Simon Bolivar Buckner , général américain et 30e gouverneur du Kentucky (né en 1823)
Simon Bolivar Buckner (prononcé SY-mən BOL-i-vər BUK-nər), né le 1er avril 1823 et décédé le 8 janvier 1914, fut une figure emblématique de l'histoire américaine, incarnant les complexités et les transitions de son époque. Ce fut un soldat distingué, un général confédéré durant la Guerre de Sécession, et un homme politique influent qui devint le 30e gouverneur du Kentucky, laissant derrière lui un héritage riche et parfois controversé. Sa vie fut une traversée des grands conflits et des débats politiques qui façonnèrent les États-Unis au XIXe siècle.
Les Premiers Pas Militaires et la Guerre Américano-Mexicaine
Diplômé de la prestigieuse Académie militaire des États-Unis à West Point, Simon Bolivar Buckner y fit ses preuves non seulement comme cadet brillant mais aussi comme instructeur respecté, transmettant son savoir aux futures générations d'officiers. Il mit temporairement de côté sa carrière d'enseignant pour servir activement son pays durant la Guerre américano-mexicaine. Ce conflit, qui se déroula de 1846 à 1848, fut un baptême du feu formateur pour Buckner, lui permettant de participer à plusieurs batailles majeures et d'acquérir une précieuse expérience du commandement. En 1855, après une décennie au service de l'armée, il décida de démissionner pour se consacrer à la gestion des importants biens immobiliers de son beau-père à Chicago, dans l'Illinois, marquant une parenthèse civile dans une vie majoritairement militaire. Il revint dans son Kentucky natal en 1857, et au seuil de la Guerre Civile en 1861, le gouverneur Beriah Magoffin le nomma adjudant général de l'État. C'est à ce poste qu'il se retrouva au cœur des tensions grandissantes, s'efforçant de maintenir la délicate politique de neutralité du Kentucky, un État frontalier crucial, face à l'imminence du conflit.
La Guerre Civile Américaine : Le Dilemme du Kentucky et la Reddition de Fort Donelson
Lorsque la neutralité du Kentucky s'avéra intenable et fut finalement violée par les deux camps, Simon Bolivar Buckner fut confronté à un choix déchirant. Loyal à son État et aux convictions sudistes, il déclina une commission offerte par l'Armée de l'Union pour accepter un poste similaire dans l'Armée des États Confédérés, s'engageant ainsi dans la cause du Sud. Son nom est à jamais lié à la bataille de Fort Donelson en février 1862. Face à l'avancée implacable des forces de l'Union dirigées par le général Ulysses S. Grant, Buckner, après le départ de ses supérieurs, fut contraint de demander les termes de la reddition. La réponse de Grant, « aucune condition autre qu'une reddition inconditionnelle et immédiate », est devenue légendaire. Buckner accepta, faisant de lui le premier général confédéré à rendre une armée entière durant la guerre. Cette décision, bien que controversée à l'époque, fut perçue comme un acte de pragmatisme pour épargner la vie de ses hommes. Il passa ensuite cinq mois comme prisonnier de guerre. Après sa libération, il participa à l'invasion manquée du Kentucky sous le commandement du général Braxton Bragg et, vers la fin du conflit, il servit comme chef d'état-major du général Edmund Kirby Smith au sein du Département du Trans-Mississippi, une région vitale pour la Confédération.
Une Carrière Politique Marquante au Kentucky
Dans les années tumultueuses qui suivirent la fin de la Guerre Civile, Simon Bolivar Buckner, loin de se retirer de la vie publique, s'engagea activement en politique, cherchant à contribuer à la reconstruction de son État et du pays. Sa persévérance fut récompensée lorsqu'il fut élu gouverneur du Kentucky en 1887, lors de sa deuxième tentative pour ce poste prestigieux. Son mandat à la tête de l'État fut marqué par une période de profonds changements et de défis sociaux.
