Nichiren : Un Prêtre Visionnaire de l'Ère de Kamakura

Nichiren (日蓮, 6 avril 1222 – 13 octobre 1282) fut un moine bouddhiste et philosophe japonais dont l'influence a profondément marqué l'histoire religieuse et culturelle du Japon. Né durant la tumultueuse période de Kamakura, une époque caractérisée par des bouleversements sociaux, politiques et des calamités naturelles, Nichiren a développé une vision singulière du bouddhisme, qu'il considérait comme la seule voie authentique pour le salut individuel et la stabilité de la nation. Il était convaincu que le souverain du Japon et son peuple devaient soutenir exclusivement cette forme de bouddhisme, basée sur le Sūtra du Lotus, et que l'adoption de ses enseignements mènerait à l'éradication des maux de la société et à l'instauration d'une ère de paix.

Le Cœur de la Doctrine : Le Sūtra du Lotus et le Daimoku

Au centre de la doctrine de Nichiren se trouve le Sūtra du Lotus (妙法蓮華經, Myōhō Renge Kyō en japonais), qu'il considérait comme la vérité ultime du bouddhisme et l'enseignement le plus élevé du Bouddha Shakyamuni. Il a ardemment préconisé la récitation répétée de son titre, sous la forme du mantra Namu Myōhō Renge Kyō, comme le chemin exclusif et le plus direct vers la bouddhéité. Pour Nichiren, le Bouddha Shakyamuni lui-même et toutes les autres divinités bouddhistes n'étaient que des manifestations extraordinaires d'une nature de Bouddha universelle et inhérente, qu'il appelait "Myōhō-Renge" (la Loi Mystique du Lotus). Cette nature intrinsèque, selon lui, est accessible à tous les êtres, sans distinction ni entrave, en cette vie même.

Nichiren a également insisté sur l'importance de la propagation active de ces enseignements. Il a déclaré que les croyants du Sūtra du Lotus devaient le diffuser avec courage et détermination, même sous la menace de la persécution, un destin qu'il a lui-même souvent connu au cours de sa vie, se voyant exilé et menacé.

Une Vie de Conviction et un Héritage Littéraire

La personnalité fervente de Nichiren, son parcours spirituel et l'évolution de ses convictions sont principalement documentés à travers ses propres écrits volumineux. Ses lettres, traités et sermons constituent une source inestimable pour comprendre sa pensée profonde et l'ardeur de sa mission. Il se considérait comme un bodhisattva venu accomplir une mission prophétique pour l'époque finale du Dharma (Mappō), se référant parfois à lui-même comme une réincarnation du Bodhisattva Vīśiṣṭacāritra (Jōgyō Bosatsu), l'un des bodhisattvas émergeant de la terre dans le Sūtra du Lotus. À la fin de sa vie, il a désigné six disciples seniors, dont les revendications à la succession ont par la suite fait l'objet de discussions et de contestations, menant à la formation de différentes lignées au sein du bouddhisme Nichiren.

Après sa disparition, la reconnaissance de Nichiren a traversé les siècles, témoignant de l'impact durable de sa vision. Il a été honoré du titre de Nichiren Dai-Bosatsu (日蓮大菩薩, Grand Bodhisattva Nichiren) par l'Empereur Go-Kōgon en 1358. Plus tard, en 1922, un édit impérial de l'Empereur Taishō lui a conféré à titre posthume le titre de Risshō Daishi (立正大師, Grand Maître de Correction), soulignant l'importance historique et spirituelle de son œuvre pour la nation japonaise.

Le Bouddhisme Nichiren Aujourd'hui : Une Pluralité de Voies

Aujourd'hui, le bouddhisme Nichiren englobe une grande diversité d'écoles et de mouvements, chacun perpétuant son héritage à sa manière. On y trouve des écoles de temple traditionnelles, comme les sectes Nichiren-shū et Nichiren Shōshū, ainsi que des mouvements laïcs dynamiques et d'envergure mondiale tels que la Soka Gakkai, Risshō Kōsei Kai, Reiyūkai, Kenshōkai, Honmon Butsuryū-shū, Kempon Hokke, et Shōshinkai, parmi bien d'autres. Chaque groupe, tout en vénérant Nichiren et le Sūtra du Lotus, propose des points de vue et des interprétations nuancées de ses enseignements. Les revendications concernant l'identité même de Nichiren varient considérablement, allant de la croyance qu'il était la réincarnation du Bodhisattva Vīśiṣṭacāritra (Jōgyō Bosatsu) à celle qu'il fut le Bouddha Primordial ou "Vrai Bouddha" (本仏, Honbutsu) du Troisième Âge du Bouddhisme, ou Âge du Dharma final (Mappō), une ère où le Bouddha Shakyamuni ne pouvait plus guider efficacement les êtres.

Comprendre le Daimoku : Namu Myōhō Renge Kyō

Le Namu Myōhō Renge Kyō (南無妙法蓮華経) est une phrase japonaise sacrée, omniprésente dans toutes les formes du bouddhisme de Nichiren. Ces mots sont la pierre angulaire de la pratique quotidienne pour des millions de fidèles à travers le monde, constituant une expression directe de la foi et de l'engagement spirituel.

