Bettino Craxi , avocat et homme politique italien, 45e Premier ministre italien (né en 1934)

Benedetto "Bettino" Craxi, né le 24 février 1934 et décédé le 19 janvier 2000, fut une figure emblématique de la politique italienne, dont l'ascension et la chute ont marqué de manière indélébile la fin de la Première République. Son parcours, souvent controversé, le positionne comme l'un des hommes politiques les plus influents et puissants de son époque.

Ascension Politique et Présidence du Conseil

Né à Milan, Bettino Craxi a débuté son engagement politique au sein du Parti Socialiste Italien (PSI), dont il devint le secrétaire général en 1976. Sous sa direction, le PSI chercha à moderniser son image et son programme, se démarquant des compromis historiques avec le Parti Communiste Italien et affirmant une identité plus autonome et réformiste.

Sa carrière culmina lorsqu'il fut nommé 45e Président du Conseil des ministres d'Italie, un poste qu'il occupa de 1983 à 1987. Cette période marqua un jalon historique, faisant de lui le premier membre du PSI à diriger un gouvernement italien et le troisième représentant d'un parti socialiste à accéder à cette fonction. Son mandat, le troisième plus long de l'histoire de la République italienne, fut caractérisé par une certaine stabilité gouvernementale, une rareté dans le paysage politique fragmenté de l'époque. Il est largement considéré comme l'un des architectes majeurs et des figures les plus éminentes de la période connue sous le nom de Première République.

Le Socialisme Méditerranéen et la Politique Étrangère

Craxi a cultivé des liens étroits avec de nombreux dirigeants de la gauche européenne, notamment François Mitterrand en France, Felipe González en Espagne, Andreas Papandreou en Grèce et Mário Soares au Portugal. Il s'est imposé comme un représentant clé du "socialisme méditerranéen" ou "socialisme sud-européen", une approche qui mettait l'accent sur une politique étrangère plus affirmée et indépendante.

Ses partisans ont particulièrement loué cette politique étrangère audacieuse. Bettino Craxi n'hésitait pas à prendre des positions qui divergeaient de celles des États-Unis, notamment sur des questions délicates comme la Palestine, la lutte contre le terrorisme et ses relations étroites avec certains gouvernements socialistes arabes. Cette posture lui a valu des affrontements notables sur la scène internationale, renforçant son image de leader non-conformiste.

Le Scandale Mani Pulite et les Accusations de Corruption

La fin de la carrière politique de Bettino Craxi fut malheureusement assombrie par les enquêtes du pool de juges "Mani Pulite" (Mains Propres) de Milan, qui mirent au jour un vaste système de corruption politique et de financement illicite des partis dans les années 1990. Craxi fut personnellement impliqué et finalement condamné pour corruption et pour le financement illicite du PSI.

Face à ces accusations, il a toujours rejeté les allégations de corruption personnelle. Cependant, il a admis publiquement le recours au financement illégal du parti, arguant que cette pratique était une nécessité pour soutenir l'activité politique coûteuse. Il soulignait que le PSI, contrairement aux deux partis majeurs de l'époque – la Démocratie Chrétienne et le Parti Communiste – ne disposait pas des mêmes ressources financières et devait compenser par d'autres moyens pour être compétitif. Cette défense a souvent été perçue comme un aveu des pratiques systémiques de l'époque, sans pour autant dédouaner les acteurs concernés.

Il est intéressant de noter que le gouvernement et le parti de Craxi bénéficiaient également du soutien de Silvio Berlusconi, alors magnat des médias et ami personnel de Craxi, qui deviendra lui-même un futur Président du Conseil.

Un Surnom Éloquent : "Il Cinghialone"

En raison de sa stature physique imposante, Craxi fut souvent surnommé par ses détracteurs "il Cinghialone" (le Grand Sanglier). Ce sobriquet, qui dénotait à la fois une certaine force et une rudesse perçue, lui fut attribué par nul autre que Giulio Andreotti, une figure majeure de la Démocratie Chrétienne, qui fut à la fois son allié de longue date et son rival politique.

Questions Fréquemment Posées (FAQ)

Qui était Bettino Craxi ?

Bettino Craxi était un éminent homme politique italien, leader du Parti Socialiste Italien (PSI) et 45e Président du Conseil des ministres d'Italie de 1983 à 1987. Il fut une figure centrale de la Première République italienne.

Quel rôle a joué Bettino Craxi dans le Parti Socialiste Italien (PSI) ?

Il a été le secrétaire général du PSI de 1976 à 1993, modernisant le parti et le conduisant à diriger le gouvernement pour la première fois sous son ère.

Qu'est-ce que la "Première République" italienne et pourquoi Craxi y était-il important ?

La Première République désigne la période de l'histoire italienne de 1946 à 1992, caractérisée par une forte instabilité gouvernementale et l'hégémonie de la Démocratie Chrétienne. Craxi fut l'un de ses politiciens les plus puissants et durables, son gouvernement étant le troisième plus long de cette période, marquant une tentative de renouvellement politique.

Qu'est-ce que le scandale "Mani Pulite" ?

Mani Pulite (Mains Propres) fut une vaste enquête judiciaire menée en Italie au début des années 1990, révélant un système généralisé de corruption et de financement illicite des partis politiques. Bettino Craxi fut l'une des figures politiques les plus importantes impliquées.

Comment Bettino Craxi a-t-il réagi aux accusations de corruption ?

Il a toujours nié les accusations de corruption personnelle mais a admis le financement illégal du PSI, le justifiant comme une nécessité pour permettre l'activité politique du parti face à la puissance financière de ses rivaux, la Démocratie Chrétienne et les Communistes.

Quelle était la particularité de sa politique étrangère ?

Sa politique étrangère était caractérisée par une forte affirmation de l'autonomie italienne et de son rôle dans le "socialisme méditerranéen". Il a parfois eu des désaccords avec les États-Unis sur des sujets comme la Palestine et le terrorisme, privilégiant des liens avec des gouvernements arabes socialistes.

Pourquoi était-il surnommé "il Cinghialone" ?

Ce surnom, qui signifie "le Grand Sanglier", lui a été donné par ses détracteurs, dont Giulio Andreotti, en référence à sa forte corpulence physique, mais aussi, de manière sous-entendue, à sa détermination et son caractère parfois jugé rude.