Défis et Controverses du Mandat de Gouverneur
L'administration de Buckner fut confrontée à d'importantes turbulences, notamment dans la partie orientale du Kentucky, où des querelles ancestrales éclataient avec une violence particulière. Les célèbres querelles Hatfield-McCoy, symboles des rivalités frontalières et familiales, ainsi que la plus locale et sanglante "Guerre du Comté de Rowan", mirent à l'épreuve l'autorité de l'État et la capacité du gouverneur à maintenir l'ordre public. Mais le scandale le plus retentissant de son mandat fut sans doute la fuite du trésorier d'État, James "Honest Dick" Tate, qui s'évapora avec la somme colossale de 250 000 $ du trésor public, une somme astronomique pour l'époque, ébranlant gravement la confiance des citoyens. Malgré ces défis, Buckner se forgea une réputation de défenseur des intérêts du peuple contre les lobbies, opposant un nombre record de veto à la législation favorisant les "intérêts spéciaux". Lors de la seule session législative de 1888, il exerça plus de veto que les dix gouverneurs précédents réunis, une preuve de sa détermination à préserver l'intégrité de la fonction publique.
Fin de Carrière et Engagement National
Après son mandat de gouverneur, Simon Bolivar Buckner continua à s'engager sur la scène politique, bien que sans le même succès. En 1895, il tenta d'obtenir un siège au Sénat américain, mais cette candidature échoua. L'année suivante, il se joignit au Parti National Démocrate, surnommé les "Démocrates Or" (Gold Democrats). Ce mouvement, dissident du Parti Démocrate principal, défendait une politique d'étalon-or, s'opposant à la proposition du "Free Silver" (monétisation libre de l'argent) qui était la position dominante chez les Démocrates traditionnels et leur candidat, William Jennings Bryan. En 1896, Buckner fut le candidat du Parti National Démocrate à la vice-présidence des États-Unis, aux côtés de l'ancien général de l'Union John M. Palmer. Cette alliance entre un ancien général confédéré et un ancien général de l'Union était un symbole puissant de la réconciliation nationale après la guerre, bien que leur ticket n'ait obtenu qu'un peu plus d'un pour cent des voix. Après cette dernière tentative infructueuse sur la scène nationale, Simon Bolivar Buckner se retira définitivement de la vie politique et s'éteignit le 8 janvier 1914, laissant derrière lui une vie marquée par le service militaire et public, les défis de la guerre et la complexité de la reconstruction d'une nation.
Foire Aux Questions (FAQ)
- Quelle est la signification de la "reddition inconditionnelle" à Fort Donelson ?
- À la bataille de Fort Donelson en 1862, le général confédéré Buckner fut contraint de demander les termes de la reddition. Le général de l'Union, Ulysses S. Grant, répondit par la phrase célèbre « aucune condition autre qu'une reddition inconditionnelle et immédiate », signifiant que les Confédérés n'avaient aucune marge de négociation. Buckner accepta ces termes, faisant de lui le premier général confédéré à rendre une armée entière pendant la guerre.
- Pourquoi Simon Bolivar Buckner a-t-il rejoint les Confédérés malgré la neutralité du Kentucky ?
- En tant qu'adjudant général du Kentucky, Buckner a d'abord tenté de faire respecter la neutralité de l'État. Cependant, lorsque cette neutralité a été violée par les deux camps et que le Kentucky a été contraint de choisir, Buckner, bien que s'étant vu offrir une commission dans l'Armée de l'Union, a opté pour l'Armée des États Confédérés, suivant ses sympathies pour la cause du Sud et la loyauté envers son État d'origine.
- Quels furent les défis majeurs de son mandat de gouverneur du Kentucky ?
- Son mandat fut marqué par des violences internes dans l'est de l'État, notamment la célèbre querelle Hatfield-McCoy et la Guerre du Comté de Rowan. Un scandale financier éclata également lorsque le trésorier de l'État, James "Honest Dick" Tate, s'enfuit avec 250 000 $ du trésor public. Buckner est néanmoins resté célèbre pour son opposition aux "intérêts spéciaux", utilisant son droit de veto de manière record.
- Quel était le rôle des "Démocrates Or" lors de l'élection présidentielle de 1896 ?
- Les "Démocrates Or" (Gold Democrats) étaient une faction dissidente du Parti Démocrate principal en 1896. Ils soutenaient l'étalon-or comme base du système monétaire américain, s'opposant à la position du "Free Silver" (monétisation libre de l'argent) défendue par le candidat démocrate majoritaire, William Jennings Bryan. Simon Bolivar Buckner fut leur candidat à la vice-présidence, symbolisant un appel à la modération et à la réconciliation nationale.