Après avoir envahi les États pontificaux une semaine plus tôt, l'armée italienne assiège Rome, entrant dans la ville le lendemain, après quoi le pape s'est décrit comme prisonnier au Vatican.

Les États pontificaux, également connus sous diverses appellations historiques telles que le Stato Pontificio en italien, le Stato della Chiesa (l'État de l'Église), ou encore le Status Ecclesiasticus en latin et la Dicio Pontificia, furent une entité politique et territoriale singulière au cœur de la péninsule italienne. Ces territoires se distinguèrent par le fait qu'ils étaient placés sous la souveraineté directe et temporelle du Pape, une situation qui perdura de l'an 756 jusqu'en 1870. Durant une grande partie de cette période, ils comptèrent parmi les États les plus influents d'Italie, façonnant la géopolitique régionale du VIIIe siècle jusqu'aux bouleversements de l'unification italienne, qui s'étendit de 1859 à 1870.

Des Origines Anciennes à l'Apogée de la Renaissance

L'émergence des États pontificaux est inextricablement liée à l'expansion du christianisme à travers l'Italie et, par conséquent, à l'influence grandissante de l'Église chrétienne. Au milieu du VIIIe siècle, alors que le pouvoir de l'Empire byzantin en Italie commençait à décliner, la papauté sut habilement consolider son autorité, s'affirmant de fait comme une puissance souveraine. Cette ascendance fut renforcée par des donations de terres significatives de la part de plusieurs souverains chrétiens, parmi lesquels figurent les illustres rois francs Charlemagne et Pépin le Bref. Ces octrois de territoires jetèrent les bases d'un domaine temporel qui allait se développer au fil des siècles.

La période de la Renaissance fut particulièrement faste pour les États pontificaux. Leur territoire connut une expansion considérable, faisant du Pape non seulement le chef spirituel de l'Église catholique, mais aussi l'un des dirigeants séculiers les plus puissants de la péninsule italienne. À leur zénith, ces possessions s'étendaient sur une grande partie des régions qui correspondent aujourd'hui au Latium (englobant la ville de Rome), aux Marches, à l'Umbrie et à la Romagne, ainsi que sur certaines parties de l'Émilie. Ces vastes domaines étaient perçus comme une manifestation concrète du pouvoir temporel du Pape, un concept distinct de sa primauté ecclésiastique, qui relève de son autorité spirituelle sur l'Église universelle. Il s'agissait de l'affirmation d'une souveraineté terrestre, au-delà de la sphère purement religieuse.

Le Déclin Face à l'Unification Italienne

Le XIXe siècle apporta son lot de changements radicaux avec la montée du nationalisme en Italie, animant le désir ardent d'unifier la péninsule sous une seule bannière. Les États pontificaux se dressaient malheureusement comme un obstacle majeur à cette ambition, coupant littéralement l'Italie en deux et incluant Rome, l'ancienne capitale symbolique et historique. En 1861, une étape décisive fut franchie lorsque le nouveau Royaume d'Italie parvint à conquérir une grande partie de ces territoires historiques, ne laissant sous le contrôle temporel du Pape que le Latium, avec Rome en son cœur.

La situation atteignit son point culminant en 1870. Alors que les forces italiennes avançaient vers Rome, le Pape perdit finalement le Latium et, par extension, la capitale éternelle. Soudainement, le Saint-Siège se retrouva sans aucune emprise territoriale physique significative, à l'exception notoire de la basilique Saint-Pierre, de la résidence papale et des bâtiments adjacents autour du quartier du Vatican à Rome. Il est crucial de noter que le jeune État italien, malgré son annexion du Latium, choisit de ne pas occuper militairement ces derniers vestiges de l'autorité papale. C'était le début d'une période de tension et de non-reconnaissance mutuelle qui allait marquer l'histoire de l'Église et de l'Italie pour des décennies.

La « Question Romaine » et le « Prisonnier du Vatican »

La période allant de la prise de Rome par les forces armées du Royaume d'Italie le 20 septembre 1870 jusqu'à la signature des Accords du Latran le 11 février 1929 est désignée sous l'expression emblématique de « Prisonnier du Vatican » (en italien : Prigioniero nel Vaticano ; en latin : Captivus Vaticani). Ce terme décrivait la situation délicate et sans précédent du Pape face au nouvel État italien.

Dans le cadre du processus d'unification italienne, la conquête de Rome mit un terme au règne temporel millénaire des papes sur l'Italie centrale et permit à Rome d'être enfin désignée capitale de la nouvelle nation. Les Italiens, tout en annexant la ville, ne s'emparèrent pas des territoires situés sur la colline du Vatican, délimités par les antiques murs léonins. Ils proposèrent même la création d'une cité-État dans cette zone restreinte. Cependant, les papes successifs, de Pie IX à Pie XI, rejetèrent catégoriquement cette proposition, refusant toute reconnaissance de l'autorité italienne sur Rome et se considérant eux-mêmes comme des « prisonniers » du nouvel État. Ce refus était une manière de protester contre ce qu'ils considéraient comme une usurpation de leurs droits souverains.

