Samuel Richardson , auteur et peintre anglais (né en 1689)
Samuel Richardson, baptisé le 19 août 1689 et décédé le 4 juillet 1761, fut une figure emblématique de la littérature anglaise du XVIIIe siècle, connu à la fois comme un imprimeur prolifique et un romancier novateur. Son œuvre littéraire, caractérisée par l'exploration profonde de la psychologie humaine et l'utilisation pionnière du roman épistolaire, a laissé une empreinte indélébile sur le développement du genre romanesque.
Une Vie Dévouée à l'Encre et au Papier
Le parcours de Samuel Richardson débute loin des feux de la rampe littéraire. Il a entamé sa carrière en tant qu'apprenti chez un imprimeur, un métier qui allait façonner une grande partie de sa vie professionnelle. Cette immersion précoce dans le monde de l'édition lui a conféré une maîtrise technique et une connaissance approfondie de la production de livres. Son assiduité et son talent l'ont conduit à devenir un imprimeur respecté à Londres, où il a géré sa propre entreprise.
Un Imprimeur chevronné
Au fil des décennies, l'atelier de Richardson est devenu un centre névralgique de l'édition londonienne. Il a imprimé près de 500 ouvrages divers, englobant des revues, des magazines, et une multitude de livres. Sa collaboration avec des libraires influents, dont le célèbre Andrew Millar, a renforcé sa position dans le secteur. Parmi ses clients et connaissances figuraient des intellectuels de premier plan tels que le théologien William Law, dont Richardson a imprimé plusieurs ouvrages, et c'est même à la demande de Law qu'il a eu l'occasion d'imprimer les poèmes de John Byrom, illustrant l'étendue de son réseau professionnel et son rôle central dans la diffusion des idées de son temps.
Sa Vie Familiale et ses Défis Personnels
Sur le plan personnel, la vie de Samuel Richardson fut marquée par des joies et des tragédies. Il épousa la fille de son ancien maître imprimeur. De cette union, il eut cinq fils, qu'il eut le chagrin de perdre en bas âge. Après le décès de sa première femme, il se remaria et eut quatre filles qui atteignirent l'âge adulte. Cependant, malgré la richesse de sa descendance féminine, il ne laissa aucun héritier mâle pour reprendre et perpétuer son entreprise d'imprimerie, un fait qui devait sans doute peser sur lui, étant donné l'importance de la transmission dans la société de l'époque.
L'Avènement du Romancier Épistolaire
C'est de manière assez inattendue que Samuel Richardson, à l'âge mûr de 51 ans, se tourne vers l'écriture romanesque. Initialement sollicité pour compiler un recueil de lettres modèles à l'usage des jeunes femmes, il se laissa emporter par l'histoire d'une jeune servante vertueuse, donnant ainsi naissance à son premier roman.
Des Œuvres Pionnières et Influentes
Richardson est principalement célébré pour ses trois grands romans épistolaires, une forme narrative où l'histoire se déroule à travers un échange de lettres, offrant une immersion profonde dans les pensées et les sentiments des personnages. Ce style permettait une exploration inédite de la psychologie et des motivations intimes, marquant une rupture significative avec les formes narratives précédentes.
- Pamela ; ou, Virtue Rewarded (1740) : Ce premier roman fut un succès retentissant et souvent controversé. Il raconte l'histoire d'une jeune femme de chambre qui, après avoir résisté aux avances de son maître, est finalement récompensée par un mariage honorable. Le roman a déclenché des débats passionnés sur la morale, la vertu et la place des femmes dans la société, établissant Richardson comme une voix majeure de son temps.
- Clarissa: Ou l'histoire d'une jeune femme (1748) : Considéré par beaucoup comme son chef-d'œuvre, Clarissa est un roman d'une immense envergure et d'une profondeur psychologique poignante. Il narre le destin tragique d'une jeune femme noble et vertueuse prise au piège par son libertin de ravisseur. L'œuvre explore des thèmes comme le sacrifice, l'honneur, la persévérance morale face à la corruption, et est louée pour sa construction complexe et ses personnages nuancés.
