Abdelaziz Bouteflika , militaire et homme politique algérien, 5e président de l'Algérie

Abdelaziz Bouteflika, une figure politique algérienne dont le nom résonne avec près de deux décennies de l'histoire contemporaine de l'Algérie, a marqué les esprits par sa longévité au pouvoir et un parcours jalonné d'événements majeurs. Né le 2 mars 1937 et décédé le 17 septembre 2021, il fut le septième président de l'Algérie, occupant cette fonction de 1999 à 2019. Son histoire est celle d'un homme qui a traversé les époques clés de son pays, de la lutte pour l'indépendance à la pacification post-guerre civile, en passant par une carrière diplomatique internationale.

Les Années de Formation et l'Engagement pour l'Indépendance

L'itinéraire d'Abdelaziz Bouteflika débute dans un contexte de forte effervescence nationaliste. Né à Oujda, au Maroc, il rejoint très jeune les rangs du Front de Libération Nationale (FLN), le mouvement politique et militaire qui menait le combat pour l'indépendance de l'Algérie vis-à-vis de la France. Engagé dans l'Armée de Libération Nationale (ALN), la branche armée du FLN, il devient un proche du colonel Houari Boumédiène. Sa participation active à la guerre d'Algérie, qui s'est déroulée de 1954 à 1962, a forgé son identité politique et lui a ouvert les portes des sphères du pouvoir après la proclamation de l'indépendance.

Une Carrière Diplomatique Internationale

Après l'accession de l'Algérie à la souveraineté en 1962, Abdelaziz Bouteflika est rapidement propulsé sur la scène politique et diplomatique. De 1963 à 1979, il occupe le poste stratégique de ministre des Affaires étrangères, une période durant laquelle il s'affirme comme un diplomate de premier plan. Sous sa direction, l'Algérie joue un rôle actif sur la scène internationale, notamment au sein du Mouvement des pays non-alignés, plaidant pour un nouvel ordre économique mondial et soutenant les mouvements de libération nationale. Son influence culmine avec sa présidence de l'Assemblée générale des Nations Unies lors de la session 1974-1975, un mandat prestigieux qui témoigne de son envergure diplomatique et de la stature que l'Algérie avait acquise sur la scène mondiale.

La Traversée du Désert et le Retour en Force

Malgré une carrière prometteuse, Abdelaziz Bouteflika connaît une période de disgrâce. En 1983, il est reconnu coupable de détournement de millions de dinars algériens de fonds d'ambassades, une accusation qui l'éloigne de la vie publique et le contraint à un exil volontaire. Cette "traversée du désert" dure plus d'une décennie. Il faudra attendre la fin des années 1990, et la période particulièrement sombre de la "Décennie noire" marquée par une guerre civile dévastatrice, pour que son nom refasse surface. Perçu alors comme un homme d'expérience, capable de rassembler et de restaurer la paix, il est appelé à la rescousse pour sortir le pays de l'impasse.

La Présidence (1999-2019): De la Pacification à la Contestation

L'Arrivée au Pouvoir et la Fin de la Guerre Civile

En 1999, Abdelaziz Bouteflika est élu président de l'Algérie. Son élection intervient dans un climat politique tendu, marqué par le retrait de la plupart des autres candidats dénonçant des irrégularités, ce qui donne à sa victoire écrasante une dimension particulière. Son objectif prioritaire est de mettre un terme définitif à la guerre civile algérienne. Il reprend et développe l'initiative de son prédécesseur, Liamine Zéroual, en lançant la "Loi sur la Concorde Civile" en 1999, puis la "Charte pour la Paix et la Réconciliation Nationale" en 2005. Ces politiques d'amnistie et de réconciliation ont effectivement contribué à un retour progressif à la paix et à la stabilité dès 2002, marquant un tournant majeur pour le pays.

