L'histoire de l'Angleterre au XVe siècle est profondément marquée par une série de conflits dynastiques connus aujourd'hui sous le nom de Guerres des Deux-Roses. Ces affrontements, qui ont secoué le royaume de 1455 à 1487, étaient à l'époque et pendant plus d'un siècle après, désignés simplement comme des "guerres civiles". Elles opposaient les partisans de deux branches cadettes rivales de la prestigieuse Maison royale des Plantagenêt : la Maison de Lancastre, symbolisée par une rose rouge, et la Maison d'York, arborant une rose blanche. L'enjeu était le contrôle du trône d'Angleterre, une lutte acharnée qui a finalement éteint les lignées masculines de ces deux dynasties, ouvrant la voie à l'avènement de la Maison Tudor. En effet, l'héritage lancastrien fut finalement revendiqué par Henri Tudor, qui, après avoir pris le pouvoir, unit les Maisons de Tudor et d'York par son mariage avec Élisabeth d'York, consolidant ainsi une nouvelle dynastie royale et résolvant les revendications rivales qui avaient déchiré le pays pendant des décennies.
Les racines de ce conflit complexe plongent dans le sillage de la défaite anglaise lors de la Guerre de Cent Ans et des troubles socio-économiques qui en découlèrent. Ces événements eurent pour effet d'affaiblir considérablement le prestige de la monarchie anglaise, exposant au grand jour les problèmes structurels inhérents à la "féodalité bâtarde" – un système où les puissants seigneurs pouvaient lever leurs propres armées et exercer une influence démesurée – ainsi qu'aux grands duchés créés par Édouard III. À cela s'ajoutait la fragilité du règne d'Henri VI, dont l'infirmité mentale et la faiblesse de caractère ravivèrent l'intérêt pour la revendication yorkiste au trône, incarnée par Richard d'York, duc d'York. Les historiens débattent encore aujourd'hui de l'importance relative de chacun de ces facteurs comme principal catalyseur des guerres, soulignant la multifactorialité de leurs origines.
Le Déclenchement et les Premières Phases du Conflit
Le début officiel des hostilités est généralement daté de 1455. Cette année-là, Richard d'York réussit à capturer le roi Henri VI au combat, obtenant du Parlement sa nomination en tant que Lord Protecteur du royaume, une position qui instaura une paix précaire. Cependant, les combats reprirent de plus belle quatre ans plus tard. Les forces yorkistes, brillamment menées par le puissant Richard Neville, comte de Warwick – surnommé « le Faiseur de rois » en raison de son influence décisive sur les successions royales – reprirent une nouvelle fois Henri VI. Mais le destin fut cruel pour Richard d'York, qui trouva la mort en 1460. Sa disparition ne marqua pas la fin de la cause yorkiste, puisque son fils, Édouard IV, reprit la revendication au trône avec détermination. Malgré la perte de la garde d'Henri VI l'année suivante, les Yorkistes infligèrent une défaite décisive à l'armée lancastrienne lors de la sanglante bataille de Towton. Fort de cette victoire écrasante, Édouard fut couronné roi trois mois plus tard, en juin 1461, marquant un tournant majeur. Bien que la résistance au règne d'Édouard persista encore quelques années, elle fut finalement vaincue en 1464, inaugurant une période de paix relative pour l'Angleterre.
Revirements et la Fin du Règne d'Édouard IV
La stabilité fut toutefois de courte durée. En 1469, le « Faiseur de rois » Warwick, insatisfait des politiques étrangères du monarque et de son choix matrimonial, retira son soutien à Édouard et fit volte-face pour rallier la cause lancastrienne. Ce revirement spectaculaire relança les hostilités de manière virulente. Édouard fut brièvement déposé et contraint de fuir en Flandre l'année suivante, tandis qu'Henri VI était réinstallé sur le trône, bien que son règne restauré fut de très courte durée. Les Lancastriens subirent des défaites décisives lors de batailles cruciales où Warwick et l'héritier d'Henri furent tués. Henri VI fut alors réemprisonné, et une grande partie de la noblesse lancastrienne fut soit tuée, exécutée, soit contrainte à l'exil. Peu de temps après, Édouard IV réussit à reprendre le trône. Henri VI, affaibli et privé de tout soutien, mourut peu après, probablement assassiné sur ordre d'Édouard, mettant fin à la lignée lancastrienne directe. Édouard régna alors sans opposition notable, et l'Angleterre connut une période de paix relative qui dura jusqu'à sa mort en 1483, douze ans plus tard.