- L'histoire de Sir Charles Grandison (1753) : En réponse aux critiques sur le personnage de Lovelace dans Clarissa et au désir de présenter un modèle masculin idéal, Richardson écrit Sir Charles Grandison. Ce roman dépeint un gentilhomme cultivé, vertueux et moralement exemplaire, offrant une contrepartie masculine à ses héroïnes féminines précédentes et explorant les idéaux de la chevalerie et de la moralité à l'ère des Lumières.
Son Cercle Littéraire et sa Rivalité Notorious
Samuel Richardson a rapidement intégré le cercle des écrivains et des penseurs les plus admirés de son époque. Ses connaissances incluaient des figures emblématiques comme le lexicographe et essayiste Samuel Johnson, la romancière Sarah Fielding (sœur du célèbre Henry Fielding), le médecin et adepte du mysticisme de Boehme, George Cheyne, et le théologien William Law. Cette richesse d'échanges intellectuels a sans aucun doute nourri sa propre pensée et son écriture.
Une rivalité célèbre le liait à Henry Fielding, un autre géant de la littérature anglaise de l'époque. Leurs styles et leurs visions du roman étaient souvent antithétiques, Richardson penchant pour une exploration morale et psychologique profonde à travers le prisme de la vertu, tandis que Fielding privilégiait la satire sociale, l'humour picaresque et une vision plus large de la nature humaine. Cette opposition se manifesta parfois directement, notamment avec la parodie de Pamela par Fielding, intitulée Shamela. Malgré cette rivalité, leurs contributions mutuelles ont enrichi et diversifié le paysage du roman anglais naissant, chacun répondant et influençant les conventions littéraires de l'autre.
L'héritage de Samuel Richardson réside dans sa capacité à avoir donné au roman une nouvelle profondeur émotionnelle et morale, le transformant en un véhicule puissant pour l'exploration de l'âme humaine et des dynamiques sociales de son temps. Son influence fut considérable, ouvrant la voie à de nombreux futurs romanciers en Angleterre et au-delà.
Foire Aux Questions (FAQs)
- Qui était Samuel Richardson ?
- Samuel Richardson (1689-1761) était un écrivain et imprimeur anglais du XVIIIe siècle, considéré comme l'un des pères fondateurs du roman moderne en anglais, notamment grâce à ses romans épistolaires.
- Quels sont ses romans les plus célèbres ?
- Ses trois romans épistolaires majeurs sont Pamela ; ou, Virtue Rewarded (1740), Clarissa: Ou l'histoire d'une jeune femme (1748), et L'histoire de Sir Charles Grandison (1753).
- Qu'est-ce qu'un roman épistolaire ?
- Un roman épistolaire est un roman dont le récit est raconté principalement ou entièrement à travers une série de documents, généralement des lettres, mais aussi des journaux intimes ou des documents officiels. Cette forme permet une exploration profonde des pensées et sentiments intérieurs des personnages.
- Pourquoi Samuel Richardson est-il important dans l'histoire de la littérature ?
- Il est important car il a popularisé le roman épistolaire, a apporté une profondeur psychologique inédite aux personnages et a centré ses récits sur des dilemmes moraux et sociaux, contribuant ainsi à l'évolution du roman en tant que genre sérieux et introspectif.
- Quel était son métier en dehors de l'écriture ?
- Samuel Richardson était un imprimeur et éditeur très respecté à Londres. Il a imprimé des centaines d'ouvrages, y compris des revues, des magazines et des livres pour d'autres auteurs.
- Qui était son principal rival littéraire ?
- Son principal rival littéraire était Henry Fielding. Leurs œuvres se répondaient mutuellement, souvent par le biais de parodies ou de contre-exemples, reflétant des approches très différentes du genre romanesque.
- À quel âge Samuel Richardson a-t-il écrit son premier roman ?
- Il a écrit son premier roman, Pamela, à l'âge de 51 ans, une entrée relativement tardive dans le monde de la fiction romanesque.