Longévité et Réformes Constitutionnelles

Fort de ses succès initiaux dans la pacification du pays, Bouteflika est réélu en 2004, 2009 et 2014. Sa longévité au pouvoir est facilitée par une révision de la Constitution en 2008, qui supprime la limitation du nombre de mandats présidentiels. Cette modification lui permet de briguer un troisième, puis un quatrième mandat. Durant ses mandats, il supervise des projets d'infrastructure ambitieux et une période de relative stabilité économique, portée par les revenus pétroliers et gaziers. En 2011, dans le sillage des "Printemps arabes" qui secouent la région, il lève l'état d'urgence en vigueur depuis 1992, cherchant à désamorcer les tensions sociales sans pour autant engager de réformes politiques profondes.

La Maladie et la Crise du Pouvoir

Le quatrième mandat de Bouteflika est marqué par un événement majeur : un accident vasculaire cérébral (AVC) survenu en 2013. Cet AVC a des conséquences profondes sur sa santé, limitant considérablement ses apparitions publiques. Sa dernière apparition en tant que président remonte à 2017. L'opacité autour de son état de santé et l'absence croissante de sa personne dans la vie politique alimentent les spéculations et les critiques, soulevant des interrogations quant à sa capacité réelle à gouverner. Cette situation crée un vide au sommet de l'État et ouvre la voie à de nouvelles formes de contestation.

La Chute et la Démission

L'annonce de sa candidature pour un cinquième mandat en février 2019 provoque une vague d'indignation et déclenche un mouvement de protestation populaire sans précédent, le "Hirak". Des millions d'Algériens descendent dans les rues pendant des mois, réclamant son départ et une refonte complète du système politique. Face à l'ampleur de la mobilisation et à la pression croissante de l'armée, Abdelaziz Bouteflika est contraint de démissionner le 2 avril 2019. Après près de vingt ans à la tête de l'État, il détient le record du plus long mandat présidentiel de l'histoire de l'Algérie indépendante.

L'Après-Présidence et le Décès

Après sa démission, Abdelaziz Bouteflika se retire complètement de la vie publique, menant une existence recluse. Il décède le 17 septembre 2021 à l'âge de 84 ans, un peu plus de deux ans après avoir quitté le pouvoir. Son héritage reste complexe et sujet à débat : salué pour avoir ramené la paix et la stabilité après la "Décennie noire", il est également critiqué pour la consolidation d'un système politique autoritaire, la manipulation constitutionnelle et les allégations de corruption qui ont entaché la fin de son règne.

FAQ sur Abdelaziz Bouteflika

Qui était Abdelaziz Bouteflika ?

Abdelaziz Bouteflika était un homme d'État algérien, président de l'Algérie de 1999 à 2019. Il a également occupé des fonctions diplomatiques importantes, notamment celle de ministre des Affaires étrangères pendant de nombreuses années.

Quel a été son rôle pendant la guerre d'Algérie ?

Il s'est engagé très jeune dans le Front de Libération Nationale (FLN) et a fait partie de l'Armée de Libération Nationale (ALN), la branche armée qui a lutté pour l'indépendance de l'Algérie vis-à-vis de la France.

Quand a-t-il été président de l'Algérie ?

Il a été président de l'Algérie du 27 avril 1999 au 2 avril 2019, soit près de vingt ans, ce qui en fait le chef d'État algérien ayant servi le plus longtemps.

Pourquoi a-t-il démissionné en 2019 ?

Abdelaziz Bouteflika a démissionné le 2 avril 2019 suite à des mois de manifestations populaires massives (le "Hirak") et à la pression de l'armée, qui contestaient sa candidature à un cinquième mandat présidentiel et réclamaient des réformes politiques profondes.

Quel est son principal héritage ?

Son héritage est double : il est largement crédité d'avoir mis fin à la sanglante guerre civile algérienne grâce aux politiques de Concorde Civile et de Réconciliation Nationale. Cependant, il est également critiqué pour la dérive autoritaire de son régime, les modifications constitutionnelles pour se maintenir au pouvoir, la stagnation politique et les affaires de corruption durant la fin de ses mandats.