L'Émergence des Tudor et la Fin Définitive des Guerres
À la mort d'Édouard IV, son fils, alors âgé de douze ans, régna symboliquement sous le nom d'Édouard V pendant seulement 78 jours avant d'être déposé par son oncle, Richard III. L'accession de Richard au trône fut entachée d'une vive controverse, notamment en raison de la disparition mystérieuse des deux jeunes fils d'Édouard IV, connus sous le nom de "Princes dans la Tour". Cet événement choquant déclencha une révolte majeure, bien que de courte durée, et provoqua une vague de défections parmi d'éminents Yorkistes qui rejoignirent la cause lancastrienne. C'est au milieu de ce chaos et de cette incertitude que Henri Tudor, fils du demi-frère d'Henri VI et donc héritier de la revendication lancastrienne, fit un retour audacieux d'exil, à la tête d'une armée composée de troupes anglaises, françaises et bretonnes. En 1485, lors de la célèbre bataille de Bosworth Field, Henri vainquit et tua Richard III, s'emparant ainsi du trône sous le nom d'Henri VII. Pour sceller la paix et unir définitivement les revendications rivales, Henri épousa Élisabeth d'York, la fille aînée et unique héritière d'Édouard IV, symbolisant la fusion des roses rouge et blanche dans la rose Tudor.
Les Guerres des Roses connurent leurs derniers soubresauts avec l'apparition de deux imposteurs qui tentèrent de contester le règne d'Henri VII. En 1487, le comte de Lincoln présenta Lambert Simnel comme étant Édouard Plantagenêt, un potentiel prétendant au trône. L'armée de Lincoln fut vaincue et Lincoln lui-même fut tué à la bataille de Stoke Field, marquant la fin effective des guerres. Henri VII ne fut ensuite confronté à aucune autre menace militaire interne sérieuse contre son règne, bien qu'en 1490, Perkin Warbeck prétendit être Richard de Shrewsbury, le deuxième fils d'Édouard IV et un autre prétendant au trône. Warbeck fut exécuté avant qu'une rébellion majeure ne puisse être lancée, consolidant ainsi la position des Tudor. La Maison Tudor, issue de ces conflits, gouverna l'Angleterre jusqu'en 1603, son règne étant caractérisé par un renforcement considérable du prestige et de la puissance de la monarchie anglaise, notamment sous Henri VIII et Élisabeth Ire. Cette période marqua également la fin de l'époque médiévale en Angleterre et l'aube de la Renaissance anglaise, transformant profondément la nation. Comme l'a si bien soutenu l'historien John Guy, « l'Angleterre était économiquement plus saine, plus expansive et plus optimiste sous les Tudors » qu'à tout autre moment depuis l'occupation romaine, témoignant de l'impact durable de cette nouvelle ère de stabilité.
La Bataille de Towton : Le Jour le Plus Sanglant
Parmi les nombreux affrontements des Guerres des Roses, la Bataille de Towton se distingue par son ampleur et sa brutalité exceptionnelles. Elle s'est déroulée le 29 mars 1461, près du village de Towton, dans ce qui est aujourd'hui le North Yorkshire. Cette bataille détient la sombre distinction d'être "probablement la plus grande et la plus sanglante jamais menée sur le sol anglais". On estime que pas moins de 50 000 soldats s'y sont affrontés pendant de longues heures, sous une tempête de neige, en ce dimanche des Rameaux. Son issue eut des répercussions immédiates et profondes, entraînant un changement radical de monarques en Angleterre : Édouard IV détrôna Henri VI, établissant ainsi la Maison d'York sur le trône anglais et forçant la Maison de Lancastre sortante, ainsi que ses principaux partisans, à fuir le pays ou à périr.
Contexte et Enjeux de Towton
Le roi sortant d'Angleterre, Henri VI, qui régnait depuis 1422, était un souverain faible, inefficace et mentalement instable. Cette vulnérabilité encouragea la noblesse à comploter pour le contrôler, exacerbant les tensions. La situation s'est détériorée dans les années 1450, dégénérant en une véritable guerre civile entre les fidèles de sa reine, la déterminée Marguerite d'Anjou, et ceux de son cousin, Richard, duc d'York. En 1460, le Parlement anglais avait adopté un acte permettant à York de succéder à Henri en tant que roi. Cependant, la reine refusa catégoriquement d'accepter la déposition de son propre fils, Édouard de Westminster, de son droit légitime au trône. Elle parvint à lever une grande armée de partisans lancastriens qui, rapidement, vainquirent et tuèrent Richard d'York lors de la bataille de Wakefield. Pour les partisans du défunt duc, les Lancastriens avaient bafoué un accord légal inscrit dans un acte parlementaire de succession. C'est pourquoi le fils et héritier de Richard d'York, Édouard, trouva suffisamment de soutien pour dénoncer Henri VI et se déclarer lui-même roi. La bataille de Towton devint alors l'épreuve de force ultime, destinée à affirmer le droit du vainqueur à régner sur l'Angleterre par la seule force des armes.
