Pape Chenouda III d'Alexandrie (décédé en 2012)

Le Pape Chenouda III (en arabe égyptien : [ʃEnuːdæ] ; en copte : ⲡⲁⲡⲁ ⲁⲃⲃⲁ ϯ Papa Abba Šenoude Pimah Šoumt ; en arabe : بابا الإسكندرية شنودة الثالث Bābā al-Iskandarīyah Shinūdah al-thālith), né Nazeer Gayed Roufaiel, fut le 117ème Pape d'Alexandrie et Patriarche du Siège de Saint-Marc. Son existence, marquée par une profonde spiritualité et un leadership éclairé, s'étendit du 3 août 1923 au 17 mars 2012. À la tête de l'Église copte orthodoxe d'Alexandrie, une des plus anciennes églises chrétiennes du monde, il a guidé sa communauté pendant 40 ans, 4 mois et 4 jours, son pontificat ayant débuté le 14 novembre 1971 et s'étant achevé avec son repos.

Un Titre Ancien et Révéré

Le titre officiel du Pape Chenouda III, riche de sens et d'histoire, était "Pape d'Alexandrie et Patriarche de toute l'Afrique sur le saint trône apostolique de saint Marc l'évangéliste, père des pères, berger des bergers, successeur de saint Marc, treizième parmi les apôtres, juge œcuménique, bien-aimé du Christ". Ce titre éloquent témoigne non seulement de l'ancienneté et de l'importance du Siège d'Alexandrie, fondé selon la tradition par Saint Marc lui-même au premier siècle, mais aussi de la position éminente du Pape en tant que chef spirituel de l'Église copte orthodoxe, une communion chrétienne orientale distincte de l'Église catholique romaine. Il était également le président du Saint-Synode de l'Église copte orthodoxe, l'organe décisionnel suprême de l'Église.

De Moine à Patriarche : Un Parcours Spirituel

Le cheminement de Nazeer Gayed Roufaiel vers la papauté fut un parcours de dévotion et d'érudition. Né en Assiout, en Haute-Égypte, il montra très tôt un penchant pour l'étude et la vie spirituelle. Après avoir obtenu un diplôme en histoire à l'Université du Caire et exercé comme enseignant et journaliste, il ressentit l'appel de la vie monastique et entra au monastère de la Vierge Marie (El-Sourian) dans le Wadi El Natrun en 1954, où il fut ordonné moine sous le nom de Père Antonios el-Syriani. En 1958, il fut élevé au sacerdoce. Sa réputation de prédicateur éloquent, d'écrivain prolifique et de théologien perspicace attira l'attention du Pape Cyrille VI, alors figure de proue d'un renouveau spirituel en Égypte. En 1962, le Pape Cyrille VI le nomma Évêque Général pour l'éducation chrétienne et Doyen du Séminaire théologique copte orthodoxe au Caire, un rôle crucial pour la formation des futurs prêtres et théologiens de l'Église. C'est à cette occasion qu'il prit le nom épiscopal de Chenouda, un nom lourd d'histoire dans la tradition copte, en hommage à saint Chenoute l'archimandrite (ayant vécu de 347/348 à 465/466), une figure monastique majeure de l'Égypte ancienne, ainsi qu'à deux papes précédents, Chenouda Ier (859-880) et Chenouda II.

Après le décès du Pape Cyrille VI le 9 mars 1971, un processus de sélection rigoureux et profondément spirituel, alliant prière, jeûne et un vote impliquant les membres du clergé et des laïcs élus, mena à la désignation de Monseigneur Chenouda comme le nouveau Pape. Sa consécration eut lieu le 14 novembre 1971, marquant le début de son long et influent pontificat à la tête d'une Église au destin millénaire.

Un Pontificat de Croissance et de Dialogue

Le pontificat du Pape Chenouda III fut une période de croissance significative et de défis pour l'Église copte orthodoxe. Il fut une figure profondément conservatrice dans sa doctrine théologique et ses pratiques liturgiques, tout en étant largement respecté par la communauté musulmane égyptienne et les dirigeants internationaux pour son rôle en faveur de la coexistence et de la paix. Son leadership fut particulièrement notable dans plusieurs domaines :

