le commandement militaire national. Cependant, la CMC du Parti opère également en tant que CMC de l'État pour les fonctions légales et gouvernementales, et en tant que ministère de la Défense nationale (MoD) pour les fonctions diplomatiques, bien que ce dernier rôle soit largement protocolaire. L'APL est soumise au principe de contrôle civil absolu de l'armée par le PCC, incarné par la doctrine célèbre : « le parti commande l'arme » (chinois : 党指挥枪 ; pinyin : Dǎng zhǐhuī qiāng). En ce sens, l'APL n'est pas une armée nationale au sens traditionnel des États-nations, dont l'allégeance va à l'État ou à une constitution, mais plutôt une armée politique, la branche armée du PCC lui-même. C'est pourquoi le président de la Commission militaire centrale est habituellement également le secrétaire général du Parti communiste chinois, assurant une fusion des pouvoirs politiques et militaires. En période d'urgence nationale, la Police armée populaire (PAP) et la milice chinoise agissent comme éléments de réserve et de soutien pour l'APL.

Évolution Stratégique et Représentation Politique

Depuis 1949, la Chine a formulé neuf « orientations stratégiques » militaires distinctes, témoignant d'une adaptation constante aux défis géopolitiques et technologiques. Les plus significatives d'entre elles ont été mises en œuvre en 1956, 1980 et 1993, marquant des virages majeurs dans la doctrine de défense nationale. Sur le plan politique, l'APL est représentée au Congrès national du peuple par 294 députés, tous membres du PCC, soulignant ainsi l'intégration complète des sphères militaire et politique au sein du système chinois.

FAQ sur la Guerre Civile Chinoise et l'APL

Quelles étaient les principales factions impliquées dans la guerre civile chinoise ?
La guerre civile chinoise opposait principalement le Kuomintang (KMT), le parti nationaliste dirigé par Tchang Kaï-chek, représentant le gouvernement de la République de Chine (ROC), aux forces du Parti communiste chinois (PCC), menées par Mao Zedong.
Quand la guerre civile chinoise a-t-elle eu lieu et pourquoi a-t-elle été interrompue ?
Le conflit a débuté de manière intermittente après août 1927. Il a été suspendu entre 1937 et 1945 pour permettre aux deux factions de former un deuxième front uni et de combattre l'invasion japonaise de la Chine, avant de reprendre de 1945 à 1949.
Quel a été le résultat final de la guerre civile chinoise ?
Le Parti communiste chinois a remporté la guerre, prenant le contrôle de la Chine continentale et établissant la République populaire de Chine (RPC) en 1949. Les dirigeants du Kuomintang se sont retirés sur l'île de Taiwan, où ils ont maintenu la République de Chine (ROC).
La guerre civile chinoise s'est-elle officiellement terminée par un traité de paix ?
Non, il n'y a jamais eu d'armistice ou de traité de paix officiel signé. Un cessez-le-feu tacite a été observé à partir de 1979, mais l'impasse politique et militaire entre la Chine continentale (RPC) et Taiwan (ROC) persiste, chacune revendiquant la légitimité sur l'ensemble de la Chine.
Qu'est-ce que l'Armée Populaire de Libération (APL) ?
L'APL est la principale force militaire de la République populaire de Chine et est intrinsèquement la branche armée du Parti communiste chinois (PCC). C'est la plus grande force militaire du monde en termes d'effectifs.
Quand l'APL a-t-elle été fondée et quelles sont ses principales branches ?
Ses origines remontent au 1er août 1927 (Soulèvement de Nanchang), sous le nom d'Armée rouge chinoise. Elle fut reconstituée sous le nom d'APL le 10 octobre 1947. Ses cinq branches de service sont la Force terrestre, la Marine, l'Armée de l'air, la Force des fusées et la Force de soutien stratégique.
Que signifie la doctrine "le parti commande l'arme" pour l'APL ?
Cette doctrine (Dǎng zhǐhuī qiāng) signifie que l'allégeance de l'APL est avant tout au Parti communiste chinois et non à l'État ou à une constitution nationale. L'APL est une armée politique, garantissant le contrôle absolu du PCC sur les forces armées du pays.
Qui dirige l'Armée Populaire de Libération ?
L'APL est dirigée par la Commission militaire centrale (CMC), dont le président est le commandant en chef. Traditionnellement, le président de la CMC est également le secrétaire général du Parti communiste chinois, consolidant ainsi le pouvoir politique et militaire.