Le Déroulement de la Bataille et ses Conséquences
En atteignant le champ de bataille, les forces yorkistes se trouvèrent initialement en nette infériorité numérique, une partie de leur contingent sous le duc de Norfolk n'étant pas encore arrivée. Cependant, le chef yorkiste, Lord Fauconberg, fit basculer le cours des événements grâce à une tactique ingénieuse : il ordonna à ses archers de tirer avantage du vent violent pour distancer leurs ennemis. Cet échange de missiles unilatéral, où les flèches lancastriennes tombaient en deçà des rangs yorkistes tandis que celles des Yorkistes frappaient impunément, poussa les Lancastriens à abandonner leurs positions défensives, désorganisant leurs lignes. Le corps à corps qui s'ensuivit fut d'une violence inouïe et dura des heures, épuisant les combattants des deux camps. L'arrivée opportune des hommes de Norfolk revigora les Yorkistes qui, encouragés par la présence et l'exemple d'Édouard, mirent finalement en déroute leurs ennemis. La fuite des Lancastriens se transforma en un véritable massacre ; beaucoup furent piétinés dans la panique, d'autres se noyèrent dans les rivières qui, selon les témoignages de l'époque, auraient rougi de sang pendant plusieurs jours. De nombreux prisonniers furent également exécutés sur-le-champ.
La puissance de la Maison de Lancastre fut sévèrement réduite à la suite de cette bataille dévastatrice. Henri VI dut fuir le pays, et nombre de ses partisans les plus puissants avaient soit péri, soit étaient contraints à l'exil après cet engagement sanglant, laissant un nouveau roi, Édouard IV, prendre les rênes de l'Angleterre. La mémoire de cette bataille fut si marquante qu'elle fut relatée par les générations suivantes, notamment dans l'adaptation dramatique de William Shakespeare de la vie d'Henri VI, dans sa pièce "Henri VI, partie 3, acte 2, scène 5". En hommage à cet événement historique, la croix de Towton fut érigée sur le champ de bataille en 1929. Des siècles après l'engagement, diverses découvertes archéologiques et des charniers liés à la bataille ont été mis au jour dans la région, témoignant de l'ampleur des pertes humaines et de la violence de ce jour fatidique.
Foire aux Questions (FAQ)
- Qu'étaient les Guerres des Deux-Roses ?
- Les Guerres des Deux-Roses étaient une série de guerres civiles qui ont eu lieu en Angleterre au milieu et à la fin du XVe siècle. Elles opposaient les maisons rivales de Lancastre (rose rouge) et d'York (rose blanche) pour le contrôle du trône anglais.
- Qui étaient les principaux acteurs de ces guerres ?
- Les principaux acteurs étaient les Maisons de Lancastre et d'York, toutes deux branches cadettes de la Maison des Plantagenêt. Des figures clés incluent Henri VI, Marguerite d'Anjou, Richard d'York, Édouard IV, Richard III, Richard Neville (comte de Warwick) et finalement Henri Tudor (Henri VII).
- Comment ces guerres ont-elles obtenu leur nom ?
- À l'époque, elles étaient simplement appelées "guerres civiles". Le nom "Guerres des Deux-Roses" est devenu populaire au XIXe siècle, notamment grâce à Sir Walter Scott, en référence aux emblèmes supposés des factions : une rose rouge pour Lancastre et une rose blanche pour York. Il est important de noter que ces emblèmes n'étaient pas universellement utilisés de cette manière pendant le conflit lui-même.
- Quelles ont été les causes principales des Guerres des Deux-Roses ?
- Les causes étaient multiples : l'affaiblissement de la monarchie après la Guerre de Cent Ans, les problèmes de gouvernance d'Henri VI (faiblesse et instabilité mentale), la puissance excessive des nobles et de leurs armées privées (féodalité bâtarde), et les revendications dynastiques rivales entre les branches de Lancastre et d'York.
- Qui a remporté les Guerres des Deux-Roses ?
- Techniquement, il n'y a pas eu de victoire absolue pour une maison existante, car les lignées masculines de Lancastre et d'York se sont éteintes. Les guerres se sont terminées avec l'accession d'Henri Tudor au trône sous le nom d'Henri VII. Son mariage avec Élisabeth d'York a symboliquement uni les deux maisons et a fondé la nouvelle dynastie des Tudor, mettant fin au conflit.
- Quelle a été l'importance de la Bataille de Towton ?
- La Bataille de Towton, en 1461, fut l'une des batailles les plus grandes et les plus sanglantes de l'histoire anglaise. Elle a été décisive pour l'établissement d'Édouard IV sur le trône d'Angleterre, consolidant temporairement le pouvoir de la Maison d'York et affaiblissant considérablement la Maison de Lancastre.
- Quel a été l'impact des Guerres des Deux-Roses sur l'Angleterre ?
- Les guerres ont provoqué une instabilité politique et sociale majeure, entraînant la mort de nombreux nobles et la destruction économique. Cependant, leur fin a conduit à l'établissement de la puissante dynastie Tudor, qui a restauré l'autorité royale, mis fin au système de la féodalité bâtarde, et jeté les bases de la Renaissance anglaise, marquant un tournant vers une ère de stabilité et de prospérité accrues.
- Comment la dynastie Tudor est-elle arrivée au pouvoir ?
- Henri Tudor, descendant de la Maison de Lancastre par sa mère, a réussi à lever une armée alors qu'il était en exil. Il a débarqué en Angleterre, vaincu et tué le roi Richard III d'York à la bataille de Bosworth Field en 1485. Il est ensuite devenu Henri VII et a épousé Élisabeth d'York, la fille d'Édouard IV, unifiant ainsi les revendications rivales et fondant la dynastie Tudor.

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