• Expansion Mondiale de la Diaspora Copte : L'une des réalisations les plus marquantes de son pontificat fut l'expansion sans précédent de l'Église copte orthodoxe au-delà des frontières égyptiennes, répondant ainsi aux besoins spirituels d'une diaspora grandissante due à l'émigration. Le Pape Chenouda III fit preuve d'une vision pastorale remarquable. Il fut le pionnier de l'établissement de diocèses nord-américains, nommant les premiers évêques pour servir une communauté en pleine expansion. Ce qui ne comptait que quatre paroisses en 1971 aux États-Unis, au Canada et au Mexique, s'est transformé sous son égide en plus de 250 paroisses (dont 214 aux États-Unis, 38 au Canada et une au Mexique) au moment de son décès. Il étendit également cette œuvre en nommant les premiers évêques coptes en Europe, en Australie et en Amérique du Sud, assurant ainsi un encadrement spirituel vital pour les fidèles de la diaspora.
• Défense de la Communauté en Égypte : Dans son pays natal, l'Égypte, il fut un fervent défenseur du bien-être de son peuple et des droits de l'Église, naviguant avec sagesse dans un contexte souvent complexe pour les minorités religieuses. Il œuvra constamment pour l'unité nationale et la coexistence pacifique, cherchant à protéger le patrimoine et l'identité copte au sein de la société égyptienne.
• Engagement Œcuménique : Le Pape Chenouda III était un ardent promoteur de l'œcuménisme et du dialogue interconfessionnel chrétien. Il consacra une part importante de ses écrits, de ses enseignements et de ses actions à diffuser des lignes directrices pour la compréhension mutuelle, la paix, le dialogue sincère et le pardon entre les différentes Églises chrétiennes, cherchant activement le rapprochement théologique et pastoral.

Héritage et "Professeur des Générations"

Au moment de sa mort, le Pape Chenouda III était universellement reconnu comme l'un des grands patriarches de l'ancienne Église d'Alexandrie. Il était un père et un enseignant de l'Église très respecté, un ardent défenseur de la foi orthodoxe et un dirigeant égyptien influent des 20e et 21e siècles. Sa capacité unique à communiquer des concepts théologiques et religieux complexes de manière simple, compréhensible et profondément spirituelle lui valut le titre honorifique de « Professeur des générations ». Ses enseignements, ses homélies et ses nombreux écrits continuent d'inspirer des millions de Coptes et au-delà, assurant sa place éminente dans l'histoire de l'Église et son influence durable sur la spiritualité chrétienne orientale.

FAQ sur le Pape Chenouda III

Qui était le Pape Chenouda III ?

Le Pape Chenouda III, né Nazeer Gayed Roufaiel, fut le 117ème Pape d'Alexandrie et Patriarche du Siège de Saint-Marc, dirigeant l'Église copte orthodoxe d'Alexandrie de 1971 à 2012. Il était un théologien érudit, un leader pastoral et un défenseur de l'œcuménisme, respecté tant par sa propre communauté que par d'autres confessions.

Quand a eu lieu son pontificat ?

Son pontificat a duré 40 ans, 4 mois et 4 jours, du 14 novembre 1971 jusqu'à son décès le 17 mars 2012.

Quelle fut son importance pour la présence mondiale de l'Église copte ?

Il a été un acteur majeur de l'expansion de l'Église copte orthodoxe dans la diaspora. Sous son impulsion, le nombre de paroisses nord-américaines est passé de quatre en 1971 à plus de 250 en 2012, et il a nommé les premiers évêques coptes en Europe, en Australie et en Amérique du Sud, répondant aux besoins spirituels des fidèles émigrés.

Quelle était son approche des relations interconfessionnelles ?

Le Pape Chenouda III était reconnu pour son engagement envers l'œcuménisme et le dialogue interconfessionnel chrétien, cherchant la compréhension et la paix entre les différentes Églises. Il était également respecté au sein de la communauté musulmane d'Égypte pour son rôle dans la promotion de la coexistence pacifique et de l'unité nationale.

Pourquoi a-t-il été appelé « Professeur des générations » ?

Ce titre lui a été attribué en raison de son talent exceptionnel à transmettre des concepts théologiques et religieux complexes d'une manière simple, compréhensible et profondément spirituelle, rendant la foi et la doctrine accessibles à tous les âges et toutes les cultures.

Comment un Pape copte est-il choisi ?

Le processus de sélection d'un Pape copte orthodoxe est une procédure unique qui implique une combinaison de vote (parmi le clergé et des laïcs élus) et de ce qui est considéré comme un choix divin. Après une période de prière et de jeûne, un vote est organisé pour sélectionner trois candidats ayant reçu le plus de voix. Le nom du nouveau Pape est ensuite tiré au sort, traditionnellement par un enfant aux yeux bandés, d'une boîte contenant les noms des trois finalistes, symbolisant ainsi la volonté divine et le caractère sacré de l'élection.