Les États pontificaux avaient pu repousser les tentatives de conquête précédentes, notamment grâce à l'influence diplomatique considérable du Pape sur les dirigeants des grandes puissances européennes, telles que la France et l'Autriche. Mais en 1870, le contexte international avait changé. Lorsque les troupes italiennes entrèrent dans Rome, le gouvernement italien avait initialement l'intention de laisser au Pape la partie de Rome située sur la colline du Vatican, à l'ouest du Tibre – une zone connue sous le nom de Cité léonine, en référence à ses murs édifiés par le Pape Léon IV. Il s'agissait de constituer un petit État pontifical résiduel, mais Pie IX refusa fermement cette concession.

Une semaine seulement après leur entrée dans la ville, les troupes italiennes avaient pris le contrôle de toute Rome, à l'exception des territoires de la colline du Vatican. Les habitants de Rome furent alors appelés à voter pour leur rattachement à l'Italie – y compris ceux résidant au Vatican, qui furent autorisés à voter en dehors des murs léonins. Pendant les cinquante-neuf années qui suivirent, les papes choisirent de ne pas quitter l'enceinte du Vatican. Cette décision stratégique visait à éviter toute apparence d'acceptation de l'autorité exercée par le gouvernement italien sur l'ensemble de Rome. Durant cette période, les papes s'abstinrent également de se montrer sur la place Saint-Pierre ou au balcon de la basilique qui lui fait face. Les bénédictions Urbi et Orbi furent accordées depuis un balcon donnant sur une cour intérieure ou depuis l'intérieur même de la basilique, et les couronnements papaux eurent lieu dans l'intimité de la chapelle Sixtine. Cette période d'impasse et de rupture symbolique prit fin en 1929, avec la signature des Accords du Latran.

La Résolution : Les Accords du Latran et la Cité du Vatican

La longue « Question Romaine », cette période de tension entre l'Italie unifiée et le Saint-Siège, fut finalement résolue en 1929. C'est le dirigeant fasciste italien de l'époque, Benito Mussolini, chef du gouvernement italien, qui initia et mena les négociations avec le Saint-Siège. Ces discussions aboutirent à la signature des Accords du Latran (ou Traité du Latran), un document historique signé par les deux parties le 11 février 1929.

Ce traité reconnaissait officiellement la souveraineté du Saint-Siège sur une entité territoriale internationale nouvellement créée : un État-cité minuscule au sein de Rome. Ce territoire, symbolique par sa taille mais immense par sa signification, devint l'actuelle Cité du Vatican. Il mit fin à près de six décennies de bras de fer, marquant la naissance du plus petit État indépendant du monde et établissant un modus vivendi entre l'Église catholique et l'État italien, un accord qui perdure encore aujourd'hui.

Foire Aux Questions (FAQ)

Qu'étaient exactement les États pontificaux ?
Les États pontificaux étaient une série de territoires situés dans la péninsule italienne qui furent sous la domination souveraine directe du Pape de 756 à 1870. Ils constituaient une entité politique importante et la manifestation du pouvoir temporel de la papauté.
Quand les États pontificaux ont-ils cessé d'exister ?
Ils ont cessé d'exister en tant qu'entité territoriale majeure entre 1859 et 1870, lorsque la plupart de leurs territoires furent conquis par le Royaume d'Italie lors du processus d'unification. La perte de Rome en 1870 marqua la fin de leur existence en tant qu'État souverain.
Qui étaient les « Prisonniers du Vatican » ?
L'expression « Prisonniers du Vatican » (ou « Prisonnier au Vatican ») décrit les Papes de Pie IX à Pie XI, qui se sont auto-proclamés ainsi après la prise de Rome par l'Italie en 1870. Ils refusaient de reconnaître la légitimité du nouveau Royaume d'Italie sur Rome et s'abstenaient de quitter les murs du Vatican pour ne pas légitimer cette annexion.
Qu'est-ce que la Question Romaine ?
La Question Romaine fut la dispute politique et ecclésiastique qui opposa le Saint-Siège et l'Italie nouvellement unifiée de 1870 à 1929. Elle portait sur la souveraineté territoriale du Pape et le statut de Rome, la papauté refusant de reconnaître la perte de ses États et sa nouvelle position.
Comment la Question Romaine a-t-elle été résolue ?
La Question Romaine fut résolue par la signature des Accords du Latran le 11 février 1929, entre le Royaume d'Italie (représenté par Benito Mussolini) et le Saint-Siège. Ce traité créa l'État indépendant de la Cité du Vatican, reconnaissant ainsi la souveraineté temporelle du Pape sur ce petit territoire et établissant des relations diplomatiques entre l'Italie et le Saint-Siège.
Quelle était la différence entre le pouvoir temporel et la primauté ecclésiastique du Pape ?
La primauté ecclésiastique fait référence à l'autorité spirituelle et religieuse du Pape en tant que chef de l'Église catholique universelle. Le pouvoir temporel, en revanche, désigne son autorité politique et sa souveraineté sur des territoires physiques, comme ce fut le cas avec les États pontificaux. C'est l'exercice d'un pouvoir de type étatique, distinct de sa mission spirituelle.