Origine et Signification

En français, le Daimoku se traduit généralement par « Dévotion à la Loi Mystique du Sūtra du Lotus » ou « Gloire au Dharma du Sūtra du Lotus ». Les mots « Myōhō Renge Kyō » font directement référence au titre japonais du Sūtra du Lotus (妙法蓮華經), que Nichiren considérait comme l'expression ultime de la vérité universelle du Bouddha. L'expression entière est appelée Daimoku (題目), ou, sous sa forme honorifique, O-daimoku (お題目), signifiant littéralement « le titre » ou « la bannière de la loi ». Le mot « Namu » qui précède est une translittération du sanskrit « Namas » et exprime une dévotion profonde, un hommage ou un salut.

Ce mantra a été déclaré publiquement pour la première fois par Nichiren lui-même le 28 avril 1253. L'événement historique a eu lieu au sommet du mont Kiyosumi, un site désormais commémoré par le temple Seichō-ji à Kamogawa, dans la préfecture de Chiba, au Japon. C'est à ce moment précis que Nichiren a inauguré sa nouvelle forme de bouddhisme, centré sur le Sūtra du Lotus et la pratique du Daimoku, marquant le début d'un mouvement qui allait transformer le paysage religieux japonais.

La Pratique du Shōdai et ses Objectifs

La pratique consistant à réciter ce mantra de manière prolongée et rythmique est appelée Shōdai (唱題). Pour les croyants traditionnels, le but profond du Shōdai est de réduire la souffrance existentielle en éradiquant le karma négatif accumulé au cours des vies passées et présentes. En purifiant ce karma, les pratiquants visent à atténuer les punitions karmiques et, ultimement, à atteindre l'éveil parfait et complet (la bouddhéité) en cette vie même, manifestant ainsi leur nature de Bouddha inhérente. Le Shōdai est vu comme un moyen direct de se connecter à la Loi Mystique et de révéler la sagesse, le courage et la compassion innés en chaque individu.

Foire Aux Questions (FAQ) sur Nichiren et sa Doctrine

Qui était Nichiren ?

Nichiren (1222-1282) était un prêtre et philosophe bouddhiste japonais de la période de Kamakura. Il est le fondateur du bouddhisme Nichiren et est connu pour avoir promu le Sūtra du Lotus comme l'enseignement bouddhiste suprême, insistant sur la récitation du mantra Namu Myōhō Renge Kyō pour atteindre l'éveil.

Quel est l'enseignement central du bouddhisme Nichiren ?

L'enseignement central est que le Sūtra du Lotus contient la vérité ultime pour atteindre la bouddhéité en cette vie, en manifestant sa nature de Bouddha inhérente. La pratique principale est la récitation dévotionnelle du mantra Namu Myōhō Renge Kyō (le Daimoku), considéré comme l'essence de la Loi Mystique.

Que signifie « Namu Myōhō Renge Kyō » ?

Traduit généralement par « Dévotion à la Loi Mystique du Sūtra du Lotus » ou « Gloire au Dharma du Sūtra du Lotus ». C'est le titre japonais du Sūtra du Lotus, précédé du mot « Namu » (dévotion à), et il est le mantra fondamental du bouddhisme de Nichiren, encapsulant son enseignement.

Pourquoi Nichiren a-t-il affirmé que sa forme de bouddhisme était la seule ?

Dans le contexte des troubles de la période de Kamakura, Nichiren était profondément convaincu que seule l'adoption des enseignements du Sūtra du Lotus et la pratique du Daimoku pouvaient apporter la paix et la stabilité à la nation et à ses habitants. Il considérait le Sūtra du Lotus comme l'enseignement définitif et exclusif du Bouddha Shakyamuni pour l'époque présente (Mappō) et que d'autres écoles ne parvenaient pas à cela.

Les différents groupes bouddhistes Nichiren sont-ils identiques ?

Non, il existe de nombreuses écoles et mouvements au sein du bouddhisme Nichiren, tant traditionnels (comme Nichiren-shū, Nichiren Shōshū) que laïcs (comme Soka Gakkai). Bien qu'ils partagent une révérence pour Nichiren et le Sūtra du Lotus, ils peuvent avoir des interprétations différentes de ses enseignements, de ses rituels, de l'identité de Nichiren, et des structures organisationnelles.

Quelle est l'importance du Sūtra du Lotus dans le bouddhisme Nichiren ?

Le Sūtra du Lotus est le texte fondamental du bouddhisme Nichiren. Nichiren a affirmé qu'il contenait la vérité ultime et universelle du Bouddha, révélant que tous les êtres, sans exception, peuvent atteindre la bouddhéité. Le Daimoku lui-même est une invocation du titre de ce Sūtra, et réciter le Daimoku revient à embrasser toute la sagesse et la puissance du Sūtra du Lotus.